Un mois après la victoire de la CDU-CSU d’Angela Merkel aux élections du parlement fédéral, des élections anticipées ont eu lieu en Basse-Saxe, le 15 octobre dernier. Ce scrutin marque le début des négociations officielles pour la formation d’un gouvernement entre la CDU-CSU, Die Grüne et le FDP au niveau fédéral.
Les résultats de l’élection du parlement régional le 15 Octobre dernier en Basse-Saxe, deuxième plus grand Land et le quatrième plus peuplé d’Allemagne, témoignent d’un changement d’orientation avec la victoire du SPD. Le parti social-démocrate devient le premier parti du Land face à la CDU historiquement majoritaire. Le SPD avec 36,9% des voix permet au Ministre-président Stéphane Weil, en place depuis 2013, d’être réinvesti à la tête d’une coalition SPD-Die Grüne. Depuis près de 20 ans c’est la CDU conservatrice qui dominait le paysage politique de la région : ce sont les grands perdants de cette élection. De même, le parti Die Grüne passe sous la barre des 10% de voix et le FDP perd également en importance avec 2,4 points de moins qu’aux élections de 2013. L’entrée de l’AfD (Alternative für Deutschland) au parlement confirme l’ancrage de ce parti d’extrême-droite dans le paysage politique.
Une élection régionale aux implications nationales
Ce résultat décevant pour la CDU d’Angela Merkel complique le processus de négociation avec le FDP et Die Grüne qui devrait durer au moins jusqu’à la fin de l’année 2017. En effet la CDU, n’ayant obtenu qu’une majorité relative à l’issue des élections fédérales, doit s’allier avec d’autres partis pour constituer son gouvernement pour les 4 ans à venir. Cependant le SPD, avec qui la CDU formait une grande coalition lors du précédent mandat d’Angela Merkel, ne souhaite pas renouveler cette alliance qui l’a beaucoup affaiblie. Angela Merkel va donc devoir trouver un compromis avec Die Grüne et les libéraux du FDP qui ont des politiques opposés dans de nombreux domaines.
Les élections de Basse-Saxe, qui donnait la CDU gagnante dans les pronostics, complexifient encore les négociations pour Angela Merkel qui apparait affaibli dans un de ses fiefs historiques. Toutefois le FDP et le parti des Verts ne ressortent pas non plus gagnants de ces élections, victimes d’une perte de vitesse. Les résultats de cette élection marquent surtout une perte de confiance dans les partis historiquement présents dans la région et furent principalement un choc à l’échelle de la Base-Saxe. Celui-ci déstabilise l’équilibre de la CDU mais ne devrait finalement avoir que peu d’incidence sur les négociations fédérales en raison de l’égale défaite du FDP et du parti des Verts.
L’AfD continue de gagner des points
L’AfD, parti xénophobe, entre au parlement régional de la Basse-Saxe après une arrivée fracassante au parlement fédéral. Cette nouvelle force politique a fait, selon le parti, un score « décevant » de 6,2% alors que les sondages tablaient sur un score autour des 10%. Beaucoup se sont donc réjouis de ce faible résultat. Cependant l’AfD a dépassé le seuil des 5% nécessaire pour siéger au parlement régional et obtient ainsi neuf sièges alors que ce parti s’oppose notamment aux valeurs de diversité européenne. Le peu de réaction face à cette élection régionale témoigne de la normalisation de cette formation au niveau national et européen. Seules les récentes divisions internes du parti ont réellement déstabilisé sa montée en puissance et permettent d’espérer qu’il ne s’installera pas durablement dans le paysage politique.
Ainsi la complexité des négociations gouvernementales et la montée de l’extrême-droite freinent le nouvel élan européen porté par Emmanuel Macron, Jean-Claude Juncker et Donald Tusk. L’Allemagne, sans gouvernement pour l’instant, ne peut s’engager sur des réformes européennes. De plus, le FDP qui fera partie de la prochaine coalition s’est déjà opposé à de nombreuses propositions et se pose comme défenseur de l’intérêt allemand face à l’Europe « dépensière ».