Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (10.12 – 16.12)

Theresa May

Theresa May en difficulté, manifestation en Hongrie contre la politique du gouvernement Orban, reconnaissance d’un troisième genre en Allemagne, reconduction des sanctions économiques contre la Russie, accord politique sur un budget de la zone euro, vote favorable du parlement européen sur l’accord de libre échage UE-Japon : les actualités européennes de la semaine.

Royaume-Uni – Vote de défiance contre Theresa May par les Tories

La Première ministre britannique et chef des Tories (conservateurs), Theresa May, a remporté mercredi 12 décembre le vote de défiance organisé contre elle par son propre parti. Le vote de défiance est intervenu à la suite de son choix de reporter le vote décisif du parlement sur le Brexit initialement prévu mardi 11 décembre, par crainte d’une probable défaite. Cette stratégie risquée lui a valu la colère des députés britanniques, y compris de son propre camp.

Theresa May a recueilli 200 voix, contre 117 voix en faveur de sa destitution a annoncé Graham Brady, le président du Comité 1922, responsable de l’organisation interne des conservateurs, où était organisé le scrutin à bulletin secret. Il lui en fallait 159 pour l’emporter Cette victoire est importante car le poste de première ministre lui est assurée pendant au moins 1 an. Elle a cependant du renoncer à se présenter en tant que chef de fil des Tories pour les prochaines élections législatives de 2022.

Hongrie – Manifestations contre la politique d’Orban 

Des milliers de Hongrois ont manifesté ce dimanche à Budapest contre la loi sur le travail et la politique menée par le gouvernement du premier ministre nationaliste Viktor Orban. La manifestation fut organisée à l’initiative de l’opposition de gauche et d’étudiants. Quatrième manifestions organisée en une semaine contre le gouvernement Orban, elle fut baptisée «Joyeux Noël, M. le premier ministre» par les organisateurs.

La contestation vise principalement la nouvelle loi travail, surnommée loi de l’esclavage. Elle prévoit d’augmenter à 400 heures le nombre d’heures supplémentaires que peuvent exiger les employeurs de leurs salariés, avec la possibilité de les payer jusqu’à trois ans plus tard. Mais plus largement c’est la politique autoritaire menée par Orban qui est contestée. Le pluralisme est la liberté de la presse sont mis à mal avec des médias de plus en plus muselés, un service public d’information détourné pour la propagande du gouvernement et des médias privés rachetés les uns après les autres par des proches du pouvoir. La crainte d’un recul démocratique se fait entendre chez les manifestants qui dénoncent également l’atteinte à indépendance de la justice avec la mise en place de nouveaux tribunaux administratifs compétents pour des questions sensibles telles que la loi électorale, les manifestations et la corruption.

Selon les organisateurs, environ 100 000 personnes sont descendues dans les rues de Budapest pour dénoncer, dans la soirée du 14 avril. Il s’agit de l’une des manifestations les plus importantes qu’ai connu le pays de 9,8 millions d’habitants.

Viktor Orban n’a pas encore officiellement commenté cette manifestation. Des rassemblements de soutien ont également eu lieu à Paris, Londres, Bruxelles et Berlin. Un second défilé est prévu samedi prochain à Budapest.

Allemagne – Le pays se dote d’un “troisième genre”, une première en Europe

Le Bundestag a voté ce vendredi 14 décembre une loi instituant une nouvelle catégorie « divers » sur les certificats de naissance en plus des traditionnels « féminin » et « masculin ». Le pays devient un précurseur en Europe dans la reconnaissance des personnes intersexes, c’est à dire des individus dont les caractéristiques génétiques et physiques ne correspondent pas à ceux attribués classiquement au genre féminin ou masculin. Une avancée saluée par les associations de défense des personnes LGBT+ mais qui auraient souhaité voir disparaître la demande d’attestation médicale à fournir pour pouvoir se déclarer comme “divers”.

