Selon l’OMS, environ 47.000 femmes meurent, chaque année, dans le monde, des suites d’un avortement clandestin. Faute de législation permettant l’IVG, elles choisissent de mettre fin à une grossesse non-désirée dans des conditions souvent déplorables. S’ajoutent à ces décès, de nombreuses blessures aussi bien physiques que psychologiques.
Simone de Beauvoir a dit : “N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.” Aujourd’hui, mercredi 28 septembre, c’est la journée internationale pour la dépénalisation de l’avortement. Elle a lieu afin de rappeler à tous les dangers liés à l’interdiction de la pratique de cet acte et de pouvoir se mobiliser en faveur d’une législation forte.
En Pologne, vers un retour en arrière ?
Ironie du sort, alors qu’a lieu cette journée internationale, le Parlement polonais débat quant à lui de deux projets de loi, dont un visant à interdire complètement l’avortement. En effet, depuis le 22 septembre dernier, la Pologne souhaite interdire l’avortement que ce soit par IVG (interruption volontaire de grossesse) ou par IMG (interruption médicamenteuse de grossesse, aussi appelé interruption thérapeutique). Jusqu’à présent, et ce depuis 1993, les Polonaises ne peuvent avorter que si elles sont dans trois situations bien précises : danger pour la vie de la femme, pathologie pouvant heurter le fœtus ou en cas d’inceste ou de viol. Cette législation fait par ailleurs partie des lois en vigueur les plus répressives d’Europe concernant l’avortement.
Cependant, la Pologne n’a de cesse depuis des années de réprimer le droit des femmes à avorter, et ce depuis la chute de l’URSS. En effet, alors qu’elle faisait partie du bloc soviétique, la Pologne avait pu bénéficier de lois plus permissives, puisque dès 1956, les Polonaises avaient accès à l’avortement en affirmant leur précarité en cas de naissance. Or, dès la fin du régime communiste en 1993, une nouvelle loi est prodiguée, qui restreint la liberté des femmes à pouvoir disposer de leur corps. Cette législation est le fruit d’un compromis entre l’État et l’Église, qui ne satisfait entièrement ni les pro-vies (militants opposés à l’avortement) ni les pro-choix (militants en faveur d’un droit à l’avortement).
Une mise en perspective grâce à un retour historique : le cas français
En France, la route menant à la dépénalisation de l’avortement a été longue. En effet, les femmes françaises ont connu de nombreuses difficultés. Dans deux de ces ouvrages, Naissance d’une liberté et Paroles d’avortées, l’auteure Xavière Gauthier décrit la souffrance des femmes françaises ayant été confrontées à des grossesses imprévues et/ou non-désirées. Elles y racontent leur détermination à vouloir mettre fin à un tel type de grossesse, quitte à en mourir. Ces histoires, ce sont celles de femmes qui pourraient être nos grands-mères, ou nos mères. Leurs histoires se déroulent entre les années 40 et 70 (la contraception a été autorisée par la loi Neuwirth de 1967 tandis que la loi Veil sur l’avortement a été adoptée en 1975).
Les femmes qui ne peuvent pas bénéficier d’avortement ne peuvent être actrices de leur vie. Comment prévoir des études, un plan de carrière, un voyage etc. lorsque l’on risque d’être enceinte chaque mois sans pouvoir y remédier ? Ce quotidien, c’était celui des Françaises du siècle dernier, ce sera celui des Polonaises si leur Parlement adopte cette législation interdisant les avortements.