Articles par Garance Turpin et Helena Sarkis.
Suède : le conservateur Ulf Kristersson élu premier ministre, grâce aux voix de l’extrême droite
Après huit ans, la droite reprend le pouvoir en Suède. Lundi 17 octobre, le chef du parti conservateur des Modérés, Ulf Kristersson, artisan d’un rapprochement de la droite traditionnelle et du camp nationaliste aux législatives de septembre, a été élu avec une majorité absolue, rassemblant 176 voix pour, contre 173.
Bien qu’une coalition ait eu lieu, entre les partis de droite (Modérés, Chrétiens-démocrates, Libéraux), cette victoire n’aurait pu être obtenue sans le soutien inédit de son partenaire controversé, l’extrême droite des Démocrates de Suède (SD). En effet, ce parti, grand vainqueur des élections de septembre, représente la deuxième force du pays avec 73 sièges au sein du Riksdag, le Parlement du royaume de Suède, un appui non négligeable pour les Modérés. Néanmoins, jamais dans l’histoire politique suédoise l’extrême droite ne s’était imposée à ce point en faisant partie d’une majorité ; ce qui marque une nouvelle montée du nationalisme en Europe.
C’est donc une nouvelle ère politique qui débute pour le pays nordique. Cette élection marque la fin de huit années de gauche au pouvoir en Suède, le conservateur succédant à Magdalena Andersson, sociale-démocrate, qui assurait la transition après avoir présenté sa démission à l’issue des élections. « Maintenant le changement est possible », a déclaré Ulf Kristersson en conférence de presse à la suite des résultats, faisant état de son « humilité devant les tâches qui nous attendent ».
La politique présentée par la droite suédoise sera entre autres axée sur les thèmes de l’insécurité et de la flambée des prix. Le parti souhaite également développer davantage le nucléaire et réduire l’immigration. « Remettre de l’ordre en Suède », intimait le nouveau chef du gouvernement sur ses affiches de campagne pour les élections législatives.
Reste à savoir si cette coalition formée dans la douleur par plusieurs partis aux convictions différentes arrivera à diriger le pays, avec une opposition qui espère une implosion de la droite.
Climat : L’Union Européenne et le Maroc signent un « partenariat vert »
L’Union européenne et le Maroc ont signé mardi 18 octobre à Rabat un « partenariat vert » afin de renforcer leur coopération énergétique et lutter contre le réchauffement climatique. Paraphé par le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans et le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita. Cet accord a pour but de favoriser la transition vers une industrie décarbonée par l’investissement en technologie verte, la production d’énergie renouvelable, la mobilité durable et la production propre dans l’industrie. Le Maroc est le premier pays à signer un tel accord, ce dernier étant actuellement frappé par une sécheresse historique et un stress hydrique structurel.
« Ce premier partenariat vert entre l’Union européenne et le Maroc est le coup d’envoi d’un développement, qui veut que le destin de l’Afrique et le destin de l’Europe qui sont intimement liés, soit un destin de croissance soutenable qui reflète les enjeux d’aujourd’hui » s’est prononcé M. Timmermans à l’issue de la cérémonie de signature.
Le haut diplomate marocain a quant à lui déclaré que « la dure réalité internationale a démontré, tant en Europe qu’en Afrique du Nord, que lorsqu’il s’agit d’énergie, c’est la fiabilité et seule la fiabilité qui compte, davantage encore que la disponibilité de la ressource », prêtant allusion à la guerre en Ukraine ainsi que l’Algérie voisine, riche en hydrocarbures.
En 2009, la Maroc avait adopté une stratégie énergétique fondée essentiellement sur les énergies renouvelables avec pour objectif de porter leur part dans la production d’électricité à plus de 52% en 2030, contre 20% aujourd’hui. Un “programme d’appui à la transition énergétique” est par ailleurs actuellement doté de 50 millions d’euros au Maroc.
