L’Afrique présente la croissance démographique la plus importante du monde. Parallèlement, on le sait, le continent est le plus pauvre de la planète, et à cela s’ajoutent guerres, maladies, etc. Que fait l’Europe ?
Un sommet s’est tenu le 29 août dernier à Paris entre certains représentants du continent africain et de l’Union européenne, afin de renforcer la gestion coordonnée des flux migratoires entre les deux continents. Les représentants africains, parmi lesquels figuraient le président tchadien Idriss Deby Itno, le président nigérien Mahamadou Issoufou, le chef du gouvernement d’entente nationale libyen Fayez al-Sarraj, ont appelé à plus de concret de la part des États membres de l’Union européenne, afin de résoudre les problèmes de développement du continent, pointant du doigt une problématique déjà soulevée auparavant : celle de l’aide humanitaire en Afrique.
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La main tendue de l’UE
L’aide humanitaire de l’Union européenne – car elle est bien présente – consiste principalement à porter assistance et secours aux populations victimes de catastrophes à la fois naturelles mais aussi humaines. Cette aide repose notamment sur l’Office de l’aide humanitaire de la Communauté européenne (ECHO) qui agît par coopération avec plus de 200 organismes humanitaires en portant assistance à valeur de 14 milliards d’euros. L’Afrique figure sans grande surprise parmi les principaux territoires aidés par l’UE. En 2015, ce sont 42% des fonds d’aide humanitaire de l’ECHO qui étaient destinés à aider l’Afrique.
Mais l’argent ne suffit pas, et l’Union européenne le sait. C’est sur le continent qu’elle apporte une bonne partie de son aide : au Soudan du Sud, en Afrique de l’Ouest, dans les pays touchés par Ebola, et ceux encore comme la République centrafricaine et la Côte d’Ivoire, où les conflits ont laissé place à l’insécurité. Mais, plus important encore, les autorités européennes chargées de l’aide humanitaire s’attachent à faire connaître ce qu’on appelle les « crises oubliées », en portant par exemple l’attention sur la catastrophe humanitaire en République centrafricaine.
Cette année, l’Union européenne a voulu accroître son action sur le continent africain. Selon un communiqué de presse de la Commission européenne, elle a débloqué plus d’aides en faveur de l’Afrique en raison de l’accroissement des besoins. Ce sont donc 47 millions d’euros qui seront adressés aux populations les plus vulnérables, dans la région des Grands Lacs, en Afrique australe et dans l’océan Indien, confrontés aux conséquences des conflits, à l’insécurité alimentaire généralisée et aux catastrophes naturelles. La République démocratique du Congo et la Tanzanie notamment ont vu arriver près d’un million de réfugiés et une aide alimentaire, sanitaire, en matière d’eau et de protection. L’Afrique australe et l’océan Indien quant à eux sont notamment victimes de catastrophes naturelles. Récemment, c’est le phénomène El Niño, réchauffement de l’océan entraînant sécheresses et inondations, qui a frappé sur la région, comme l’Éthiopie. La population d’Afrique australe et de l’océan Indien dépendant majoritairement de l’agriculture, le phénomène a donc entraîné une crise alimentaire dans la région.
Des promesses non tenues ?
Pour certains, il y a pourtant trop d’indifférence envers l’Afrique et les pays dits « moins avancés » de manière générale. C’est la position qu’avait pris Dominique de Villepin, ancien chef du gouvernement français, dans un article du Monde en 2012 dans lequel il se demande « Qui se soucie aujourd’hui du sort de l’Afrique ? ». En effet, bien que l’aide de l’UE ait augmenté en 2015, les objectifs sont loin d’être atteints. L’aide apportée représente moins d’1% du budget annuel total de l’Union européenne, soit un peu plus de deux euros par citoyen européen.
Malgré les réticences de certains, force est de constater que la mobilisation européenne se maintient. Face à la multiplication des crises, la Commission européenne dit “intensifier sa réponse”, notamment au Nigéria avec 105 millions d’euros en 2017, en Somalie avec 79,5 millions d’euros et au Soudan du Sud avec 182 millions d’euros, tous trois victimes d’une crise alimentaire majeure.
Soulagement des consciences pour certains, nécessité pour d’autres, l’aide humanitaire à destination de l’Afrique est belle et bien effective même si elle n’atteint pas toujours les objectifs fixés.