Brexit, Donald Trump, attaques terroristes dans plusieurs pays. Peut-on résumer l’année 2016 à ces seuls trois éléments ? Retour sur les événements qui ont fait de 2016 une année si particulière pour l’Union européenne.
Une année riche en rebondissements politiques
L’année 2016 marque un tournant dans l’histoire de la construction européenne. Pour la première fois en 60 ans d’existence, un État-membre va quitter l’Union. Lors du référendum sur le « Brexit » du 23 juin, 51,89% des suffrages exprimés se sont prononcés en faveur du « leave ». Ce tremblement de terre politique que les instituts de sondages n’avaient pas vu venir a entrainé la chute du Premier ministre David Cameron qui prônait le « remain ». Sa remplaçante, Theresa May a désormais pour mission d’activer l’article 50 du Traité sur l’Union européenne d’ici la fin du mois de mars 2017. Le français Michel Barnier a été désigné comme le « Monsieur Brexit » au sein des institutions européennes. C’est à lui que reviendra la tâche de mener les négociations avec le Royaume-Uni au nom des 27 durant les deux prochaines années.
En Hongrie, 2016 fut également une année de référendum. Celui-ci, instigué par Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois europhobe, visait à demander aux électeurs s’ils validaient ou non le plan Juncker de 2015 de relocalisation de demandeurs d’asile. Ce référendum du 2 octobre, en forme de consultation contre l’Union européenne, marque pour Orbán sa première grande défaite électorale. Bien que 98,3% des voix exprimées se soient opposées au plan de relocalisation, le taux de participation était exceptionnellement bas, à 39,9%. De fait, le scrutin était invalide et le pari d’Orbán de saborder le plan Juncker était perdu.
Autre pays, autre référendum : le référendum italien sur la réforme constitutionnelle. Cette réforme a été rejetée par 59,11% des votants. Cette consultation avait pris une forme de plébiscite pour la politique menée par Matteo Renzi qui avait annoncé sa démission en cas de défaite. Suite au scrutin, Matteo Renzi a démissionné de ses fonctions le 12 décembre et a laissé sa place à Paolo Gentiloni, Ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement Renzi.
En avril 2016, les électeurs autrichiens étaient appelés à voter pour élire leur nouveau Président. Le second tour de l’élection présidentielle a vu s’affronter Alexander Van der Bellen (Verts) et Norbet Hofer (FPÖ, parti d’extrême droite assimilable au FN). L’issue du scrutin était très serrée car seules 31000 voix séparaient les deux candidats, avec l’avantage pour le candidat écologiste. Suite à la constatation d’irrégularités avec les votes à distance, le scrutin a été invalidé. Le feuilleton politique s’est achevé le 4 décembre par la victoire du candidat écologiste avec 53,8% des suffrages, creusant ainsi l’écart avec son adversaire par rapport au second tour du mois d’avril. Si la fonction n’est qu’honorifique et que le Président ne possède que peu de pouvoirs, ce scrutin à rebondissements a tenu les Européens en haleine car le candidat du FPÖ avait de réelles chances de l’emporter. Cela témoigne de la dynamique présente dans nombreux pays européens qui rapproche les partis d’extrême droite des portes du pouvoir.
L’Union européenne dans le monde de 2016
Avec le Brexit, la victoire de Donal Trump aux élections présidentielles américaines est sans conteste le second évènement le plus marquant de l’année 2016. Avec une campagne fondée sur des déclarations chocs, une omniprésence dans les médias et un slogan emprunté à Ronald Reagan, « Make america great again », l’héritier milliardaire est parvenu à battre Hillary Clinton, pourtant donnée victorieuse dans tous les sondages. En remportant 306 grands électeurs contre 232 pour Hillary Clinton, Donald Trump deviendra le 45ème Président américain le 20 janvier prochain. Son élection marque le début d’une période d’incertitude avec un probable retrait isolationniste des Etats-Unis dans les relations internationales.
La politique économique extérieure de l’Union a aussi fait l’actualité de 2016 avec la signature du CETA, le Traité de libre-échange avec le Canada. L’accord en préparation depuis 2009, devait être signé mi-octobre 2016. Au dernier moment, le parlement wallon a usé de son droit de véto, empêchant ainsi la Belgique de valider l’accord, rendant impossible la signature entre le Canada et l’UE. Finalement, l’insurrection wallonne s’est étouffée et l’accord a été signé le 28 octobre en présence du Premier ministre Canadien, Justin Trudeau et de Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne. L’avenir de l’accord de libre échange avec les Etats-Unis, le TAFTA, est quant à lui remis en question avec l’accession à la présidence de Donald Trump, qui s’était positionné contre ce projet d’accord durant sa campagne.
En termes de relations extérieures, 2016 a aussi été marquée par l’accord du 18 mars entre l’Union européenne et la Turquie. Cet accord a permis d’endiguer l’arrivée de réfugiés syriens au prix de nombreuses contestations de la part des citoyens européens. Cet accord est aussi un aveu de faiblesse de la part de l’Union qui est incapable de gérer elle-même les arrivées de migrants sur son territoire. Alors que depuis le putsch avorté du 15 juillet la politique d’Erdogan se durcit au mépris du respect des droits de l’Homme, l’Union européenne qui prône les valeurs universelles des droits de l’Homme se trouve dans une situation inconfortable.
L’Europe sous le spectre du terrorisme islamique
Alors que l’année 2016 s’achève, il est nécessaire de rendre hommage aux nombreuses victimes des attentats islamistes qui ont frappé l’Europe au cours de l’année. À Bruxelles le 22 mars, à Magnanville le 13 juin, à Nice le 14 juillet, à Saint-Étienne-du-Rouvray le 26 juillet et à Berlin le 19 décembre, le terrorisme islamiste a frappé l’Europe assassinant 133 personnes. Si le groupe État islamique a reculé au cours de l’année en Irak et en Syrie, ses frappes en Europe ainsi qu’aux Etats-Unis persistent. Dans ce contexte, la coopération entre États-membres européens s’intensifie et porte ses fruits. C’était notamment le cas le 23 décembre dernier, avec l’arrestation à Milan du terroriste qui avait commis l’attentat de Berlin quelques jours auparavant.
Les bonnes nouvelles qui ont fait 2016
Depuis le 16 décembre dernier, le GPS européen Galileo est opérationnel. Ce GPS est un enjeu stratégique majeur pour l’Europe car il confère une indépendance vis-à-vis des Etats-Unis en matière de géolocalisation par satellite. Ce succès, issu d’une coopération européenne débutée en 2003, rappelle qu’ensemble, les pays européens peuvent se hisser à la hauteur des autres grandes puissances mondiales comme les Etats-Unis, la Russie ou la Chine qui possèdent toutes leur propre système de GPS.
En 2016, on a aussi vu les droits des polonaises être préservés face à la tentative réactionnaire du Président Duda d’interdire totalement l’avortement. En Italie, ce sont les homosexuels qui ont acquis de nouveaux droits avec l’instauration du mariage civil pour tous les couples.
L’année qui s’ouvre sera sans nulle doute historique avec des élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. Dans chacun de ces pays fondateurs les mouvements eurosceptiques menacent de prendre le pouvoir et promettent de mettre à mal le projet européen. Cette année peut aussi être l’occasion d’une relance pour poursuivre le projet initié il y a tout juste 60 ans.