Élections en Europe : enjeux et échéances de l’année 2017

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L’année 2017 sera décisive pour de nombreux pays européens. Beaucoup d’élections très stratégiques vont s’y dérouler, en particulier dans les pays fondateurs de la CECA et de la Communauté européenne : France, Allemagne, Pays-Bas et peut-être même l’Italie, dans le cas d’élections anticipées. Les pays récemment entrés dans l’Union européenne devront également aller aux urnes pour déterminer l’orientation politique internationale de leurs gouvernements : la République Tchèque, la Slovénie, la Hongrie, la Bulgarie opéreront-elles un repli sur soi ou s’ouvriront-elles à plus de coopération européenne ? Eurosorbonne a analysé chacune des élections qui se dérouleront en Europe cette année, et vous propose un tour d’horizon des enjeux électoraux de 2017.

Cliquez sur le nom d’un pays pour tout comprendre  à ses futures élections.

Irlande du Nord                   Pays-Bas

Bulgarie                                Royaume-Uni

Finlande                                France

Hongrie                                 Allemagne

Portugal                                Autriche

République Tchèque          Slovénie

Italie                                      Roumanie

Cliquez sur les pays pour obtenir des informations sur les élections de l’année 2017.
(Rouge : élections législatives, jaune : élections présidentielles au scrutin indirect, bleu : élections locales
orange : élections législatives et présidentielles, vert : élections anticipées réclamées)

Irlande du Nord – La crise politique
Arlene Foster, Première ministre de l'Irlande du Nord, issue du Parti unioniste démocrate.
Arlene Foster, Première ministre de l’Irlande du Nord, issue du Parti unioniste démocrate. © Flickr CC

Nouveaux remous politiques en vue pour l’Irlande du Nord en cette année 2017, 19 ans après les accords du Vendredi Saint qui mettaient fin à 29 ans de luttes entre unionistes et nationalistes, un conflit interminable qui avait fait 3480 morts. Le 16 janvier dernier, le vice-président Martin McGuinness, ancien de l’IRA et emblématique négociateur des accords de paix pour le Sinn Féin, a en effet annoncé sa démission du gouvernement nord-irlandais. Ce départ surprise a de fait entraîné la chute de la Première ministre, Arlene Foster du Parti unioniste démocrate (DUP). Les accords de 1998 prévoient en effet que si l’un des deux dirigeants de la coalition qui se partage le pouvoir démissionne, cela entraîne automatiquement la chute du gouvernement.

Officiellement, le désormais ancien vice-président reproche à Mme Foster de s’accrocher au pouvoir malgré les accusations dont elle fait l’objet dans le dossier « Cash for ash » qu’elle avait mis en place en 2012 alors qu’elle était à l’époque ministre des entreprises et des investissements. Il s’agit d’un gigantesque scandale de subventions d’énergies renouvelables qui s’avère être un gouffre financier de 460 millions d’euros de perte pour le contribuable.

Mais au-delà de cet argument, cette démission est surtout l’aboutissement de tensions croissantes entre les deux camps se partageant le pouvoir, la question du Brexit étant au centre de toutes les discussions depuis l’an dernier. La province nord-irlandaise a en effet voté à 56% pour le remain, et depuis le scrutin bon nombre de Nord-Irlandais toujours acquis à la réunification avec l’Irlande républicaine s’inquiètent de voir la frontière avec leurs voisins du Sud être clôturée du fait de l’appartenance de ces derniers à l’UE. Un symbole qui viendrait ranimer sans aucun doute de biens mauvais souvenirs aux Nord-Irlandais et principalement aux nationalistes.

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Prévues le 2 mars prochain, ces élections anticipées sont plus qu’incertaines. Le DUP et le Sinn Féin devraient sans surprise se partager à nouveau le pouvoir, mais dans quelles conditions ? Martin McGuinness qui souffre de problèmes de santé récurrents ne semble pas en position de se représenter et son parti n’a pas encore communiqué sur le nom d’un possible successeur. Quant à Arlene Foster, le DUP l’a d’emblée présentée comme à nouveau candidate, mais son implication dans l’affaire « Cash for ash » constitue désormais un sérieux obstacle dans le cadre d’une éventuelle coalition avec le Sinn Féin. L’île apparaît donc aujourd’hui très divisée, d’autant plus que ce coup de force du parti nationaliste est pour beaucoup une réponse de ce dernier à ses militants qui jugeaient l’action d’apaisement du Sinn Féin avec le DUP bien trop molle dans le cadre de l’objectif originel du parti : une Irlande unifiée.

Résultats : statu-quo électoral et crise interminable

L’élection du 2 mars 2017 a confirmé la nette domination du DUP (unioniste) et du Sinn Féin (républicain) mais aussi les profondes divergences entre ces deux partis qui se partagent ainsi, presque à égalité, 55 des 90 sièges du parlement d’Irlande du nord. Depuis ce scrutin, ces deux partis se montrent incapables de s’accorder pour former un nouveau gouvernement et le poste de Premier ministre est vacant. Si la possibilité d’une prise de contrôle directe de Londres (direct rule) est autorisée, cette option n’a pas encore été utilisée et les négociations continuent, sans toutefois grand espoir de succès.

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Pays-Bas : Geert Wilders, une victoire pour rien ?
Geert Wilders, proche de Marine Le Pen,est à la tête du parti europhobe et anti-islam Parti de la Liberté. © European Union 2014

Le 15 mars prochain, les Néerlandais voteront pour renouveler les 150 membres de leur Parlement. Ce sont des élections législatives à haut risque, comme partout ailleurs en Europe en cette année qui assiste à la montée en puissance des partis populistes, et la société est très fragmentée. C’est le Parti de la Liberté (PVV), dirigé par Geert Wilders, parti anti-Islam et très eurosceptique, qui est en tête dans les sondages.

