Brexit : bye bye l’UE, hello Trump !

Trump

Son retrait officiel de l’Union européenne engagé, le Royaume-Uni est en quête de nouveaux partenaires commerciaux. Outre les pays du Commonwealth, un rapprochement s’opère avec les États-Unis de Donald Trump.

Alors que la procédure officielle de retrait du Royaume-Uni de l’union Européenne est lancée depuis mars dernier, Theresa May semble aborder un rapprochement avec les États-Unis à travers la conclusion d’accords commerciaux. Les deux pays entretiennent déjà des relations très étroites puisque les États-Unis sont les premiers investisseurs sur le sol britannique tandis que les échanges entre les deux pays pèsent environ 230 milliards de dollars, selon le représentant spécial au commerce extérieur américain (USTR), Robert Lighthizer.

Poser les bases d’un commerce transatlantique intensifié

Donald Trump a en effet affirmé mardi que les États-Unis s’apprêtaient à signer avec le Royaume-Uni un accord commercial “majeur“, faisant écho aux promesses énoncées début juillet en marge du G20, à Hambourg, de signer cet accord “très, très rapidement“. Le président y avait rencontré Theresa May, la Première ministre britannique, et assuré qu’un “très, très gros deal, considérable et très bon pour les deux pays” était en route. Le secrétaire britannique au Commerce international Liam Fox lui avait fait écho à Washington mi-juillet dans un discours sur les relations commerciales avec les États-Unis.

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Les délégations britanniques et américaines ont d’ores et déjà discuté les termes de cet « ambitieux accord de libre-échange » lors de séances de travail. Ils entendent garantir « la continuité commerciale » entre les deux pays mais surtout, souhaitent « poser les fondations d’une future relation commerciale une fois que le Royaume-Uni aura quitté l’UE », a indiqué l’USTR à l’issue des travaux. « Notre priorité immédiate est d’apporter certitude et confiance aux entreprises des deux côtés de l’Atlantique », a affirmé Liam Fox. Dans une tribune au Wall Street Journal, il s’est félicité lundi 24 juillet 2017 du fait que l’économie britannique était la deuxième plus dynamique en termes de croissance au sein du G7. Il a aussi rappelé que les investissements américains au Royaume-Uni et britanniques aux États-Unis fournissaient un million d’emplois dans les deux pays, totalisant plus de 1.000 milliards de dollars.

L’alternative : le Commonwealth

Pour palier à la sortie du marché unique, Londres a donc décidé d’intensifier le commerce transatlantique mais pourrait aussi envisager un repli vers le Commonwealth. Cette organisation de 52 pays regroupe un quart des pays du globe et pèse pour près d’un tiers de la population mondiale.  Ils voient dans le Brexit une opportunité de renforcer leurs liens, aidés par des systèmes législatifs proches hérités de l’empire britannique et une langue commune. Les échanges économiques entre les pays membres représentent quelque 600 milliards de livres (684 milliards d’euros), soit 15% du commerce mondial.

C’est pourquoi le 13 mars dernier, à l’occasion de la Journée du Commonwealth, Theresa May a réaffirmé sa volonté de construire un Royaume-Uni « ouvert sur le monde ». Boris Johnson, le ministre britannique des Affaires étrangères a lui déclaré le 25 juillet dernier lors de sa visite à Wellington, que la Nouvelle-Zélande figurerait sans doute parmi les premiers pays à négocier un accord commercial post-Brexit avec le Royaume-Uni. “Le Brexit n’est pas, n’était pas et ne sera pas synonyme d’un Royaume-Uni tournant le dos au monde“, a affirmé M. Johnson. Le centre de réflexion britannique Overseas Development Institute (ODI) et un groupe de députés conservateurs et travaillistes ont dressé une liste de 10 points pour renforcer les liens commerciaux entre les pays membres.

M. Fox a justifié cette possible orientation du commerce britannique en affirmant que « même l’Union européenne estimait que 90% de la croissance mondiale dans la prochaine décennie serait issue de pays extérieurs à l’Europe ». Pourtant, alors que la moitié des échanges du Royaume-Uni se fait avec l’Union Européenne, il y a fort à parier que l’Australie ou la Nouvelle Zélande ne pourront remplacer les partenaires européens, d’autant que les relations avec le Commonwealth ont été largement mises de coté depuis 1973 lorsque le Royaume-Uni a intégré la Communauté Économique Européenne.

Égratigner l’Union Européenne ?

En outre, le rapprochement avec le Royaume-Uni offre la possibilité au président Trump de fustiger une fois encore la politique commerciale de l’Union Européenne. Lui qui a fait du commerce l’un de ses chevaux de bataille pour ramener les États-Unis sur le devant de la scène (en écho à son slogan « America first », l’Amérique d’abord), a dénoncé l’Union européenne « protectionniste » ; « nous travaillons à un accord commercial majeur avec le Royaume-Uni. Pourrait être très important et prometteur. DES EMPLOIS! L’Union européenne est très protectionniste avec les USA. STOP! ».

Le président américain a aussi dénoncé à plusieurs reprises « le massif déficit commercial » des États-Unis avec l’Allemagne. Un autre point de contention réside dans le fait que Londres ne peut conclure d’accords commerciaux avec des pays tiers tant qu’elle n’est pas sortie de l’Union européenne, les négociations du Brexit devant s’achever en 2019. Londres souhaite évidemment maintenir des liens étroits avec ses partenaires européens. Le volume des exportations britanniques vers les États-Unis (16%) est trois fois inférieur à celui des exportations à destination de l’Union Européenne (44%).

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Toutefois, la teneur de leurs relations futures n’est pas connue et dépendra surtout de la capacité des parties à négocier un soft ou hard-Brexit. La première solution garantirait ainsi au Royaume-Uni un accès au marché unique, un maintien dans l’Union douanière et dans l’Espace économique européen sans faire partie de l’Union Européenne à l’instar de la Norvège et du Liechtenstein. Pour l’heure, face à tant de possibilités, la seule certitude est que l’allié américain porte un œil attentif sur ces négociations, dont il pourrait être le premier bénéficiaire.

Léa Joly

Passionnée d’histoire, je m’intéresse à l’actualité politique et économique européenne et plus encore à l’interaction entre les collectivités et l’Union Européenne.

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