Cette semaine en Europe : l’Union européenne se pose en gardienne de l’accord sur le nucléaire iranien, la « Révolution de velours » triomphe en Arménie, une coalition eurosceptique inédite voit le jour en Italie, Carles Puigdemont ne sera pas Président de la Catalogne, Emmanuel Macron prononce un nouveau discours-fleuve sur l’Europe, l’Espagne s’indigne contre un jugement jugé infamant et Israël remporte l’Eurovision 2018…
IRAN – Les Européens tentent de sauver l’accord sur le nucléaire
La décision de Donald Trump le 8 mai dernier de sortir les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien place les Européens en première ligne pour en assurer le maintien. Cet accord, signé en 2015 par l’Iran, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine, prévoit une réduction des capacités d’enrichissement d’uranium iranien jusqu’en 2025 en échange de la levée d’une partie des sanctions économiques contre le pays. Bien que l’Iran respecte ses engagements d’après l’ONU, Donald Trump s’inquiète de l’influence grandissante de Téhéran en Syrie, de son programme de missiles balistiques et de l’après-2025. Les sanctions américaines pourraient être réinstaurées d’ici trois à six mois et empêcher toutes les entreprises, européennes compris, implantées en Iran de commercer avec les Etats-Unis. Tous les regards se tournent désormais vers l’Europe, qui doit à la fois préserver les intérêts européens et donner des garanties à l’Iran, alors que les forces iraniennes et israéliennes ont échangé plusieurs tirs de missiles dans le nuit de mercredi à jeudi.
ARMENIE – Nikol Pachinian officiellement élu Premier ministre
La « Révolution de velours » a finalement abouti. Contre toute attente, le député d’opposition et ancien journaliste Nikol Pachinian a été élu Premier ministre mardi 8 mai après trois semaines de manifestations qui ont poussé à la démission le Président Serge Sarkissian. Au pouvoir depuis dix ans, ce dernier souhaitait être élu Premier ministre en dépit de sa promesse de ne pas se représenter. Le nouveau Premier ministre, qui détaillera son programme d’ici vingt jours, a fait de la lutte contre la corruption sa priorité alors que le taux de pauvreté atteint 29,8% et que le revenu par habitant stagne depuis dix ans. Le Parlement lui étant hostile et tenu par les conservateurs, l’ancien journaliste devrait bientôt convoquer des élections législatives qu’il espère « libres, justes et incontestées ».
ITALIE – Silvio Berlusconi donne son feu vert à une coalition extrême-droite-5 étoiles
Silvio Berlusconi, leader du parti de droite Forza Italia, a indiqué que sa formation ne s’opposerait pas à une coalition entre son allié la Ligue (extrême-droite) et le Mouvement 5 étoiles, parti populiste sans réel équivalent en Europe. Les deux partis ont assuré jeudi avoir franchi des « étapes significatives ». L’attelage peut sembler périlleux tant les positions divergent dans les domaines économiques et sociaux : tandis que le Mouvement 5 étoiles a remporté le Sud en plaidant pour un « revenu de citoyenneté » afin de réduire la pauvreté, la Ligue, qui dirige deux provinces du Nord, promet d’importantes baisses d’impôts. Ils partagent néanmoins une même volonté de réduire drastiquement l’immigration, de revaloriser les retraites, de lutter contre la corruption et de s’opposer à Bruxelles. Une telle coalition, qui pourrait effrayer les marchés financiers, serait une première pour le pays.
CATALOGNE – Carles Puigdemont renonce à la présidence régionale
L’ancien Président catalan et leader indépendantiste Carles Puigdemont a annoncé jeudi 10 mai qu’il n’était plus candidat à la Présidence de la Catalogne et a proposé à sa place l’éditeur Quim Torra, novice en politique. Malgré la victoire des indépendantistes aux élections régionales, le dirigeant catalan était empêché de se présenter par Madrid à cause de son « exil » en Allemagne, d’où il pourrait être extradé vers l’Espagne. Or le Parlement catalan doit impérativement élire son nouveau Président avant le 22 mai, ou de nouvelles élections seront organisées. L’investiture d’un Président permettrait à la Catalogne de se défaire de la tutelle de Madrid, mise en place après la tentative de sécession des indépendantistes le 27 octobre dernier.
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UNION EUROPEENNE – 4ème discours sur l’Europe du Président Emmanuel Macron
Le Président français a réitéré son engagement en faveur de l’UE tandis qu’il recevait jeudi 10 avril à Aix-la-Chapelle le prix Charlemagne, la plus haute distinction européenne. Emmanuel Macron a exhorté l’Europe à agir et déploré la tendance allemande au « fétichisme perpétuel pour les excédents budgétaires et commerciaux », tandis qu’Angela Merkel, également présente, s’est voulue bien plus modérée. Les deux dirigeants divergent notamment sur la création d’un budget de la zone euro, que l’Allemagne souhaite moins doté que la France alors que Berlin a déjà refusé l’idée d’un Parlement de la zone euro et celle d’un ministre européen des finances. Ce quatrième discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe vient ainsi souligner son isolement dans un paysage européen plus eurosceptique qu’il y a un an.
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ESPAGNE – Manifestations contre « la meute » et la culture du viol
Des milliers de lycéennes et d’étudiantes ont manifesté jeudi 10 mai dans plusieurs villes d’Espagne pour protester contre la condamnation, jugée bien trop légère, de cinq hommes à neuf ans de prison pour « abus sexuel » sur une femme de 18 ans lors des fêtes de la San Fermin en 2016. Ces cinq hommes, qui se faisaient surnommer « la meute », avaient filmé leurs actes. L’accusation de viol n’a pas été retenue car la jurisprudence espagnole impose qu’il y ait eu violence ou intimidation pour établir le viol, ce que les juges n’ont pas constaté ici. Le jugement a d’autant plus indigné l’Espagne que la défense avait engagé un détective et fouillé sur les réseaux sociaux afin de prouver le consentement de la jeune femme, avec l’accord du juge. L’avocat de la victime comme ceux des accusés ont annoncé qu’ils allaient faire appel. Alors que le slogan « moi, oui, je te crois » s’est propagé dans le pays, le ministre de la Justice a reconnu que le Code pénal devrait être modifié.
EUROVISION – Israël remporte le concours, la France en milieu de classement
Les bookmakers ne s’étaient pas trompés : Israël a remporté l’Eurovision 2018 samedi soir, avec son titre Toy, de la chanteuse Netta Barzilai, qui se voulait une célébration fantasque, festive et assumée de la force des femmes. La France, arrivée 13ème, avait misé sur une chanson sobre et émotive, Mercy, qui racontait l’histoire vraie d’une enfant nigériane née sur un navire humanitaire de SOS-Méditerranée. A noter que le concours Eurovision entretient une histoire particulière avec le pays hôte de cette année, le Portugal : la chanson E depois do Adeus, présentée à l’Eurovision en 1974, fut en effet choisie comme signal lors de son passage à la radio pour la Révolution des œillets, qui fit chuter le dictateur Salazar.
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