Les partis traditionnels sont, depuis quelques années maintenant, largement désavoués par l’électorat néerlandais, ce qui laisse présager une nette victoire pour Geert Wilders et ses partisans. Cependant, la fragmentation de l’échiquier politique, due au système proportionnel en vigueur pour les élections législatives, pourrait bien ne pas jouer en faveur de ce parti qui prône la sortie des Pays-Bas de l’Union européenne. En effet, le PVV n’est pas assuré de remporter une majorité suffisante à la constitution d’un gouvernement qu’il mènerait, et selon certains, il n’est même pas certain qu’il réussisse à faire partie de la coalition qui sera constituée après le 15 mars.

Le plus probable est que le PVV obtienne environ 35 sièges, ce qui signifierait plus du double de ceux qu’il possède déjà et serait donc une victoire en soi. Mais pour avoir la majorité dans la Chambre des représentants, il faut 76 sièges, et il n’est pas impossible que quatre ou cinq partis doivent s’allier afin de réussir à constituer un gouvernement. Geert Wilders pourrait donc se retrouver isolé au sein d’un paysage politique globalement pro-européen qui cherchera à constituer un gouvernement en excluant le PVV de la coalition. Si les dirigeants européens actuels pourraient se réjouir d’un futur gouvernement dans lequel ne figurerait pas Geerts Wilders, il semble difficile de renier à un parti ayant obtenu plus de 20% le droit de porter au pouvoir au moins une partie de son programme, que l’on partage ses idées ou non.

Résultats : crise politique malgré une faible extrême-droite

Annoncé en forte hausse, Geert Wilders et le PVV n’ont finalement remporté que 13,1% des voix (20 sièges). L’effondrement du parti travailliste (PvdA) empêche toutefois la reconduction de la « grande coalition » formée avec le VVD (libéral) du Premier ministre sortant Mark Rutte. Alors que 13 partis ont obtenu des sièges au Parlement, les négociations ont pour l’instant échoué à constituer un nouveau gouvernement. Des élections anticipées seront convoquées si à la mi-septembre aucune solution n’est trouvée.

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Bulgarie – Des europhobes au pouvoir ?

En novembre 2016, les Bulgares avaient été appelés aux urnes pour élire leur nouveau Président de la République. La Bulgarie est un état où l’exécutif et le législatif se partagent le pouvoir : le Président nomme le Premier ministre (qui doit être approuvé par le Parlement), et dispose d’un droit de veto sur les textes de loi (droit de veto qui peut être contourné si le Parlement

Tsetska Tsatcheva, ancienne Présidente de l'Assemblée nationale, a perdu face à l'eurosceptique Roumen Radev. © CC Vassia Atanassova
Tsetska Tsatcheva, ancienne Présidente de l’Assemblée nationale, a perdu face à l’eurosceptique Roumen Radev. © CC Vassia Atanassova

vote une seconde fois le texte). Mais l’harmonie entre le chef des armées et la chambre monocamérale semble compromise, tant la Bulgarie est aujourd’hui dans une période de troubles politiques. En 2016, le socialiste Roumen Radev remporte haut la main les élections présidentielles, face à la Présidente de l’Assemblée nationale, Tsetska Tsatcheva. Cette dernière défendait un parti de centre droit pro-européen, le GERD (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie), tandis que Roumen Radev, proche de la Russie, a usé d’un argumentaire surfant sur l’euroscepticisme actuel : Brexit, guerre en Ukraine, crise de l’Euro, situation dramatique de la Grèce…

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Boïko Borissov, fondateur du GERD et Premier ministre, donne sa démission suite à la défaite de son parti. Il est remplacé par Ognyan Guerdjikov, un juriste qui avait participé à la création d’un parti politique autour de l’ancien roi de Bulgarie, Siméon de Saxe-Cobourg-Gotta, qui après cinquante ans d’exil, était revenu occuper le poste de Premier ministre de la Bulgarie. Les élections législatives anticipées qui auront lieu le 26 mars désigneront les 240 députés bulgares. Pour qu’un parti obtienne des sièges, il doit obtenir au moins 4% des voix au niveau national. Le Président devra choisir un Premier ministre issu du Parti gagnant, et celui-ci aura une semaine pour constituer un gouvernement qui devra être approuvé par l’Assemblée nationale. S’il n’y parvient pas, le Président désigne une personne issue du second groupe le plus important, et en cas d’échec, le Président peut proposer le gouvernement de son choix.

Or depuis plusieurs années, le GERD parvient toujours à remporter les élections, mais les partis plus traditionnels ne souhaitant pas voir le parti pro-européen l’emporter, ils constituent des coalitions. Dans les sondages, le GERD et le Parti socialiste sont au coude à coude pour remporter les élections. Mais il faudra compter avec les partis populistes, comme Bulgarie sans censure ou L’Union nationale Attaque, qui pourraient vouloir se lier avec d’autres partis d’obédience nationaliste pour contrer les socialistes ou les europhiles. Alors que le pays fêtera les dix ans de son entrée dans l’Union européenne, tombera-t-il aux mains d’opposants radicaux à la politique communautaire ? Réponse en mars.

