Rencontrée lors de la conférence sur les médias et l’Europe organisée par Eurosorbonne le 5 avril dernier, Herade Feist, journaliste chez Arte, nous a parlé de son parcours professionnel et délivré sa vision de l’Europe.
Eurosorbonne : Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
Herade Feist : Je dirige le bureau parisien d’information pour Arte. Cela fait 20 ans que j’y travaille. J’ai d’abord été reporter mais je n’étais pas forcément spécialisée dans l’Europe. Avant cela, j’étais en Russie pour Associated Press.
Il y a trois gros bureaux chez Arte : Paris et Berlin, mais le gros de l’information se trouve à Strasbourg. Les plateaux et les présentateurs se trouvent à Strasbourg.
Selon vous, comment est vue la France en Europe avec l’arrivée d’Emmanuel Macron ?
Les Allemands, que je connais bien, ont une image positive de la France. Cela vient aussi de toute l’équipe du Président. Les enjeux européens sont au cœur de son mandat et il est pour cela bien entouré à l’Élysée avec son cabinet et ses ministres. Plusieurs parlent allemand ou y ont déjà séjourné, tel que Philippe Étienne qui est son sherpa [représentant personnel du Chef de l’État, ndlr] et qui est ancien ambassadeur de Berlin.
Il y a beaucoup d’attente en Europe de l’Est. Les craintes sont davantage axées sur l’intégration. Et cela ne concerne pas seulement le groupe de Visegrad [Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie, ndlr]. Ils ont la crainte d’être laissés de côté.
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Quelles concessions Emmanuel Macron devrait peut-être faire ?
Il a déjà abandonné l’idée d’un Ministre des Finances. Il a posé les bases d’un projet très ambitieux. Lui-même a certainement conscience qu’il ne peut pas y arriver tout de suite. Il faudra sans doute de la communication et de la pédagogie pour ne pas créer une Europe à deux vitesses. La France a prouvé qu’elle était prête à avancer en passant son déficit sous la barre des 3 %. Emmanuel Macron sera d’autant plus crédible si la France se réforme.
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L’affaire Skripal et les taxes américaines ont semblé montrer une Europe unie face à ces attaques. L’Europe peut-elle se réformer grâce au front qu’elle mène face aux autre pays ?
L’Europe a besoin d’être unie contre les États-Unis, mais aussi contre la Chine, mais pas uniquement car sinon cela ne marcherait pas. Il lui faudrait un espace culturel pour renforcer son âme. S’il n’y a qu’un projet, on n’ira pas très loin. Être uni face aux autres États peut être un vecteur, mais il ne sera pas le moteur principal.