Une coalition par défaut en Allemagne, une nouvelle dynamique en marche en Irlande, Bruxelles hausse le ton sur le Brexit et Ankara qui essaye de revenir au cœur du processus d’adhésion : retour sur ce qu’il s’est passé en Europe cette semaine.
ALLEMAGNE – En route pour la coalition et révérence pour Martin Schulz
Ce mercredi 7 février, près de cinq mois après les élections législatives, un accord de coalition a été trouvé. Les chrétiens-démocrates (CDU-CSU) partageront donc le pouvoir avec la Parti social-démocrate (SPD) de l’ancien président du Parlement Européen, Martin Schulz. Si la nouvelle est réjouissante pour les différents gouvernements pro-européens au sein de l’Union, l’accueil est plus mitigé en Allemagne. En effet, celui qui a été battu par Angela Merkel en septembre dernier, a dû renoncer au poste de Ministre des Affaires étrangères qu’il avait obtenu lors des négociations. Martin Schulz a en effet été désavoué par son parti qui lui reproche de ne pas avoir tenu ses engagements. Il avait promis de ne pas s’aligner avec la chancelière. Il faudra désormais attendre le mois prochain pour voir si les militants du SPD approuvent l’accord, le gouvernement sera lancé dans la foulée le cas échéant.
IRLANDE – Le Sinn Féin fait peau neuve
Le leader historique et controversé du Sinn Féin (parti nationaliste d’Irlande du Nord), Gerry Adams a cédé son fauteuil à Mary Lou McDonald, son fidèle bras droit depuis près d’une décennie. L’Irlandaise de 48 ans devient donc la première femme à diriger de l’emblématique parti pro-réunification. Alors que le précédent leader avait une réputation entachée par des actes commis pendant la guerre, McDonald bénéficie d’une bonne image exempte de toute bavure ce qui pourrait s’avérer être un atout considérable dans les mois à venir. La nouvelle présidente compte en effet, faire de la réunification de l’île sa priorité et pour cela elle se prononce fermement anti-brexit. L’Irlande du Nord s’était majoritairement prononcée à l’encontre de la sortie de l’Union Européenne. Amy Lou McDonald compte tirer parti de la situation incertaine au Royaume-Uni pour attirer plus d’électeurs et il semblerait bien que sa stratégie ait de grandes chances de succès aux vues de la dernière phase de négociations qui a eu lieu entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni cette semaine.
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BREXIT – La scission patine
Énième rebondissement dans les discussions sur le Brexit. Après 48 heures d’un nouveau cycle de négociations, Michel Barnier le négociateur de l’Union Européenne est perplexe. Alors qu’il s’agissait de se mettre d’accord sur les modalités d’une phase de transition réclamée par le Royaume-Uni, il semble que trop de divergences aient été trouvées entre les deux parties pour arriver à un résultat satisfaisant. En tête de liste des points de désaccord ? Le cas de l’Irlande. En effet, L’Union Européenne se trouve garante de la paix en Irlande (depuis la signature des accords de Belfast en 1998) et estime que la sortie britannique ne doit pas porter atteinte à cet acquis. Rappelons à ce titre que près de 55% des Irlandais s’étaient déclarés en faveur du “remain“. Le Royaume-Uni quant à lui compte bien faire appliquer ses conditions du Brexit à tout son royaume ce qui recréerait de facto une frontière entre les deux Irlandes. Devant le patinage britannique, Michel Barnier a quant à lui, haussé le ton en rappelant que la période de transition en question n’était pas “acquise”
TURQUIE – Ankara fait les yeux doux à l’Union Européenne
Après l’annonce de l’UE concernant ses projets d’élargissement vers les Balkans occidentaux, la Turquie revient sur le devant de la scène. Ankara veut sa part du gâteau et demande à ce que les négociations d’adhésion régulièrement gelées depuis 2005 soient remises au goût du jour. Suite aux pressions exercées par le pays de de Recep Tayyip Erdogan à Bruxelles, le président du Conseil Européen, Donald Tusk a annoncé la tenue d’u sommet exceptionnel. Planifié le 26 mars prochain, il devrait avoir lieu en Bulgarie. La nouvelle ne fait pas que des heureux au sein des dirigeants européens. Sans compter l’inquiétant tournant autoritaire qu’a pris la Turquie depuis le putsch avorté de l’été 2016, plusieurs éléments rendent la requête fragile. Les Pays-Bas et l’Allemagne ont des différends directs avec la Turquie et ces derniers ainsi que l’Autriche, le Danemark et la France s’opposent radicalement à l’idée d’une adhésion turque à l’Union Européenne dans les conditions actuelles.
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