Résultats : Le Premier ministre sortant reconduit

Le GERD est arrivé en tête du scrutin avec 32,65% des voix, ce qui a permis au Premier ministre sortant – Boïko Borissov – d’être reconduit dans ces fonctions. Ayant refusé de s’allier avec les partis de la minorité turque, il a formé une coalition avec Patriotes unis, un regroupement de partis nationalistes, pour obtenir une majorité au Parlement.

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Royaume-Uni – Quel avenir pour les travaillistes ?

En mai prochain auront lieu les élections locales. En 2014, UKIP, parti anti-européen, remportait les élections européennes au Royaume-Uni. Pour la première fois depuis la Première guerre mondiale, le vote n’était remporté ni par les conservateurs, ni par les travaillistes. Et 2016 semble avoir vu l’avènement de cette vague eurosceptique avec le choc du Brexit. En mai, le Brexit sera à nouveau un des éléments centraux de la campagne. Aujourd’hui, la plupart des sièges du British Council sont encore occupés par des conservateurs et chaque siège gagné ou perdu sera significatif pour les négociations du Brexit.

Le maire de Londres, Sadiq Khan. Les travaillistes pourraient perdre des élus cette année. © CC Chris Beckett
Le maire de Londres, Sadiq Khan. Les travaillistes pourraient perdre des élus cette année. © CC Chris Beckett

Qu’en est-il aujourd’hui et qu’annoncent les élections locales de mai 2017 ? En 2016, Lib Dems, le parti des libéraux démocrates, plutôt europhile et opposé au Brexit a su gagner de nouveaux sièges au cours des élections, mais c’est aussi le cas pour Ukip, le parti anti-immigration et eurosceptique qui milite pour une indépendance du Royaume-Uni. Après une forte baisse de leur popularité jusqu’en 2014, ne leur laissant que huit députés, l’enjeu est de taille pour eux cette année. L’idée sera notamment de tenter une poussée majeure contre le parti travailliste dans le nord du pays en profitant du sentiment anti-européen de cette région. 

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Concernant le parti travailliste, celui-ci avait perdu 18 sièges l’an dernier, mais Sadiq Khan a tout de même été élu maire de Londres. Ian Lavery, nouveau coordinateur de la campagne du parti, est assez confiant, mais cette année, le résultat risque pourtant d’être beaucoup plus négatif pour les travaillistes au vue des sondages d’opinion : le parti travailliste apparaît beaucoup moins populaire qu’en mai dernier. A ceci s’ajoute la question de l’avenir de Jeremy Corbyn à la tête du parti. Son élection avait d’abord suscité intérêt et enthousiasme, mais aujourd’hui, après diverses déclarations ambiguës, il semble plutôt provoquer l’inquiétude sur sa véritable position à gauche. Lors du vote de la sortie du pays de l’UE et du marché unique par les députés britanniques le 9 février dernier, sans avoir obtenu aucune concession, la position en faveur de l’article 50 de M. Corbyn a surpris. Le député Kenneth Clarke a ainsi fait remarqué que le parti qui avait autrefois exclu Enoch Powell pour racisme est aujourd’hui devenu « anti-européen et anti-immigrants ». Face à cela, la démission de Tristram Hunt, député de la circonscription de Stoke-on-Trent Central montre les futures divisions qui pourraient découler d’un ressentiment face au chef du parti. Nigel Farage, ancien chef de Ukip, a ainsi prédit l’avenir des travaillistes : « Labour is doomed ». Une perte de sièges dans les circonscriptions de Copeland et de Stoke-on-Trent signifierait effectivement une perte existentielle pour le parti.

Résultats : les travaillistes ne sont pas morts !

Les élections locales britanniques du 4 mai 2017 ont mis en évidence deux enseignements : d’une part une relative baisse du parti travailliste, principalement au profit des conservateurs et, d’autre part, une importante poussée des Tories en Écosse, région dans laquelle il réalisait jusque-là des scores assez faibles. Cette poussée au dépend du Parti national écossais (SNP) illustre peut-être la froideur d’une partie des habitants de cette région vis-à-vis de la ligne pro-indépendance du SNP face à un parti conservateur qui, dans sa version écossaise, est clairement plus pro-européen que les Tories anglais.

A la surprise générale, la Première ministre Theresa May annonçait le 18 avril la convocation d’élections législatives anticipées afin de renforcer sa courte majorité (330 sur 650) à la Chambre des communes et gagner ainsi en marges de manœuvre potentielles dans l’optique des négociations sur le Brexit. Profitant d’un parti travailliste qui semblait affaibli par la ligne désormais très à gauche de son leader Jeremy Corbyn, Theresa May semblait avoir réalisé un très bon coup.

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Mal lui en a pris. Au terme d’une campagne calamiteuse, la Première ministre n’a non seulement pas renforcé sa majorité mais elle l’a même perdu. Avec 317 sièges, il lui en manque une dizaine pour gouverner. Longtemps moqué, Jeremy Corbyn a donc permis au Parti travailliste de gagner de nombreux sièges avec un ligne politique très éloignée du blairisme. Constituer un gouvernement lui est toutefois impossible, tant il faudrait rassembler de partis différents pour réunir une contre-majorité. Tiraillée entre partisans d’un hard et d’un soft Brexit au sein de son propre parti, Theresa May doit sans cesse composer. Elle s’est alliée avec le parti unioniste d’Irlande du Nord (DUP, 10 sièges) pour constituer un gouvernement qui reste cependant très faible. Pari perdu.

