Démission du ministre grec des Affaires étrangères, tuerie de masse en Crimée, les tribulations d’Orbán au PPE, “schisme” au sein de l’Église orthodoxe et manifestation massive à Londres : les actualités européennes de la semaine.
GRÈCE – Démission du ministre des Affaires étrangères
Nikos Kotzias, le ministre grec des Affaires étrangères, a présenté sa démission mercredi dernier. Le Premier ministre Alexis Tsipras l’a accepté, et assure la fonction par intérim. Une dispute a éclaté au conseil des ministres du mardi 16 octobre entre Nikos Kotzias et Panos Kammenos, ministre de la Défense. A l’origine de ce conflit, l’accord conclu entre la Grèce et la Macédoine sur le changement de nom de cette dernière. Panos Kammenos, chef du parti souverainiste des Grecs Indépendants, s’est toujours prononcé contre cet accord. Selon lui, le nom même de « Macédoine » devrait être réservé à la région grecque éponyme, et il est inacceptable que Skopje l’utilise. En vertu de l’accord, la Macédoine pourrait être renommée « République de Macédoine du Nord ».
Nikos Kotzias a œuvré pendant plus de trois ans à l’accord, qui doit être examiné par les parlements des deux pays. Alexis Tsipras soutenant fermement cet accord, il est intriguant à première vue de constater qu’il soutient son ministre de la Défense plutôt que Nikos Kotzias. Seulement, le gouvernement Tsipras est un gouvernement de coalition et sa majorité est faible. Ainsi, il ne peut pas risquer de perdre le soutien de Kammenos. Le ministre de la Défense a déclaré qu’il « n’allait pas contribuer au renversement du gouvernement », mais ce désaccord montre la fragilité de la position d’Alexis Tsipras.
Lire aussi >>> Grèce et “Macédoine” : un conflit au nom de l’histoire
CRIMÉE – Drame russo-ukrainien à Kertch
Comme tous les drames de ce type, il semble incompréhensible : mercredi 17 octobre, un lycéen ouvrait le feu au sein de son établissement dans la ville de Kertch, en Crimée. Bilan très lourd : 21 personnes ont trouvé la mort, et 67 autres ont été blessées. Au-delà de l’horreur de l’acte, cet événement a rapidement pris une tournure géopolitique : le statut de la Crimée, annexée par la Russie en 2014, est toujours disputé.
Le président ukrainien Petro Porochenko s’est exprimé sur le drame à la télévision, en appuyant le fait qu’il concernait avant tout l’Ukraine : « Pourquoi est-ce si important pour nous? Parce que ce sont des citoyens ukrainiens. Et lorsque des citoyens ukrainiens sont tués, où que ce soit dans le monde, c’est une tragédie. » De l’autre côté, Moscou a exprimé sa reconnaissance aux « paroles sincères, […] condoléances et soutien […] » qu’elle a reçu, faisant de la tuerie de Kertch un événement russe. Sur fond de complotisme, cette catastrophe démontre que la Crimée conserve son statut de région à part.
PPE – Viktor Orbán pourra finalement rester
Le Parti populaire européen (PPE) a tranché : l’exclusion est exclue. « Pas d’exclusion, pas de sanction, rien du tout », a ainsi déclaré Antonio López-Istúriz, secrétaire général du PPE. Viktor Orbán et son parti, le Fidesz, pourront donc continuer de siéger au sein du Parti populaire européen, le plus important groupe de droite au Parlement européen. En septembre dernier, le Parlement avait voté pour l’ouverture d’une importante procédure de sanction contre la Hongrie. Ce résultat avait été rendu possible grâce à une majorité de voix du PPE, et la question du maintien d’Orbán au sein de la formation constituait depuis une importante ligne de fracture.
Une des voix les plus critiques d’Orbán au sein du PPE était celle d’Alexander Stubb, en lice pour être la tête de file du PPE aux élections européennes. Volonté d’afficher un front uni avant le congrès du PPE à Helsinki le mois prochain ou réel changement de point de vue ? Le Finlandais a, en tout cas, mis de l’eau dans son vin : « On continue le dialogue, la question de l’exclusion n’est pas la bonne ». Orbán a déclaré son soutien à Manfred Weber, l’opposant de Stubb. Stubb demande qu’une « déclaration des valeurs » du PPE soit signée à Helsinki, mais on ne connaît pas son contenu. Ni si Orbán la signera, d’ailleurs.
Lire aussi >>> Duel au PPE : qui d’Alexander Stubb ou de Manfred Weber pour emmener la droite aux Européennes ?
ÉGLISE ORTHODOXE – Rupture consommée entre le Patriarcat de Moscou et le Patriarcat de Constantinople
Lundi dernier, le Patriarcat de Moscou a annoncé la rupture de ses liens avec le Patriarcat de Constantinople. Le métropolite Hilarion, en charge de la diplomatie du Patriarcat de Moscou, a déclare que les fidèles de l’Église orthodoxe de Russie ne pourront plus communier dans des églises sous la juridiction du Patriarcat de Constantinople. Allant plus loin, il a dénoncé un « schisme » et évoqué l’impossibilité de garder des contacts avec « cette Église ». Cette décision de rompre les liens est unilatérale : Constantinople soutient que tous les fidèles orthodoxes peuvent participer à la vie religieuse dans les paroisses de sa juridiction.
Au cœur de cette dispute, la décision du Patriarcat de Constantinople de reconnaître une Église orthodoxe indépendante en Ukraine. Les orthodoxes ukrainiens sont divisés : une partie est rattaché au Patriarcat de Moscou, et l’autre au Patriarcat de Kiev, autoproclamé en 1992 après l’indépendance de l’Ukraine. C’est la première fois que cette Église est reconnue par une autre Église orthodoxe. Moscou revendique son droit de nommer le métropolite de Kiev, et voit donc cette reconnaissance comme la volonté de Constantinople d’étendre sa juridiction en Ukraine. Sur fond de tensions russo-ukrainiennes récurrentes, certains ecclésiastiques craignent que cette rupture ne provoque des troubles religieux importants.
BREXIT – Manifestation massive à Londres pour un second vote
Samedi 20 octobre, plus d’un demi-million de manifestants venus de tout le Royaume-Uni se sont réunis à Londres pour réclamer un second référendum sur le Brexit. Il ne s’agirait pas d’un second vote sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l’UE, mais de se prononcer sur le contenu de l’accord – ou l’absence d’accord – de sortie. Sadiq Khan, le maire de Londres travailliste, estime cependant dans une tribune au Monde que le maintien du Royaume-Uni dans l’UE pourrait être une option en cas de no-deal. L’idée d’un second référendum se fraye un chemin de plus en plus large depuis quelques mois au Royaume-Uni, sur fond de frustrations et de négociations au point mort.
Le Conseil européen du 17 octobre aurait pu déboucher sur un déblocage de celles-ci, à six mois de la sortie du Royaume-Uni de l’UE : il n’en aura rien été. Les leaders européens ont pris acte de la non-avancée, le week-end dernier, des négociations entre les équipes de Michel Barnier et de Dominic Raab. La question de la frontière irlandaise reste le point de blocage majeur entre les deux parties. S’exprimant sur la BBC ce dimanche, Dominic Raab se disait confiant sur le fait de trouver un accord « d’ici la fin novembre ».
Il faut souligner qu’un accord concernant le statut de Gibraltar a été trouvé entre Londres et Madrid. Cette enclave britannique, située au sud de l’Espagne, a toujours été un point de tension majeur entre les deux pays.