Cet évènement, qui est une première étape clé, vient également conforter la volonté commune du Royaume du Maroc et de l’Union européenne de renforcer leur relation stratégique et de longue date à travers le développement de nouveaux partenariats novateurs et mutuellement bénéfiques. Ce « partenariat vert » s’inscrit notamment dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le changement climatique.
L’art pour la paix
24 février 2022 : la Russie entame une campagne militaire d’invasion du territoire ukrainien, la guerre s’ouvre aux portes de l’Union européenne pour la première fois depuis plusieurs décennies. Un froid diplomatique s’installe d’abord entre les membres de l’Union européenne et la Russie puis, entre les soutiens de l’Ukraine et les soutiens de la Russie à l’échelle mondiale.
La souveraineté de l’Ukraine est remise en question par les forces armées russes et les premiers à en pâtir sont les civils. Le sujet envahi les médias : quelles conséquences pour l’Europe ? Comment gérer la vague d’immigration des familles ukrainiennes vers l’Europe de l’ouest ? Les questions s’accumulent pendant que, discrètement, des actes silencieux de résistance se mettent en place.
Car face à la guerre, ceux qui réagissent à chaud sont les artistes: street art en soutien à l’Ukraine et son peuple, expositions, réactions internationales pour la conservation du patrimoine… La destruction du Palais de la Culture de Lozova par un missile russe le 26 mai dernier a retenti comme une explosion dans le cœur des artistes ukrainiens. Plutôt que de taire la culture, la guerre a permis à chacun de s’exprimer en faveur de la paix.
L’art devient alors porte-parole des contestations : le musée des Beaux-arts de Paris est le premier à marquer son soutien à l’Ukraine en organisant une vente aux enchères caritative au centre tchèque de Paris “Art Pour l’Ukraine”. Événement qui sera reconduit au mois d’avril pour sa seconde édition sous le même nom et avec la même prise de position: “Nous condamnons unanimement l’agression de l’armée russe en Ukraine […]. L’art est notre moyen d’expression et notre arme pour défendre les valeurs fondamentales de notre société: la liberté, la démocratie, le respect des droits de l’Homme et la paix” – Tereza Lochmann et Alzbeta Wolfova, fondatrices de l’événement.
Dans cette guerre qui ne semble pas en finir pour les européens, l’art garde une place fondamentale dans la lutte pour la paix : il devient politique. Le 7 juillet 2022, des chars russes saisis par l’Ukraine sont exposés à Varsovie, en Pologne. Depuis le 31 août, Odessa, ville d’Ukraine, est mise en avant sur la liste pour être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Des valeurs de paix et de liberté partagées et soutenues par l’Union européenne à travers la création et l’installation, ce mardi 18 octobre, de répliques du mur John Lennon devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg et le Panthéon à Paris.
Symbole international de paix, le mur John Lennon voit d’abord le jour à Prague en République Tchèque en 1988, il marque la contestation de la jeunesse locale face au régime communiste de Gustav Husak et les affrontements urbains de l’époque. Un second mur John Lennon voit le jour plus récemment, à Hong Kong en 2014, lors du premier mouvement des parapluies avant de lancer une réelle floraison des murs au nom du chanteur à travers le monde.
Plus qu’un simple mur, l’œuvre de la jeunesse tchèque des années 80 est devenue un moyen d’expression sociale, une contestation silencieuse compréhensible par tous, à toutes échelles, moyennant un message de paix, d’amour et de liberté si cher au chanteur.
“Chaque mur divise. Seul le mur de John Lennon unit. […] Les relations humaines reposent sur la volonté d’être ensemble sans murs.” affirme l’ambassadeur Tchèque à Paris, Michel Fleischmann.
En bref l’installation d’une réplique du mur John Lennon à Strasbourg n’a rien d’anodin : nous fêterons bientôt les huit mois de la guerre. Dans ce contexte de tension permanente, l’Union européenne suit la mouvance en faisant le choix de condamner tout acte de violence par la voix silencieuse: celle de l’art.