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Finlande – Des municipales bientôt oubliées ?
Timo Soini, le leader du parti des Vrais Finlandais. © CC Ppntori
Timo Soini, le leader du parti des Vrais Finlandais. © CC Ppntori

En Finlande, les principaux partis ont déjà commencé à préparer les élections municipales, qui auront lieu le 9 avril prochain. Les Finnois seront appelés à voter entre le 29 mars et le 4 avril, afin d’élire les 297 conseillers municipaux pour les quatre prochaines années. Alors qu’elles se déroulent généralement dans le calme, cette année, les élections semblent prendre un nouveau tournant.

Depuis un an, le gouvernement en place de Sauli Niinistö (Parti du Centre) a introduit de nouvelles strates, créant 18 nouvelles régions autonomes, absorbant alors plus de la moitié du budget accordé et surtout, des responsabilités. Aujourd’hui, il reste très peu de personnalités reflétant les intérêts de la population, à ce niveau.

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Alors qu’aux dernières élections municipales, on avait pu assister à la grande percée du parti des Vrais Finlandais, considéré comme populiste et eurosceptique, ces derniers mois, c’est le Parti Centre qui a été au cœur des débats pour ces élections. Tandis que les Vrais Finlandais ont tenu de nombreux propos racistes, le parti du Centre a lui, aussi, commis de nombreuses erreurs de gestion. Deux ans auparavant, le parti du Centre avait obtenu 21,1 % et les Vrais Finlandais 17,7 %. Mais cette année, les sondages de janvier donnent aux deux parties, 19% et 8,8%. Et aujourd’hui, ce sont les sociaux-démocrates, dans l’opposition, qui sont devenus le plus grand parti avec 20,4 %. Un chiffre qui dérange de plus en plus tous les partis du gouvernement.

Avec le changement de hiérarchisation régionale, ainsi que la très faible émergence d’un grand parti en Finlande, ces prochaines municipales semblent être déjà très incertaines.

Résultats : l’extrême-droite en net repli

Les partis de la coalition au pouvoir ont tous perdu des sièges au cours de ce scrutin municipal. Si le Parti du centre (libéral) et le Parti de la coalition nationale (droite) ont vu leur nombre de conseillers municipaux baissés, ce sont les Vrais finlandais (extrême-droite) qui ont le plus perdu de plumes (plus de la moitié de leurs conseillers). Echaudé par de tels résultats, ce parti a quitté le gouvernement. Afin de conserver sa majorité, le Premier ministre libéral Juha Sipilä s’est allié avec la Réforme bleue, une scission des Vrais finlandais, restée fidèle à la coalition au pouvoir. Les écologistes de la Ligue verte sont en fait le seul grand parti à avoir gagné des sièges au cours de ce scrutin.

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France – De surprises en surprises

Jusqu’à très récemment, l’élection présidentielle française semblait être sans surprise : François Hollande se représenterait peut-être, dans le cas contraire, son bras droit, Manuel Valls, le remplacerait et ferait troisième, derrière une Marine Le Pen immuable, et un vainqueur de la primaire de la droite incontournable, tel Nicolas Sarkozy ou

Emmanuel Macron, l'outsider pro-européen. © © European Union 2014
Emmanuel Macron, l’outsider pro-européen. © © European Union

Alain Juppé. Mais le vainqueur de la primaire de la droite a été François Fillon, celui auquel personne ne s’attendait. Avec une ligne de droite dure et une image d’honnêteté et de rigueur, l’ancien Premier Ministre de Nicolas Sarkozy a déjoué les sondages, et s’est retrouvé durant plusieurs semaines en pole position pour la présidence. Jusqu’à ce que le Canard enchaîné révèle les petits arrangements qu’il a mis en place pour sa femme : un salaire de 800 000 euros sur huit ans, pour un poste d’attachée parlementaire dont aucune preuve réelle n’existe. Branle-bas de combat à droite, l’incertitude plane aujourd’hui : François Fillon se retirera-t-il ? Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ont déjà déclaré qu’ils ne seraient pas califes à la place du calife. 

A gauche, les pronostics ont aussi été déjoués. Emmanuel Macron, entré en politique en 2012, a tué le père en quittant le gouvernement pour lancer son mouvement, En Marche, et sa course vers la présidentielle. Après la résignation de François Hollande, considérée comme une preuve de courage pour certains, d’aveux de faiblesse pour d’autres, Manuel Valls a lui aussi décidé de s’émanciper, persuadé d’avoir devant lui un boulevard vers la tête du PS. Une fois encore, l’issue du résultat a été une surprise : Benoît Hamon, frondeur défenseur d’une gauche forte, au programme atypique (revenu universel, légalisation du cannabis) a largement battu Manuel Valls. Le champion du PS se marque donc dans une ligne politique clairement à gauche, pas si éloignée de celle de Jean-Luc Mélenchon, candidat régulier -et malheureux- à la présidentielle. Toujours à gauche, Yannick Jadot défend discrètement la couleur verte, mais n’ayant pour le moment largement pas obtenu les parrainages nécessaires, il pourrait vouloir se rapprocher de Benoît Hamon pour assurer à EELV une place au gouvernement. 

