La COP23 qui s’achève aujourd’hui en Allemagne a pour but de faire le point sur les Accords de Paris de 2015 et de préparer la COP24 qui se déroulera en Pologne.
La COP23 s’est ouverte lundi 6 novembre à Bonn en Allemagne, jusqu’au 17 novembre. Cette édition est présidée par les îles Fidji et son Premier Ministre, Frank Bainimarama. La conférence se déroule en Allemagne car il était impossible pour l’État insulaire d’accueillir une délégation de 196 pays dans ses îles.
Chaque pays est tourné vers le même objectif : celui de ne pas faire augmenter la température de la planète au-delà de 2 degrés. Comme l’a dit le Président de cette conférence lors de la cérémonie d’ouverture, « Nous sommes tous dans le même canoë. Notre demande collective au monde est qu’il maintienne le cap fixé à Paris ». C’est donc un message des petits pays envoyé aux grandes puissances afin qu’elles tiennent leurs engagements.
Ces engagements sont d’autant plus nécessaires que l’année 2017 s’annonce comme étant la plus chaude enregistrée en l’absence d’El Niño (un phénomène océanique qui affecte les vents, la température des océans et les précipitations) derrière 2016, selon l’Organisation météorologique mondiale. Les années allant de 2013 à 2017 pourraient même être les plus chaudes jamais connues. Les multiples ouragans dans les Antilles, les pics de chaleur à plus de 50°C en Asie, ou encore la sécheresse qui ravage l’Afrique et particulièrement au Burkina Faso, en Éthiopie et au Soudan, sont autant de phénomènes alarmants.
Un cap à tenir
La COP23 se fixe donc 2 principaux objectifs : revoir les règles d’application, et établir un dialogue de facilitation. Pour le premier, il s’agit de savoir comment mesurer les gaz à effet de serre (GES) et comment faire le bilan par pays, ceci dans une nécessité de transparence. Pour le dialogue de facilitation, il s’agit de rehausser les engagements, avec par exemple la question des centrales à charbon.
Les États-Unis sont bel et bien présents puisque leur retrait de l’Accord de Paris prendra effet seulement en novembre 2020. Une délégation a donc été envoyée à Bonn autour du Sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques, Thomas Shannon : un représentant qui fait consensus puisqu’il a travaillé dans l’administration Obama et n’est pas climatosceptique. C’est toutefois Judith Garber, vice-secrétaire d’État aux océans et aux affaires scientifiques et environnementales internationales qui s’est exprimée, Thomas Shannon ayant été finalement retenu pour problème familial. Les représentants américains sont accompagnés de personnalités qui s’opposent à ce recul des États-Unis. On y trouve par exemple l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg ou encore le Gouverneur de Californie, le démocrate Jerry Brown. Il s’agit pour eux de montrer que leur pays ne se range pas unilatéralement derrière la position de son Président. Ainsi, la seule réunion organisée en faveur des énergies fossiles a tourné au fiasco ce 13 novembre puisque la position états-unienne, qui consiste à affirmer son retrait de Paris, a été décriée. Les représentants américains qui défendaient cette position ont été interrompus par des activistes de l’association SustainUs, qui ont entamé l’hymne américain transformé en hymne anti-charbon, et vilipendés par des opposants à ce retrait.
Des volontés parfois difficilement réalisables
C’est le mercredi 15 novembre que l’aspect politique de cette conférence s’est amorcé. Ainsi, 30 chefs d’États se sont déplacés à Bonn, dont Emmanuel Macron et Angela Merkel, les deux seuls chefs d’exécutif du G7 à être personnellement présents. La Chancelière allemande a renforcé son aide pour les plus petits pays en promettant 100 millions dont 50 pour le Fond mondial d’adaptation. Toutefois, sa volonté contraste avec les questions liées aux énergies dans son pays puisque 40% de l’électricité allemande consommée provient du charbon. Les libéraux et les verts ne veulent pas s’attaquer à cette question pour le moment. La France quant à elle se pose en principal leader en se substituant aux États-Unis pour les scientifiques. Ainsi, le pays financera plus d’un tiers du budget du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
La présidence des Fidji pour cette conférence est significative de l’évolution climatique actuelle. En effet, en 2016, le pays a subi son premier ouragan de catégorie 5, l’ouragan Winston. Ce pays est particulièrement révélateur des nouvelles problématiques liées au climat : il est très menacé par les eaux qui montent de 6 millimètres par an. Ainsi en 2013, le village Vunidogoloa a été reconstruit en altitude, devenant le premier village réfugié climatique. Une dizaine d’autres villages sont actuellement en cours de déplacement.
Un équilibre technologique et financier à trouver
Les gaz à effet de serre (GES) sont un des principaux facteurs du réchauffement climatique. Il s’agit donc de rechercher un équilibre entre l’émission et l’absorption de ces gazs. Pour cela, il faudrait mettre fin aux énergies fossiles ou bien absorber le CO2. Ce projet porté par l’entreprise CO2 Solutions est en cours dans les sables bitumeux d’Alberta au Canada. Il s’agirait de capturer le gaz carbonique grâce d’une part à une certaine chaleur, d’autre part à un solvant qui absorbe puis relâche à faible pression le CO2. Ces sables étant des gisements de pétrole, ils constituent un lieu intéressant pour développer cette nouvelle technique.
C’est donc la question du financement de cette baisse en GES et l’adaptation aux impacts du changement climatique qui sont en cours. En 2009, lors de la Conférence de Copenhague, les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars, soit 86.5 milliards d’euros, afin d’aider les pays en développement. Ceci a été repris en 2015. Un rapport de l’OCDE de 2016 a montré que 58 milliards d’euros avaient déjà été réunis. Or, selon l’ONG Oxfam pour la COP22 au Maroc, ce chiffre a été gonflé et il ne serait question que de 10 à 19 milliards d’euros. Cela contraste avec le fait que 33 banques dans le monde ont apporté près de 100 milliards d’euros de financement à l’industrie des sables bitumeux entre 2014 et 2017, soit pour le pétrole le plus sale du monde. Pour les acteurs publics, l’association Health and Environment Alliance (HEAL) explique que près de 382 milliards d’euros sont annuellement donnés en tant que subvention pour les énergies fossiles par les pays du G20. Cela montre donc les véritables intérêts actuels des pays développés.
Face à ces négociations politiques, Emmanuel Macron semble vouloir s’affirmer en tant que leader européen et même mondial, après le retrait des États-Unis. C’est la raison pour laquelle il a convoqué le 12 décembre à Paris, date anniversaire de la COP21, le One Planet Summit qui réunira une centaine de pays afin de « lister les premières victoires et dresser le plan de bataille à venir ».