Les Allemands vont voter pour élire leurs députés, et par conséquent, leur futur chancelier. Sauf grave erreur de dernière minute, Angela Merkel devrait être réélue. Mais pour gouverner, elle devra former une coalition. Celle ci dépendra du résultat des élections, et aura un impact majeur sur la politique de toute l’Union européenne.
Mutti devrait sans difficulté rempiler pour un quatrième mandat. L’actuelle chancelière de la République fédérale d’Allemagne, au pouvoir depuis novembre 2005, a su conserver un électorat fidèle, malgré les crises successives que l’Europe a traversées. Angela Merkel incarne une figure politique sobre, droite, immuable.
Le système électoral allemand est complexe : il permet de voter à la fois pour un député de sa circonscription, et à la fois pour un député de son Land, ce qui peut augmenter légèrement le nombre de mandats. Ainsi, lors de la dernière législature, il y a eu 631 députés fédéraux.
L’Allemagne vieillissante
Mais surtout, l’Allemagne étant vieillissante, les plus de 60 ans représenteront 36% de l’électorat, soit le premier groupe, devant les moins de 40 ans. Pas étonnant, dès lors que le choix du peuple soit relativement conservateur. Ce facteur démographique entraîne aussi une augmentation des intentions de vote en faveur de l’extrême droite. En effet, le parti populiste, nationaliste et eurosceptique AfD (Alternative für Deutschland) est crédité de 10% dans les sondages et pourrait faire son entrée au Bundestag, le parlement allemand.
Mais pour Angela Merkel, hors de question de faire une coalition avec l’AfD, ni d’ailleurs avec Die Linke, le parti d’extrême gauche. Pour le reste, les paris sont ouverts, et la chancelière sortante est ouverte à toutes les propositions. Son parti, la CDU/CSU (droite démocrate chrétienne et conservatrice), pourrait s’allier avec le SPD (Social-démocrate, de gauche), comme lors de son premier et son troisième et actuel mandat. La perspective de cette “grande coalition” a contribué à faire de la campagne électorale un fiasco, jugée ennuyeuse, molle, inintéressante.
Des politiques similaires entre la gauche et la droite
Pourtant, lorsque Martin Schulz, ancien président du Parlement européen, a été nommé candidat du SPD, en mars dernier, la gauche allemande s’est mise à rêver à une victoire socialiste. Martin Schulz a fait un bond dans les sondages, allant jusqu’à dépasser Angela Merkel. Mais l’engouement a été de courte durée. Très vite, la similitude entre les programmes des deux candidats principaux, et les initiatives sociales mises en place par la chancelière, lui a valu de remonter dans les sondages.
Accueil et intégration des migrants, autorisation du mariage homosexuel, autant de projets portés habituellement par la gauche et dont Angela Merkel s’est acquittée, semant le trouble dans l’électorat. L’élection des libéraux aux Pays-Bas, et d’Emmanuel Macron en France, ainsi que la mort d’Helmut Kohl, ancien chancelier et mentor d’Angela Merkel, ont contribué à la remontée de la CDU/CSU dans les sondages. Le duel télévisé entre les deux leaders, qui n’avait de duel que le nom, tant ils semblaient d’accord sur tout, le 3 septembre, a achevé la lente déliquescence de la gauche allemande.
Une alliance avec les libéraux, pas très européenne
Reste à savoir si les résultats de Martin Schulz seront suffisamment bons pour qu’Angela Merkel fasse appel à son parti et confie un certain nombre de ministères aux socialistes. Les rivaux directs du SPD sont les libéraux du FDP, qui sont crédités de 8% dans les sondages. La Chancelière pourrait faire appel à eux, comme lors de son deuxième mandat, voire à constituer une coalition triple, avec les Libéraux et les Verts, laissant l’opposition aux extrêmes et à Martin Schulz.
Mais le FDP est opposé aux réformes de la zone euro proposées par Emmanuel Macron et approuvées par Angela Merkel, ainsi qu’à toutes les politiques de renforcement de l’Union européenne. Ainsi, le moteur franco-allemand qui semble s’être re-développé depuis l’élection d’Emmanuel Macron pourrait bien s’enrayer dans le cas d’une arrivée des libéraux au pouvoir. Le Président français et le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, affirment vouloir relancer l’Europe. Mais tous les gouvernements de l’Union européenne sont suspendus au résultat des élections allemandes, qui détermineront, pour les années à venir, l’orientation politique de l’Europe.