A droite toute ! avec Nicolas Dupont-Aignan, lui aussi récidiviste de la candidature à petit impact. Malgré ses scores tournant autour de 1 ou 2%, le candidat de “Debout la France” persiste et signe : la prochaine fois, vraiment, ça sera sa fois à lui. Jacques Cheminade réitère aussi, proposant une fois de plus son programme conspirationniste et loufoque, avec pour première mesure la construction d’un couloir thermonucléaire reliant la Terre à Mars. Marine Le Pen inquiète bien davantage, elle qui est considérée depuis plusieurs années comme une candidate extrêmement sérieuse. Avec ses 17% en 2012, il est extrêmement probable que la représentante du Front National arrive au second tour. Et même si on peut imaginer un sursaut national reproduisant le modèle de 2002 (plus de 80% des Français avaient voté contre son père, pour Jacques Chirac), un tel scénario laisserait craindre une multiplication des députés frontistes. Car deux mois après la présidentielle, ce sont bien les législatives qui permettront de constituer le nouveau parlement français. Et si l’exécutif français, une exception dans le paysage politique européen, est bien plus médiatisé, c’est l’Assemblée nationale et le Sénat qui décideront de l’orientation politique en France pour le quinquennat à venir.

Résultats : Macron, une victoire démultipliée

Quasi-inconnue il y a trois ans, Emmanuel Macron est donc devenu Président de la République. Il obtient une large majorité au second tour, capitalisant sur la peur du Front national et le débat d’entre-deux-tour complètement raté de Marine Le Pen. Cependant sa victoire ne doit pas occulter l’étroitesse de sa base électorale. Car avec seulement 24,01% au premier tour, Emmanuel Macron n’était pas si loin de ses principaux adversaires (Le Pen, Fillon et Mélenchon) qui récoltait chacun près de 20% des voix.

Favorisé par un mode de scrutin non-proportionnel – une quasi-exception dans l’Union européenne – le parti d’Emmanuel Macron (La République en marche) a obtenu une confortable majorité (314 sièges sur 577) à l’Assemblée nationale à l’issue d’élections législatives marquées par une abstention historique. Il n’a même pas besoin de l’apport du MoDem (47 sièges) avec lequel il forme une coalition ni même de la bienveillance des Constructifs (35 sièges) pour voter les lois. Les Républicains (100 sièges) et le Parti socialiste (31 sièges) sortent des législatives très affaiblis et particulièrement divisés sur la ligne politique à adopter tout comme le FN (8 sièges), assez inaudible sans groupe parlementaire. C’est ainsi la France insoumise, particulièrement efficace pour capter l’attention médiatique, qui parvient à incarner la principale opposition, sans toutefois disposer de réels marges manœuvres pour menacer la majorité En Marche puisque son groupe n’est composé que de 17 députés.

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Les élections sénatoriales du 24 septembre 2017 qui permettront de renouveler la moitié de la Chambre haute ne devraient pas remettre en cause la majorité de droite et de centre-droit de cette assemblée aux pouvoirs relativement limités. Toutefois, LREM espère gagner des sièges et faire grandir son groupe qui n’est constitué que de 18 sénateurs, essentiellement élus à l’origine sous la bannière socialiste. Dans ce scrutin indirect où ne vote que des élus (délégués des conseils municipaux, conseillers départementaux et régionaux et les parlementaires nationaux), la partie ne sera pas facile pour les marcheurs qui doivent affronter de nombreuses dissidences et divisions entre PRG, MoDem, UDI et Constructifs. Désavantagé par le mode de scrutin, le FN ne devrait pas avoir d’élus supplémentaires, il a actuellement deux sénateurs.

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Hongrie – Le Fidesz tout puissant

Le 13 mars 2017, les 199 membres de la Diète hongroise éliront le président de la République. C’est en effet aux seuls

János Áder, le Président actuel, appartient au Fidesz et devrait être réélu sans problème. © CC
János Áder, le Président actuel, appartient au Fidesz et devrait être réélu sans problème. © CC

députés de ce Parlement composé d’une seule chambre qu’il revient le droit de désigner le chef de l’État hongrois. Celui-ci est élu pour cinq ans, renouvelable une fois et dispose de pouvoirs limités, essentiellement de nature honorifique et protocolaire. Possédant le droit de grâce et proposant le nom du premier ministre et des principales fonctions politiques du pays, il peut dissoudre le Parlement et faire vérifier la conformité d’une loi auprès de la Cour constitutionnelle. Il est aussi Commandant en chef de l’armée hongroise et représente la Hongrie dans de nombreuses visites d’État aux quatre coins du monde.

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Depuis 2012, ce poste est occupé par János Áder, un juriste de 57 ans, ancien député européen et membre fondateur du Fidesz, le parti du premier ministre Viktor Orbán qu’il a même présidé entre 2002 et 2003. S’il s’est parfois distingué par son refus de promulguer certaines lois symboles des dérives populistes et extrémistes de son parti, il a tout de même été désigné comme candidat à sa propre succession par la coalition gouvernementale. Constituée du Fidesz et du KDNP, le parti populaire démocrate-chrétien, elle dispose d’une très large majorité à la Diète hongroise, 131 sièges sur 199. Une telle domination sur plus des deux tiers du Parlement devrait permettre au président Áder d’être réélu dès le premier tour de scrutin. Cela semble d’ailleurs d’autant plus probable que l’opposition apparaît en ordre dispersée. A la droite du Fidesz, le Jobbik (extrême droite) prône une politique encore plus radicale tandis que de l’autre côté de l’arc politique se trouve une myriade de partis de gauche, de l’écologie et du centre qui ne contrôle pas plus de 1/6 de la Diète.

Si le Fidesz a subi un réel échec dans l’absence d’un taux de participation suffisant pour faire valider son référendum anti-réfugiés, le 3 octobre 2016, cette élection au scrutin indirect devrait lui permettre de réaffirmer son hégémonie politique sur le pays.

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Résultats : un scrutin sans surprise.

