Peu connues du public, les représentations permanentes font partie des outils de politique extérieure à la disposition des Etats, qu’ils soient membres ou non, dans leurs relations avec l’UE. Agissant comme des ambassades, elles ont pour vocation de mettre en avant et soutenir les intérêts nationaux de leur pays auprès de l’UE. Rencontre avec celles de la France et des Etats-Unis suite à notre voyage à Bruxelles.
Présente depuis le début de l’aventure européenne, elle emploie aujourd’hui environ 200 personnes pour appuyer l’ambassadeur. Réparties entre plusieurs services représentant les différents ministères français, celles-ci ne sont pas des diplomates mais des spécialistes dans des domaines précis. L’ambassadeur est nommé par décret en Conseil des ministres, ainsi que son adjoint, et les équipes sont nommées par leurs administrations respectives. Tous travaillent en coordination avec le Secrétariat général des affaires européennes (SGAE) de qui elles reçoivent leurs instructions et à qui elles envoient des comptes rendus de leurs actions.
Le rôle des spécialistes est de négocier avec les partenaires européens tout le long du processus de décision européen. Ils peuvent donc agir à plusieurs moments et de plusieurs façons. Lors des Conseils européens, ils appuient le travail du président et font les premières négociations en amont. Pendant la préparation du travail législatif, ils effectuent un travail de lobbying auprès de Commission. Puis, à l’étape des négociations au Conseil de l’UE et du Parlement européen, ils négocient avec leurs homologues des autres pays ainsi qu’avec les députés. Le travail des experts est aussi primordial au niveau du COREPER où évoluent les ambassadeurs. Néanmoins, si des problèmes majeurs subsistent, la balle retombe alors dans la cour des ministres nationaux qui négocient entre eux. En dernier recours, c’est en Conseil européen que les problèmes sont abordés. L’équipe du porte-parole (que nous avons rencontrée) a quant à elle plusieurs tâches à sa charge : elle réalise un travail explicatif des négociations auprès des journalistes, promeut le rôle de la France sur les réseaux sociaux, fait de la veille/des revues de presse destinées à l’ambassadeur et aux négociateurs, adresse des notes aux parlementaires français et accueille les lobbys qui visitent les négociateurs ainsi que les groupes de visite.
Lors de notre visite, nous avons échangé sur plusieurs sujets avec le porte-parole et son équipe. Ils ont souligné l’importance pour la France d’agir à l’échelle européenne pour régler les problèmes liés à la crise migratoire et au terrorisme. C’est en effet à Bruxelles que se décidera le futur de l’espace Schengen et que les différentes approches sur les mesures à prendre s’opposent (asile, trafic d’êtres humains, répartition et solidarité dans l’accueil des réfugiés, lutte contre le trafic d’armes, etc.). A ce sujet, la France soutient par exemple une initiative proposant la création d’un corps de garde-frontières opérationnel même en l’absence de demande de soutien d’un Etat en difficulté. D’autres sujets sont également à l’ordre du jour comme l’éventualité d’un sortie du Royaume Uni de l’UE et les atteintes aux principes de l’Etat de droit en Pologne. Enfin, concernant la difficulté ou non de concilier les intérêts français et européens, l’équipe nous a expliqué qu’il était évidemment important de défendre les intérêts français mais que cela ne pouvait se faire au détriment de l’intérêt européen. La France avait par exemple soutenu le maintien de la Grèce dans la zone euro avant d’être suivie par l’Allemagne et la Commission européenne.
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