Depuis le 18 septembre 2014 la question de l’indépendance écossaise semblait ne plus faire débat puisque 55% des votants se sont exprimés en faveur du maintien de l’Ecosse dans le Royaume-Uni. Le Brexit ramène la question de l’indépendance au cœur de l’actualité. Assistera-t-on à un “Scexit” ?
« Une sortie du Royaume-Uni de l’UE ne créerait pas les conditions dans lesquelles je souhaiterais obtenir un second référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, mais en tant que Première ministre de l’Ecosse j’ai le devoir d’écouter les demandes qui vont dans ce sens ». C’est ce qu’a affirmé Nicola Sturgeon dans des propos pour The Guardian en février 2016.
Un indépendantisme solidement ancré
Le courant indépendantiste écossais s’est inscrit depuis des siècles dans la revendication de son identité face à l’Angleterre. Ce n’est qu’en 1934 qu’une esquisse de mouvement politique fait son apparition sur la scène politique Outre-manche. Le mouvement gagnera en influence en sensibilisant une partie toujours plus large de la population écossaise à la question de l’indépendance, qui était jusqu’alors limitée aux cercles d’intellectuels.
Cette montée en puissance du mouvement conduit le pays à deux grandes dates qui symbolisent l’émancipation de l’Ecosse à l’égard du Royaume-Uni. Le 11 septembre 1997, le référendum qui valide la réhabilitation du parlement écossais avec des pouvoirs limités. Le 18 septembre 2014 avec le référendum perdu portant sur l’indépendance de l’Ecosse. Suite à l’échec des indépendantistes, le parti se devait de trouver une stratégie de sortie afin de légitimer sa vision politique auprès de son électorat.
Il faut rappeler que la population écossaise est globalement plus favorable à la construction européenne que la population anglaise.
>> Pour aller plus loin : une sociologie politique du vote écossais.
En effet, le référendum vérifie le postulat selon lequel c’est l’Angleterre qui est très majoritairement en faveur du Brexit. L’Ecosse ne représentant que 8% de la population britannique n’a pas été en mesure d’imposer sa volonté lors de ce référendum. Le Brexit soutient les arguments développés par les indépendantistes qui mettent en avant le déficit démocratique, dont le parlement britannique souffre. Les intérêts écossais ne sont que peu représentés dans les institutions britanniques. Le Parlement de Westminster illustre cette réalité, avec seulement 69 sièges sur 650 qui sont alloués à des représentants Ecossais.
Une situation peu favorable pour la mise en place d’un nouveau référendum
Cette situation semble justifier le souhait de nombreux Ecossais de choisir leur destin politique librement. La « First Minister » écossaise a d’ores et déjà promis un nouveau référendum lors du congrès national du parti écossais le 13 octobre dernier sans pour autant donner la date de la prochaine échéance. Cependant, la validation d’un projet de réforme sur l’indépendance écossaise se trouve confrontée à de nombreux obstacles, le premier étant la ratification du projet par le gouvernement de Westminster. Le contexte actuel est bien moins favorable qu’en 2014, avec une majorité de conservateurs au Parlement et la perspective d’un « Hard Brexit ». Il est peu probable que le Parlement s’engage dans cette voie dont l’issue est plus que jamais incertaine, puisque l’unité du royaume est une priorité de la politique isolationniste des conservateurs.
Ainsi, la revendication d’une unité forte du Royaume-Uni est un des axes majeurs de la politique intérieure du nouveau Premier ministre britannique. L’Ecosse aurait besoin d’un soutien inconditionnel de l’Union européenne, qui, déjà en 2014, restait très réservée sur la perspective d’une indépendance, de peur de renforcer d’autres mouvements similaires en Europe.
>> Pour aller plus loin : vidéo de Barroso, à propos d’une Ecosse indépendante intégrée à l’UE.
Malgré les 62% d’électeurs écossais qui ont voté en faveur du « Remain », ce score ne présage en aucun cas du résultat d’un autre référendum. Il n’est pas certain que les Ecossais fassent le choix de l’Union Européenne dont l’Ecosse fait partie depuis 1973, et renoncent au Royaume-Uni dont elle fait partie intégrante depuis 1707.