Les rapports de force entre les partis politiques ont été parfaitement respectés dans ce scrutin. Les 131 députés de la coalition au pouvoir ont tous voté en faveur de János Áder, lui accordant ainsi une nette victoire, au second tour de scrutin. László Majtényi, un juriste indépendant candidat de l’opposition à la gauche du Fidesz a été, sans surprise, clairement battu tandis que les députés du Jobbik se sont abstenus.

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Allemagne – Quatre ans de plus pour la Grande coalition ?
Martin Schulz et Angela Merkel, deux figures charismatiques d'une Allemagne fractionnée. © European Union 2014
Martin Schulz et Angela Merkel, deux figures charismatiques d’une Allemagne fractionnée. © European Union

En septembre prochain, Angela Merkel se présentera pour la quatrième fois au poste de chancelière allemande. À l’occasion de ces élections les 630 sièges du Bundestag seront renouvelés. Annoncée en novembre, sa candidature n’était alors pas une surprise, surtout au vu des sondages qui lui étaient favorables. Mais le dramatique attentat sur le marché de Noël du 19 décembre dernier lui a valu une série de fortes critiques provenant notamment de l’aile droite de son parti, la CDU/CSU. Se présentant comme la candidate qui souhaite défendre la démocratie et les différentes libertés, elle a également subi les foudres du nouveau parti d’extrême-droite l’AfD (Alternative für Deutschland). Ce parti, mené par Frauke Petry, pourrait être l’une des surprises du scrutin. Surfant sur l’arrivée des réfugiés et dénonçant à tout va la politique d’asile de Mme Merkel, il a obtenu des résultats impressionnants durant les différentes élections tenues en 2016. Il est désormais représenté dans la moitié des parlements régionaux et beaucoup lui prédisent entre 10 et 15%.

À gauche, le Parti social-démocrate (SPD), principal parti susceptible de faire chuter Angela Merkel, occupe également le pouvoir au sein de la fameuse Grande coalition. Sigmar Gabriel, vice-président de cette Grande coalition et président du SPD semblait être le candidat tout désigné. Mais devant une popularité en berne, il s’est résigné à laisser sa place à Martin Schulz, l’ancien président du Parlement européen. Une candidature qui risque d’être malmenée sur sa gauche. À l’image de l’AfD avec la CDU de Merkel, le SPD subit la concurrence des écologistes des Verts, et de la gauche radicale de Die Linke. Malgré tout, si le SPD était en chute libre à la fois dans les sondages mais aussi au cours des derniers résultats électoraux – lors des élections régionales en Saxe-Anhalt et au Bade-Wutemberg en 2016, les sociaux-démocrates ont ainsi perdu respectivement 11% et 10,5% de voix par rapport aux précédents scrutins – le début de l’année 2017 marque un certain retour au premier plan. Sous la houlette de M. Schulz, le SPD reprend espoir à quelques mois du vote et des sondages indiquent que l’écart se réduit avec Mme Merkel.

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Dans tous les cas, la perspective d’une nouvelle Grande coalition semble à nouveau l’issue la plus probable. D’autant plus que le parti de la chancelière a soutenu le candidat du SPD, Franck-Walter Steinmeier, ancien ministre des Affaires étrangères de Mme Merkel, lors de l’élection au poste de président le 12 février dernier.

Toutefois, les résultats de plusieurs élections régionales au cours de l’année 2017 et des sondages redevenus assez défavorables semblent annoncer de mauvais résultats pour le SPD. La victoire de la CDU/CSU d’Angela Merkel paraît acquise et la principale question désormais se situe davantage dans le nom de son partenaire de coalition. Car derrière le SPD, les Verts et les Libéraux du FDP semblent être deux candidats potentiels tant Angela Merkel n’aura pas forcément besoin d’un partenaire électoralement puissant au vu de sa probable très nette avance.

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Portugal – Un test pour les « rose-rouge-rouge »

Comme tous les quatre ans, les 4,6 millions d’électeurs portugais seront convoqués aux urnes le 1er octobre pour des élections locales. Celles-ci viseront à élire à la fois le président et les membres de l’assemblée municipale (organe délibératif) et le maire et les membres de la chambre

En 2015, les Portugais avaient fait confiance aux communistes. Ici, Jerónimo de Sousa, secrétaire-général de la Coalition démocratique unitaire. © CC
En 2015, les Portugais avaient fait confiance aux communistes. Ici, Jerónimo de Sousa, secrétaire-général de la Coalition démocratique unitaire. © CC

municipale (organe exécutif) des 308 municipalités portugaises. Mais cette élection permettra également d’élire le président et les membres des 3092 freguesia, la plus petite entité administrative du Portugal, sans équivalent dans les pays non-lusophones. Ces élections auront valeur de test pour le parti socialiste, qui gouverne le pays depuis un an et trois mois, et contrôle près de la moitié des municipalités.

En novembre 2015, le PS portugais a en effet préféré s’appuyer sur les écolo-communistes de la Coalition démocratique unitaire et les membres du Bloc de gauche (gauche radicale) pour former un nouveau gouvernement plutôt que de soutenir le premier ministre pro-austérité de centre-droit Pedro Passos Coelho qui ne disposait plus de la majorité absolue au Parlement. A l’heure où la social-démocratie cherche partout à se réinventer,  le Portugal fait figure de laboratoire politique. Mais si des grilles de lectures nationales peuvent être mises en avant, il s’agit d’abord d’élections dans lesquelles les particularismes locaux et les spécificités de chaque municipalité et freguesia vont aussi jouer un grand rôle. Cela se matérialise notamment depuis plusieurs années par la multiplication des candidats indépendants, parfois apolitiques, le plus souvent en bisbille avec leur ancien parti.

