Depuis le début de la crise financière de 2009, les Grecs ont été parmi les plus durement touchés et malgré plusieurs plans d’aide économique accordés par l’Union européenne, le pays avait du mal depuis cinq ans à se sortir la tête de l’eau. Mais aujourd’hui, la Grèce annonce son retour sur les marchés internationaux.
Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières, rappelait ce lundi au micro de France Inter le « problème mondial » qu’avait représenté la crise grecque, la « tempête économique et financière » avait failli pousser le pays en dehors de l’Union européenne en juillet 2015. Mais aujourd’hui, le commissaire européen, en visite ces derniers jours à Athènes a salué « l’amélioration spectaculaire » de la situation de la Grèce, de retour cette semaine sur les marchés obligataires après trois ans d’absence.
Le retour des obligations grecques
C’est en effet une tentative inédite depuis 2014 : la Grèce a émis ce mardi trois milliards d’euros d’obligation à cinq ans, assorti d’un coupon à 4,75%. Aujourd’hui avec une croissance de 2,1% pour 2017 selon les prévisions de la Commission, le pays semble en bonne voie pour reconquérir une croissance durable qui permettrait notamment de sortir la population d’une importante crise de l’emploi (aujourd’hui, près de 50% des jeunes ne trouvent pas de travail). La Commission a aussi décidé de recommander au Conseil la clôture de la procédure qui concerne les déficits excessifs du pays.
« Enfin une lumière au bout de l’austérité » déclare le commissaire Moscovici. Il faut maintenant que la Grèce redevienne « un pays normal de la zone euro, […] un pays qui a mis fin à l’austérité ».
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Après deux ans de réticence, le FMI lui-même semble se réconcilier avec le pays, en donnant la semaine dernière son accord pour participer au programme en cours de soutien de l’économie grecque au titre du Mécanisme européen de stabilité. Ce programme, associé aux efforts considérables de l’Etat pour consolider ses finances publiques (la Grèce a voté 140 mesures pour le redressement de son économie) permet aujourd’hui au pays de retrouver une excellente position. La participation du FMI s’accompagnerait en outre d’un potentiel abaissement de la dette grecque par ses partenaires de l’Union européenne.
Les 8,5 milliards d’euros engagés par l’Eurogroupe pour tenter de résoudre la crise grecque n’auront finalement pas été vains et l’idée est aujourd’hui de préparer le pays à la sortie de ce programme pour la Grèce qui doit prendre fin en juillet 2018.
Quel avenir pour Syriza ?
Ce succès semble tomber à pic alors que le parti de gauche radicale d’Alexis Tsipras, Syriza, au pouvoir depuis janvier 2015, est au plus bas dans les sondages et que l’opposition critique les mesures d’austérité, allant jusqu’à réclamer récemment des élections anticipées. Face aux mesures imposées par la zone euro et le FMI, devenus créanciers du pays pendant la crise financière, le Premier ministre s’était résolu à suivre à la lettre le plan décidé au niveau international et ses réformes brutales, ce qui l’a conduit récemment à se retrouver dans les sondages 10 à 15 points derrière Kyriakos Mitsotakis, le leader du parti de l’opposition conservatrice Nouvelle Démocratie.
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Ce retour de la Grèce sur les marchés pourrait permettre à Syriza de regagner la confiance de la population et faire remonter sa popularité. Cette opération du 25 juillet, non obligatoire pour le pays puisque ce dernier bénéficie jusqu’à l’été 2018 de prêts internationaux à des taux plus avantageux, apparaît comme un test symbolique pour le gouvernement actuel. « M. Tsipras avait aussi besoin de cette réussite pour convaincre le peuple qu’après les années d’austérité et les douloureuses négociations avec les créanciers les choses reviennent à la normale en Grèce » déclare l’économiste indépendant, Yannis Koutsomitis, au Monde.