L’Europe de la défense qui avance, le sommet social à Göteborg, ou la démission d’un juge d’Eulex qui jette le trouble sur une mission de l’UE au Kosovo, l’actualité de la semaine en Europe par Eurosorbonne.
L’Europe de la défense : un projet relancé par la coopération structurée permanente
Lundi 13 novembre, 23 États membre de l’Union européenne ont signé une notification conjointe afin d’établir une coopération structurée permanente (CSP). Cette coopération renforcée dans le domaine de la PESC (Politique étrangère et de sécurité commune) est permise par le traité de Lisbonne. Sa signature souligne une volonté de relance d’une Europe de la Défense, puisqu’elle a notamment pour objectif l’augmentation du budget de la défense, le projet de développement de matériel militaire commun (char, avion, hôpital de campagne européen), ou encore l’accroissement d’investissement en recherche dans ce domaine. Il s’agirait à terme d’instaurer un véritable quartier général opérationnel européen. Ce projet lancé dans un contexte géopolitique délicat pourrait permettre à l’Union de se réaffirmer comme puissance mondiale, si toutefois les États acceptent de suivre une ligne commune, et de perdre une part de leur souveraineté.
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Révision de la directive anti-blanchiment : l’échec du trilogue
Mardi 14 novembre le trilogue se réunissait afin de faire évoluer la directive contre le blanchiment d’argent. La directive 2015/849 actuellement en vigueur ne permet pas une totale transparence, notamment en ce qui concerne les « TRUSTS », structures qui permettent de camoufler des fortunes conséquentes. Les députés s’étaient mis d’accord en février dernier pour que les informations concernant ces trusts soient rendues publiques. Cependant, le Conseil bloque l’évolution de la norme européenne. Plus de transparence n’arrange pas tous les États, c’est pourquoi certains gouvernements comme celui de Chypre ou de Malte pose leur veto. Avec le nouveau scandale des « Paradise Papers » la question a de nouveau été examinée, en trilogue cette fois-ci afin de trouver un compromis. Cependant la réunion s’est soldée par un échec les différences d’intérêts étant trop importantes.
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Démission d’un juge d’EULEX : l’Union face à ses contradictions
Le 16 novembre, Malcom Simmonsest, chef des juges d’Eulex annonce au Monde sa démission. Eulex, est un organisme européen crée en 2008 afin de promouvoir l’État de droit au Kosovo. Alors que l’un des objectifs primordiaux de la mission est de traiter la corruption et le recadrage politique dans cet état, l’explication par le juge britannique de son départ engendre un profond malaise pour l’organisme. Il dénonce notamment des affaires de corruption, d’espionnage ainsi qu’une pression constante sur les juges pour éviter de ternir l’image de la mission.
Signature du socle européen des droits sociaux, vers une Europe sociale ?
Vendredi 17 novembre, se sont réunis en Suède à Göteborg, le Conseil européen, les partenaires sociaux et les présidents des institutions européennes pour signer le socle européen des droits sociaux. Ce document édicte vingt principes et se compose en trois thèmes principaux : « Égalité des chances et accès au marché du travail », « Conditions de travail équitables » ainsi que « Protection et insertion sociales ». Si la signature de ce socle peut être perçue comme une véritable avancée vers une Europe sociale, elle reste cependant bien limitée. La déclaration d’un engagement politique est certes affirmée, cependant les notifications restent non juridiquement contraignantes.
Allemagne : négociations de la dernière chance pour Angela Merkel
Ce dimanche 19 novembre, Angela Merkel joue sa survie politique : c’est sa dernière chance d’arriver à former une coalition entre son parti, la CDU-CSU, les libéraux et les écologistes. La date butoir pour arriver à un accord avait déjà été repoussée, et malgré de nombreuses rencontres, les négociations n’ont pas abouti. Si depuis deux mois, les libéraux ont assoupli leur position, ni les Verts ni la CSU ne peuvent se montrer laxistes aux yeux de leurs militants, alors que des congrès sont prévus dans les semaines à venir. Si les négociations n’aboutissent pas aujourd’hui, il est possible que de nouvelles élections soient organisées en Allemagne au début de l’année 2018. Mise en difficulté par son faible score aux élections du 24 septembre, face à une extrême-droite qui a fait une entrée fracassante au Bundestag, il n’est pas certain que la Chancelière puisse se remettre d’une telle déconvenue.
Elena Blum et Lou Counil