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Autriche – L’extrême-droite dans la future coalition ?
Sebastian Kurz est, depuis 2013, ministre de l’Europe, de l’Intégration et des Affaires étrangères.

Devant initialement se tenir en 2018, les élections législatives autrichiennes ont finalement été avancées au dimanche 15 octobre et permettront de renouveler les 183 députés du Conseil national. Alors que le pays est gouverné depuis 2006 par une « grande coalition » réunissant les sociaux-démocrates du SPÖ du Premier ministre sortant Christian Kern et les démocrates-chrétiens du ÖVP, ce scrutin devrait sonner le glas de ce type de majorité.

Dans un pays aux très bonnes performances économiques et où la question migratoire a pris une place décisive dans le débat public, le ÖVP – en tête dans les sondages – semble décider à mettre fin à la « grande coalition ». Alors que les libéraux du NEOS mais surtout les Verts du Président de la République Alexander Van der Ballen avaient brillés lors de la dernière présidentielle, leurs scores s’annoncent beaucoup plus réduit, d’autant qu’une partie des écologistes a créé un nouveau parti.

Le jeune leader ÖVP Sebastian Kurz (31 ans) n’exclut pas de constituer une majorité avec les europhobe et anti-immigration du FPÖ, partenaire du Front national au Parlement européen. Il est vrai qu’en Autriche n’existe pas de « cordon sanitaire » entre droite et extrême-droite, celle-ci a en effet déjà gouvernée au sein de coalition, notamment entre 2000 et 2005. A défaut de gagner les élections seules comme en France, aux Pays-Bas ou en Allemagne, c’est donc en partageant le pouvoir que l’extrême-droite pourrait atteindre les palais du pouvoir en 2017.

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République Tchèque – Entre influence hongroise et attraction allemande
Bohuslav SOBOTKA, le premier ministre Tchèque, n'est pas opposé à Bruxelles, mais se laisse séduire par le groupe de Visegrad. © European Union
Bohuslav SOBOTKA, le premier ministre Tchèque, n’est pas opposé à Bruxelles, mais se laisse séduire par le groupe de Visegrad. © European Union

Le 20 octobre, les Tchèques éliront leurs représentants au Parlement. La chambre des députés est constituée de 200 élus, pour un mandat de quatre ans. Le Sénat est composé de 81 élus pour six ans, dont le mandat est renouvelé par tiers tous les deux ans. Ce petit pays entré dans l’Union européenne en 2004 a connu le taux de croissance le plus fort de l’UE en 2015, avec 4%, avant un essoufflement immédiat. Aujourd’hui, la République tchèque est tiraillée entre les appels du pied de l’Allemagne, qui continue à y délocaliser ses usines, et le groupe de Visegrád (République tchèque, Hongrie, Pologne, Slovaquie), qui se montre de plus en plus hostile à l’Europe. Le poids de Viktor Orbán, notamment, sur la position de ces quatre États, concernant la politique européenne d’accueil des migrants, provoque entre la Tchéquie et Bruxelles une rupture.

En 2013 déjà, le Parlement avait été très fractionné, représentant pas moins de sept partis. Traditionnellement, les partis se rapprochent les uns des autres et forment des coalitions, mais durant le dernier mandat, la constitution d’une majorité a été extrêmement compliquée. Le tout récent parti ANO 2011, fondé par le multimilliardaire Andrej Babiš, a créé la surprise en arrivant deuxième, derrière le parti social-démocrate. Les deux partis ont formé avec l’Union chrétienne démocrate une coalition, avec à sa tête Bohuslav Sobotka, qui sans être farouchement opposé à Bruxelles, n’en est pas non plus son grand défendeur. En quelques années, le parti ANO 2011 s’est maintenu, et a été accepté au Parlement européen, dans le groupe ALDE. Pourtant, ANO 2011 est relativement eurosceptique, rejetant toute politique migratoire, l’entrée de la République tchèque dans Schengen et l’adoption de l’Euro et s’opposant à toute avancée de l’intégration européenne.

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L’Union européenne est d’ailleurs encore un concept assez flou pour les Tchèques : les derniers eurobaromètres montrent que le principal reproche adressé par la Tchéquie à l’Union est son manque de transparence, sa bureaucratie, et la difficulté des citoyens européens à se faire entendre. Mais contrairement aux nombreux pays où ce sentiment est partagé, les Tchèques se sentent relativement déconnectés de leurs propres institutions politiques. C’est pourquoi aucun sondage ou prévision ne peut pour le moment être pris au sérieux, les Tchèques n’ayant traditionnellement pas une culture politique suffisante, des mois à l’avance. Les élections sont bien plus émotives, et la préoccupation majeure des Tchèques semble être aujourd’hui la peur des attentats. La tentation populiste peut y être forte.

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Slovénie – Le bon élève de l’Europe

Après l’éclatement de la Yougoslavie, la Slovénie a fait figure de bon élève : rapidement, des élections transparentes ont permis d’élire de multiples partis à la tête de cet État

Borut PAHOR, président de la Slovénie, a toutes les chances d'être réélu. © European Union
Borut PAHOR, président de la Slovénie, a toutes les chances d’être réélu. © European Union

stable et démocratique, où la presse est libre. La Slovénie est membre de l’ONU et du Conseil de l’Europe depuis le début des années 1990, et fait parti de l’Union européenne depuis l’élargissement de 2004. Le gouvernement est toujours constitué d’une coalition des partis arrivés en tête aux législatives.