Tensions et cris de détresse: l’opposition face au deuxième quinquennat d’E. Macron
Dimanche, jour du Seigneur pour certains et de contestation pour d’autres : ceux qui ne croient plus en la capacité du gouvernement d’Elisabeth Borne et d’Emmanuel Macron à gérer l’inflation et à apaiser les tensions se sont réunis derrière le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, le 16 octobre place de la Nation.
L’espoir incarné par la NUPES pour une partie de la population a permis, suite à son appel à la “grande marche contre la vie chère et l’inaction politique”, de réunir près de 140 000 participants. Chiffre contesté par d’autres organismes, notamment par les forces de police, qui selon ces derniers, tournaient autour de 30 000.
Et si l’envergure du mouvement peut en effet être calculée par l’attrait de l’appel et l’engouement des foules sur place, l’ampleur du cortège n’est pas ce qui nous intéresse pour le moment car si Jean-Luc Mélenchon n’a pas réussi à remplir l’Accor Hotel Arena, il a pourtant bien rassemblé un public varié.
Dans la diversité des revendications, le leader de la France Insoumise trouve sa force : des communistes aux féministes, socialistes, écologistes en passant par les gilets jaunes, le cortège brillait des couleurs, banderoles, drapeaux et pancartes des différents mouvements le composant.
Car si, à première vue, il n’existe pas de revendications communes entre Covid sceptiques et travailleur.euses du sexe, il y a un sujet qui affecte une large partie de la population : l’inflation. Ces derniers mois, la France, à l’instar de l’ensemble des pays de l’Union européenne, fait face à une augmentation durable et générale des prix. Tous les secteurs sont affectés, mais celui qui fait le plus parler est celui des énergies. Le taux d’inflation en France est aujourd’hui de 6,2%, soit le double de celui du mois de septembre 2021, et, sans s’attarder sur les comparaisons, il reste important de noter que l’Allemagne connaît une inflation de 10,9%, et l’Espagne de 9,3%.
Nous pourrions nous arrêter là dès lors que, comme le gouvernement français le rappelle depuis quelques mois, la France s’en sort relativement bien comparé au reste de l’Europe. Face aux accusations d’un manque de mesures mises en place par le gouvernement pour protéger la qualité de vie, une partie de la population accuse le coup et manifeste de nouveau. En effet, si l’inflation se fait ressentir, ce sont les plus précaires qui en pâtissent les premiers avec l’augmentation des prix des carburants alors même que l’usage de la voiture est nécessaire pour une partie d’entre eux afin d’aller travailler ; s’ajoute à cela une augmentation des coûts énergétiques dans les passoires thermiques. Dès lors, le mécontentement monte.
Et c’est bien sur ce mécontentement que Jean-Luc Mélenchon a misé pour sa grande “marche contre la vie chère et l’inaction climatique”. La concentration des revendications actuelles en un seul et même cortège marque bien le cri de détresse d’une partie de la population française en ce mois d’octobre 2022. Comme précisé, les revendications étaient multiples, mais tous les participants avaient un objectif commun : la hausse des salaires face à l’inflation actuelle ; en d’autres termes, l’augmentation des salaires des plus précaires.
Ce serait alors au gouvernement français de prendre la décision d’augmenter les salaires en cette fin d’année, au risque de ne plus pouvoir les baisser à la sortie de crise. Des votes ont déjà été tenus, durant lesquels le Rassemblement national et la majorité présidentielle ont exprimé leur désaccord face à une potentielle réforme salariale.
La grève générale du 18 octobre a donc eu pour objectif de marquer le coup et si elle n’a pas été l’une des plus impressionnantes que nous avons connues ces dernières années, elle a bien été suivie par les plus jeunes qui, dans la force de l’âge, ont bloqué près de 450 lycées. C’est dorénavant dans les mains de Jean-Luc Mélenchon et de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, que repose, ou non, l’organisation d’un nouveau mouvement social de contestation qui s’inscrit dans le temps : première lutte sociale d’envergure du second quinquennat d’Emmanuel Macron.