Le 8 octobre dernier, Grenoble, ville française située dans la région Auvergne-Rhones-Alpes, remportait le titre de Capitale verte européenne, au titre de l’année 2022. Ce label, décerné par la Commission européenne depuis 2008, est décerné aux villes de plus de 100 000 habitants, qui conduisent des politiques particulièrement ambitieuses en termes de protection de l’environnement et de développement durable.
Montrer l’exemple
A partir des années 2000, la Commission européenne constate que le mode de vie des Européens a évolué depuis la création de l’Union. Aujourd’hui, plus des deux tiers vivent dans des villes ou dans des aires urbaines importantes, qui concentrent de grands défis climatiques et écologiques. En 2006, un groupe de 15 villes européennes (Tallinn, Tallinn, Helsinki, Riga, Vilnius, Berlin, Varsovie, Madrid, Ljubljana, Prague, Vienne, Kiel, Kotka, Dartford, Tartu & Glasgow) en partenariat avec l’Association des villes estoniennes, décident de créer un prix récompensant les villes les plus efficaces en matière de protection de l’environnement.
De cette volonté de promouvoir une vision “verte”, est né un Mémorandum qui fixe les modalités d’attribution dudit prix. Ce projet a été entériné par la Commission européenne en 2008, avec comme slogan “ Green cities – fit for life” soit “Villes vertes – douces à vivre”.
A l’heure où le réchauffement climatique s’installe de plus en plus dans nos vies et où la protection de l’environnement devient un sujet de plus en plus urgent, il semblait nécessaire à l’Union européenne de montrer et de féliciter les villes qui mettent ces questions au coeur de leurs préoccupations quotidiennes. “Le progrès est la première récompense, mais la satisfaction de gagner une prestigieuse récompense européenne incite les villes à aller plus loin encore dans leurs efforts. Le prix rend les villes lauréates inspirantes pour d’autres villes, en montrant leurs bonnes pratiques in situ.” explique la Commission.
En 2010, Stockholm (Suède) est la première ville à être récompensée Depuis, chaque année, le prix est remis à une ville de plus de 100 000 habitants remplit des objectifs ambitieux en matière d’écologie, de développement durable et de transition climatique. Parmi les critères de sélection, on note le souhait de réduire le réchauffement climatique et d’adapter nos modes de vie, de développer les transports en commun non polluants ou encore l’efficacité énergétique (isolation, changement des chaudières…) Assorti d’une prime de 350 000 euros, le prix permet donc d’améliorer considérablement la politique écologique de la ville choisie !
Des villes vraiment plus vertes ?
Même si l’on peut aisément saluer la volonté de l’UE de promouvoir des villes plus “vertes”, respectueuses de l’environnement et en faveur du développement durable, on peut toutefois se demander si les villes récompensées sont vraiment des modèles pour le reste de l’Europe.
Si l’on regarde Lisbonne, élue Capitale verte européenne pour l’année 2020, on constate qu’elle a fait de réels progrès, d’autant qu’elle est la capitale d’un pays du sud, qui, s’il s’est largement amélioré, est encore considéré comme “un peu à la traîne”. En 2016, elle était la première capitale européenne à signer la nouvelle convention des maires pour le climat et l’énergie. Sur la période 2002-2014, elle a réduit de 50% ses émissions de CO2 et sa consommation d’énergie a baissé de 23%. Sa lutte contre le gaspillage de l’eau est également à souligner tant elle est devenue une priorité de la cité lisboète. La municipalité a réussi à réduire drastiquement, en les traquant, les fuites d’eau : -46%, soit à 4 millions d’euros économisés ! Ses actions sont simples, mais efficaces. Lisbonne a réparé les robinets et les tourniquets, et a changé les canalisations dans les espaces verts, les cimetières et les services publics.
Les idées ne manquent pas pour « verdire » la ville. D’ici 2023, elle souhaite se doter de 400 bus non polluants, équiper les toits de panneaux solaires – sans pour autant dénaturer les différents quartiers de Lisbonne – ou encore planter 20 000 arbres supplémentaires afin de baisser l’impact carbone.
Dans le cas de Lahti, qui succèdera à Lisbonne en janvier 2021, c’est sa gestion particulièrement efficace des déchets qui a séduit le jury. La ville finlandaise a réussi à mettre en place un système performant de traitement des ordures, ce qui a par conséquent permis de créer une économie circulaire qui fonctionne. Par ailleurs, elle s’est attaquée au problème de pollution de l’air dès 1997, en mettant en place un plan général de réduction drastique des gaz à effet de serre.
Grenoble, qui vient de remporter le prix, a fait valoir ses 320 km de pistes ou aménagements cyclables en plus depuis 2017, ses 5000 arbres plantés depuis 2014 ou encore ses 23 jardins partagés disséminés dans la ville. Tout cela en augmentant radicalement la part de bio et de productions locales dans les cantines scolaires. Elle a également insisté sur sa volonté de posséder un réseau de bus 100% propre d’ici 2022, ce qui favorise un mobilité respectueuse de l’environnement.
Des bénéfices à tous les étages
Durant une année, la ville désignée Capitale verte européenne est placée sous les feux des projecteurs, un atout considérable pour faire parler d’elle et attirer touristes et investisseurs. Bristol par exemple, a reçu en 2015 7 millions de livres sterling afin de participer à divers projets, comme le développement de “green tech” ou “technologie verte” – ce qui implique la création d’emplois – ou encore la création de programmes scolaires ou de bénévolat. Capitale verte en 2013, Nantes a de plus mis en avant ce label lors des élections municipales de 2014, en faisant de l’écologie sa priorité.
Une aide de la part de DG Environnement et du Secrétariat des Capitales vertes européennes est également mise en place afin de soutenir les villes dans le développement de leurs projets ou le lancement de festivals, par exemple.
Mais si l’on prête attention à la liste des villes finalistes depuis 2010, on note que seule Ljubljana, capitale de Slovénie, représente les pays d’Europe de l’Est ou centrale. Les concurrentes finalistes au prix de la Capitale verte européenne sont toutes des villes de l’Ouest ou du Nord. Au sud, les seules villes finalistes sont des villes d’Espagne, d’Italie ou du Portugal. Tout cela dénote bien du retard en matière d’écologie et de transition énergétique du reste de l’Europe.
En 2022, Grenoble sera l’ambassadrice environnementale de l’Union européenne. Parmi les finalistes, on remarquera la présence de Dijon, autre ville française, de Tallinn (Estonie) et de Turin (Italie). “Dans le passé, nous avons dû faire face à des crises majeures, et la plupart sont imputables à notre manque de respect de la nature” avait confié Eric Piolle, maire de Grenoble lors de la cérémonie de remise du prix à Lisbonne. Gageons que cette initiative européenne permette réellement de changer et de “verdire” les mentalités.
Chloé Lourenço pour Voix d’Europe