L’adoption de ce texte est la conséquence d’une décision du Tribunal constitutionnel de Karlsruhe. Après avoir été saisis du cas d’une personne déclarée comme fille à la naissance mais frappée d’une affection génétique rare caractérisée par la présence du seul chromosome X à la place de la paire habituelle des chromosomes sexuels, les juges constitutionnels allemands avaient exigé des députés qu’ils modifient d’ici fin 2018 la législation en vigueur.

D’autres pays en Europe se sont aussi engagés sur la voie d’une reconnaissance d’un troisième genre comme les Pays-Bas ou l’Autriche. En France, toute personne doit être rattachée dans les cinq jours suivants la naissance à l’un des deux sexes masculin ou féminin. La Cour de cassation, saisie d’une affaire similaire à celle jugée par la cour constitutionnelle allemande, a rejeté l’an passé la reconnaissance d’un « sexe neutre ».

UE – Reconduction des sanctions économiques contre la Russie

Réunis en sommet à Bruxelles les 13 et 14 décembre, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne ont pour la huitième fois prolongé, de six mois, les sanctions économiques et financières adoptées en 2014 suites à l’annexion jugée illégale de la Crimée par Moscou et l’implication russe dans la conflit opposant les forces de Kiev aux séparatistes pro-russes.

Ce conflit a fait plus de 10 000 morts en quatre ans selon les chiffres publiés par la mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies. Les relations entre l’Ukraine et la Russie se sont nettement dégradées ces derniers temps à la suite de la prise de contrôle par les autorités russes de trois bâtiments de la marine ukrainienne le 25 novembre dernier dans le détroit de Kertch.

Par ailleurs, le soutien à Kiev est élargit au delà de sanctions économiques contre la Russie, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne proposent d’aider l’Ukraine dans les régions affectées par les actions de la Russie. Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune, a indiqué le renforcement des aides européennes directes à Kiev.

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a déjà prolongé cet été jusqu’à fin 2019 l’embargo sur les produits alimentaires occidentaux, en représailles à ces sanctions européennes américaines.

UE – Accord politique pour la mise en en place d’un budget de la zone euro

La création d’un budget dédié à la zone euro avait été évoquée pour la première fois par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017. Le président français en avait alors fait un élément central de son programme européen. Après avoir réussi à convaincre l’Allemagne à l’occasion du sommet de Meseberg de juin 2018, le président français a du défendre son projet face aux chefs d’Etat des pays de la zone euro lors du sommet de la zone euro du 14 décembre.

Dans le cadre du sommet, les 19 chefs d’État des pays partageant la monnaie unique sont parvenu à un accord politique et ont donné mandat à leurs ministres des Finances pour définir, dans le cadre de l’Eurogroupe, un “instrument budgétaire” consacré à la zone euro au cours des prochains mois. Cependant cette capacité budgétaire nouvelle n’aura pas de fonction de stabilisation de l’économie en cas de nouvelle crise contrairement à la volonté initiale du président français.

UE – Le parlement européen approuve l’accord de libre échange entre l’Union et le Japon

Le Parlement européen a approuvé mercredi 12 décembre un vaste accord commercial entre l’Union européenne et le Japon. Cet accord, approuvé par 474 voix pour, 152 contre et 40 absentions, doit entrer en vigueur le 1er février 2019. C’est “un symbole, un signal”, s’est félicitée la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström. “On montre que nous, on est en faveur d’un commerce ouvert, mais régulé.” a-t-elle déclaré en référence à la politique protectionniste de Donald Trump.

Ce texte négocié depuis 2013 est le plus vaste jamais conclu : il concerne plus de 630 millions de personnes et près d’un tiers du PIB mondial. Il couvrira, dès son entrée en vigueur prévue la quasi-totalité des échanges entre Bruxelles et Tokyo et profitera en particulier, selon Cecilia Malmström, à l’agriculture européenne. À terme, 85% des produits agroalimentaires de l’UE pourront entrer au Japon sans droits de douane.

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