Le programme d’échange fête ses 30 ans cette année. Plusieurs millions de jeunes européens en ont bénéficié, et Erasmus demeure au cœur des préoccupations européennes avec un budget en hausse constante et une ouverture à de nouveaux acteurs.
Dans une Union européenne qui se voit remise en cause sur bon nombre de sujets, le programme Erasmus est considéré comme l’une de ses plus grandes réussites. Lancé en 1987, il a permis à de nombreux jeunes de partir étudier dans une université étrangère, participant à la construction de ce qui est couramment appelé la génération Erasmus.
Un bilan positif et la construction d’une conscience européenne
Le programme Erasmus d’échange universitaire s’inscrit dans le cadre de la politique de la jeunesse mise en place depuis trente ans par l’UE. En 1988, la Commission met sur pied le programme « Jeunesses pour l’Europe » qui vise à promouvoir les échanges universitaires et la mobilité. En 1996, un programme lié au Service civique européen permet à des jeunes défavorisés de participer à des actions culturelles ou environnementales. L’Union européenne continuera par la suite de placer la jeunesse parmi ses priorités.
En 2009, le traité de Lisbonne confirme les actions européennes en matière de jeunesse avec des objectifs d’intégration sociale, de participation à la démocratie et d’accès à des formations et au marché du travail. Dernière réalisation en date, le dispositif Garantie jeunesse instauré en 2013 et qui souhaite que tous les jeunes de moins de 25 ans puissent accéder à une formation de qualité ainsi qu’à de nombreuses offres de stages. Près de 14 millions de jeunes en auraient profité selon la Commission européenne.
Parmi tous ces programmes, Erasmus est celui qui a obtenu le plus de succès. Son fonctionnement est aujourd’hui bien rôdé malgré des démarches parfois encore complexe dans certains cas. La culture populaire et cinématographique a aussi pu rendre le dispositif attirant.
D’abord lancé dans onze pays (Allemagne, France, Danemark, Espagne, Grèce, Belgique, Royaume-Uni, Italie, Irlande, Portugal et Pays-Bas), il s’est très vite imposé malgré des débuts un peu timides. Aujourd’hui, près de 5 millions d’Européens en ont profité et peu regrettent ce choix.
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Selon une étude publiée par Bruxelles, près de 85% des anciens Erasmus ont vu cette expérience jouer un rôle décisif au moment d’obtenir un stage ou un emploi. Beaucoup soulignent la découverte d’une nouvelle culture, l’apprentissage d’une nouvelle, la confrontation à un environnement étranger, et bien sûr les fameuses soirées Erasmus qui font partie intégrante du séjour.
L’opération est également un succès car, outre le grand nombre de bénéficiaires, Erasmus a contribué à la construction d’une génération d’Européens convaincus. Il persiste en effet chez les étudiants ce sentiment d’être les acteurs d’une intégration européenne très concrète. Lors d’un séjour Erasmus, s’instaure une certaine solidarité européenne basée sur l’ouverture d’esprit et le dialogue entre les cultures.
Un argument mis en avant par l’Union européenne qui a beaucoup communiqué récemment sur les « 1 millions de bébés Erasmus », destinés à former la prochaine génération d’Européens. Ce chiffre mérite probablement d’être revu à la baisse, mais il reste symbolique de la volonté première du programme.
Un budget en hausse et un élargissement au monde professionnel
Si les chiffres d’insertion professionnelle sont plus élevés pour les étudiants Erasmus, beaucoup soulignent aussi que cela est dû au profil même de ces personnes. Bien que des bourses existent pour les étudiants les moins favorisés, la plupart des candidats sont issus de milieux, non pas nécessairement aisés, mais leur permettant d’envisager un séjour de longue durée à l’étranger. Et ce sont également des candidats ayant un dossier scolaire relativement bon, ce qui est un critère d’acceptation, qui peuvent prétendre à pouvoir partir. Ainsi, les dirigeants européens ont souhaité démocratiser le système Erasmus en créant Erasmus+ en 2014.
Il s’agit de rendre plus concret des initiatives qui avaient été lancées depuis plusieurs années visant à couvrir des domaines allant bien au-delà de simples échanges universitaires. Une des premières volontés était de réduire le quasi-monopole des étudiants de Licence (54,5% des départs) et de Master partant en Erasmus, alors que les cycles courts (BTS ou DUT) composent uniquement 3% des départs.
De manière plus générale, Erasmus+ concerne désormais l’apprentissage avec des élèves venant de formations professionnels, se préparant à des CAP ou des BEP. Si ces publics restent encore relativement minoritaires, du fait notamment d’un manque d’information à leur destination, leur nombre devraient augmenter dans les années à venir.
Du côté des professeurs, le système Erasmus leur permet également de se rendre pour une certaine durée dans des universités étrangères.
Tout cela suppose bien sûr une hausse du budget consacré à Erasmus+. La somme allouée pour la période 2014-2020 a ainsi connu une hausse de 40% par rapport à la précédente. En plus de prendre en compte différentes catégories de personnes, les dirigeants envisagent également de le développer de manière plus large hors du continent européen.
On ne peut que se réjouir du succès d’Erasmus, et maintenant d’Erasmus+. Bien que parfois insuffisant, en particulier dans sa volonté d’en démocratiser l’accès, des efforts financiers ont été consentis afin de s’adresser encore davantage à la jeunesse.