Le Président actuel, Borut Pahor, a d’abord rejoint la Ligue des communistes dans sa jeunesse, avant d’être élu Président de la Liste unie des sociaux-démocrates (ZLSD). Député, Président de l’Assemblée nationale, il démissionne pour siéger au Parlement européen lors des premières élections européennes de la Slovénie, en 2004. Après avoir refusé de se présenter à la Présidence de la République en 2007, alors qu’il faisait office de favori, il est finalement élu Président en 2012, avec 40% des voix au premier tour, et plus de 60% au second tour. Il a la possibilité de se représenter, cette année, lors de la présidentielle qui se tiendra le 22 octobre prochain.

Contre lui, on attend l’ancien Premier ministre Janez Janša, du parti de centre droit catholique SDS. Il a été condamné en 2014 à deux ans de prison ferme pour corruption, avant que cette décision ne soit annulée par la Cour constitutionnelle en 2015, mettant fin à sa détention. Enfin, Zmago Jelinčič Plemeniti, fondateur du Parti nationaliste slovène, pourrait se présenter pour la troisième fois à l’élection présidentielle. Si ce parti d’extrême droite, populiste et europhobe, ne parvient pas à prendre de sièges à l’Assemblée nationale ni aux élections européennes, son président, proche de Jean-Marie Le Pen, séduit de plus en plus : en 2002, il obtient 8% des suffrages, puis en 2007, il obtient 20% des voix. La Slovénie, qui était en récession pendant plusieurs années avant de réussir à stabiliser sa croissance en 2014, pourrait basculer d’un régime politique de centre, formé de nombreuses coalitions, à un populisme europhobe bien en vogue dans la région.

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Italie – le flou le plus total
Le nouveau Président du Parlement européenne Antonio Tajani et le Premier ministre Paolo Gentiloni. © European Union
Le nouveau Président du Parlement européenne Antonio Tajani et le Premier ministre Paolo Gentiloni. © European Union

Depuis le 4 décembre 2016 et l’échec du référendum constitutionnel porté par Matteo Renzi, le premier ministre italien de l’époque, l’Italie connaît une situation politique assez compliquée. En effet, la semaine suivant le vote, le gouvernement a changé et c’est Paolo Gentiloni, l’ancien ministre de l’intérieur, qui a succédé à Matteo Renzi. Cependant, la grande majorité des membres du gouvernement Renzi ont conservé leur poste dans le gouvernement Gentiloni, ce qui est dénoncé par les partis de l’opposition comme une indifférence des dirigeants vis-à-vis des Italiens qui se sont clairement prononcés en décembre 2016 contre Renzi et son gouvernement. C’est ainsi que Beppe Grillo, chef du Mouvement Cinq Étoiles, et Matteo Salvini, à la tête de la Ligue du Nord, les deux partis de l’opposition eurosceptiques et populistes, demandent l’organisation d’élections anticipées. Les prochaines élections « politiques » – c’est ainsi que les Italiens appellent les législatives – sont prévues pour 2018, mais on ne sait pas si le Président de la République, Sergio Mattarella, seule personnalité autorisée à dissoudre le Parlement et ainsi à décider de l’organisation d’élections  anticipées, réussira à supporter les pressions exercées par ces partis d’opposition qui déstabilisent complètement l’activité politique du pays, notamment au sein des chambres.

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Roumanie – Les dernières élections contestées

Les élections législatives roumaines n’ont que deux mois, et pourtant la population souhaite d’ores et déjà retourner aux urnes. Après la victoire des sociaux-démocrates, le

Manifestations en Roumanie pour demander la démission du gouvernement Grindeanu. © Twitter
Manifestations en Roumanie pour demander la démission du gouvernement Grindeanu. © Twitter

Président libéral Klaus Iohannis a designé Sorin Grindeanu au poste de Premier ministre. Celui qui est considéré comme le poulain de Liviu Dragnea, président des sociaux-démocrates condamné pour corruption, n’a pas mis longtemps à s’attirer les foudres de la population, de l’opposition et de la communauté internationale. En faisant passer de force un décret rendant très difficiles les sanctions envers les hommes politiques corrompus (dans le but ostensible de faire amnistier Liviu Dragnea et ses pairs coupables de clientélisme et de fraude), Sorin Grindeanu a sous-évalué la réaction des Roumains, fatigués par 27 années de corruption incontrôlée, depuis la chute de Ceausescu. Plus d’un demi million de Roumains sont descendus protester dans les rues de toutes les villes du pays. Après avoir affirmé qu’il ne fléchirait pas, le gouvernement a finalement abrogé le décret. Mais la colère populaire gronde toujours, et au neuvième jour de manifestation (le 9 février), les manifestants ont obtenu la démission du ministre de la Justice, une victoire inconcevable quelques semaines auparavant. L’objectif du peuple roumain mécontent : pousser le gouvernement tout entier à la démission et voter à nouveau.

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Mais au bout de plusieurs semaines, le mouvement s’est progressivement essoufflé. Le parti social-démocrate est toujours au pouvoir même si un changement de Premier ministre a eu lieu au mois de juin. Tirant toutes les ficelles, le président de la Chambre des députés et président du parti – Liviu Dragnea – s’est en effet débarrassé du Premier ministre Sorin Grindeanu pour le remplacer par un autre de ses proches, Mihai Tudose.

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Par Elena Blum, Noémie Chardon, Mathilde Ciulia, Corentin Gorin, Marie Heckenbenner, Josselin Petit

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