La Suède, pays érigé en modèle d’intégrité politique, voit son gouvernement de centre-gauche plongé dans une grave crise suite à un scandale de fuites de données. Une motion de censure pourrait fragiliser davantage le pouvoir.
Le Premier ministre suédois Stefan Löfven a décidé de se séparer de deux membres de son gouvernement après qu’un scandale retentissant agite la vie politique du pays scandinave depuis plusieurs semaines. Minoritaire au parlement, le gouvernement se retrouve très menacé par l’opposition qui compte bien profiter de l’affaire pour le mettre en difficulté.
Une négligence informatique
L’affaire remonte à avril 2015 mais elle a été révélée au public il y a quelques semaines. Il y a deux ans, l’Agence suédoise des transports, organisme public, décide de confier à IBM la gestion de ses services informatiques, ce qui suppose donc une externalisation des données. Problème, la firme américaine a fait appel à des sous-traitants roumains et tchèques n’étant pas habilités pour avoir accès à des informations confidentielles et extrêmement sensibles pour la sécurité nationale. Les employés des sous-traitants ont ainsi pu consulter des données sur le personnel militaire, les véhicules et plans de défense de l’armée, mais aussi les noms et adresses d’agents du renseignement.
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L’actuel directeur de l’agence, Jonas Bjelfvenstam, justifie cette erreur par l’urgence avec laquelle le transfert a été effectué, amenant certaines règles de bases à ne pas être respectées.
Des répercussions politiques
Affaibli par le scandale, le gouvernement mené par Stefan Löfven s’est séparé de deux de ses ministres. Le ministre de l’Intérieur, Anders Ygeman, a été contraint de démissionner, et la ministre des Infrastructures, qui assure la tutelle de l’agence mise en cause, s’est également officiellement écartée d’elle-même. Ces deux départs sont consécutifs à une forte pression de l’opposition depuis que les médias ont révélé l’affaire.
Le premier ministre a toutefois annoncé qu’il ne comptait pas mettre en place des élections législatives anticipées, assurant donc qu’il ira au bout de son mandat qui prendra fin l’an prochain. Il a justifié ce choix par la volonté de ne pas jeter la Suède dans une crise politique, et c’est pourtant bien cette dernière qui semble se dessiner jour après jour. Car si Stefan Löfven a pris les devants de l’opposition qui souhaitait faire tomber une partie du gouvernement à travers une procédure parlementaire spéciale, le départ des deux ministres ne suffit pas à la satisfaction du centre et de la droite. En effet, le ministre de la défense, Peter Hultqvist, également mis en cause dans l’affaire des potentielles fuites de données est toujours en poste.
Une opposition opportuniste
L’opposition, qui avait déclenché une motion de censure à l’égard des trois ministres concernés, maintient donc sa volonté de faire tomber M. Hultqvist, et remporter ainsi une victoire presque totale sur le gouvernement. Le parti d’extrême-droite, Les Démocrates de Suède, ont annoncé leur ralliement à la coalition improvisée, ce qui devrait permettre à la motion de censure d’obtenir une majorité de voix.
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Cette charge à destination du gouvernement passe plutôt mal, certains à gauche ironisent en rappelant qu’à l’époque où l’appel d’offre posant problème aujourd’hui a été lancé, l’opposition était alors au pouvoir. En plus de vouloir faire payer certaines erreurs, en particulier un manque de réactivité face à une affaire qui était connue depuis longtemps au sein du pouvoir, ce regroupement des forces duèdee droite face au gouvernement ne serait qu’un moyen de cacher des divisions incessantes et de remonter la pente alors que les sondages défavorables s’accumulent.
Pour le moment, les autorités ne sont pas officiellement en mesure d’annoncer si les informations exposées ainsi ont pu tomber sous le nez de personnes mal intentionnées, toujours est-il que dans un pays réputé pour sa rigueur, l’affaire fait tâche à tous les étages.