Au programme cette semaine : l’ouverture des débats à Bruxelles sur la création d’un passeport vaccinal européen, l’agence Frontex dans le collimateur de la Commission et l’espoir suscité en Europe par l’investiture de Joe Biden. Un article rédigé par Kristen Anger.
Ouverture des débats à Bruxelles sur un passeport vaccinal européen
L’idée d’instaurer un passeport vaccinal fait débat et risque une nouvelle fois de mettre à mal l’unité des Vingt-Sept : les désaccords sur le sujet sont déjà bien visibles.
Alors que la Grèce, soutenue par la Belgique, l’Espagne et le Portugal, encourage au débat dans l’espoir que la question soit tranchée – positivement – avant la reprise de la saison estivale, la France et les Pays-Bas y sont pour le moment fermement opposés et considèrent le débat prématuré. En effet, la France soutient qu’instaurer un tel document reviendrait à contredire le caractère non obligatoire de la vaccination, un point sur lequel elle a particulièrement insisté. Selon le premier ministre Jean Castex, la position française se veut aussi pragmatique étant donné que la durée et l’intensité de protection du vaccin restent incertaines. A l’inverse, certains pays comme la Pologne et le Danemark ont d’ores et déjà commencé à attribuer des passeports sanitaires aux citoyens vaccinés.
Au niveau européen, Bruxelles souhaite élaborer un certificat “mutuellement reconnu” par les Vingt-Sept et dont la vocation serait dans un premier temps de surveiller les effets du vaccin. Ursula Von Der Leyen a assuré que si un tel certificat devait en venir à autoriser ou non le déplacement dans certains lieux, cela relèverait “d’une décision politique et juridique” qui devrait alors “être discutée au niveau européen”.
L’agence Frontex reste dans le collimateur de la Commission
En octobre 2020, plusieurs médias dénonçaient l’inaction de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, face aux méthodes illégales utilisées par les garde-frontières grecs pour refouler les embarcations de réfugiés vers la Turquie. Pire encore, des navires de Frontex apparaissaient, vidéos à l’appui, directement impliqués dans des opérations dangereuses de refoulement, ou “pushback”, en mer Egée.
En décembre, la Commission européenne avait enjoint le directeur de l’agence, Fabrice Leggeri, à s’expliquer devant une commission parlementaire. Le français qui dirige Frontex depuis 2015 avait alors réfuté les accusations et assuré que ses agents respectaient les droits des migrants. Peu convaincus, certains eurodéputés avaient demandé sa démission.
Début janvier 2021, alors qu’étaient dévoilés les uniformes du nouveau “corps européen permanent” de garde-frontières, dont les membres sont directement employés par l’agence et non plus détachés par les Etats membres, Fabrice Leggeri demeurait sous le feu des critiques. En effet, une enquête de l’Office de lutte anti-fraude a révélé les agissements douteux du directeur de Frontex qui aurait tardé à lancer le recrutement de quarante responsables chargés de veiller au respect des droits fondamentaux. La commissaire européenne aux affaires intérieures et à la migration, Ylva Johansson, a appelé Fabrice Leggeri à donner une explication claire de ses agissements. Désormais, nombreux sont ceux qui estiment que ses jours à la tête de Frontex sont comptés.
Avec Joe Biden, le renouveau de la relation transatlantique ?
L’investiture de Joe Biden le mercredi 20 janvier a fait l’objet de multiples déclarations de la part des dirigeants européens et augure d’une amélioration du lien transatlantique, mais les européens y croient-ils vraiment ?
Avec Joe Biden, une chose est certaine : les relations diplomatiques se dérouleront sous de meilleurs auspices qu’au cours du mandat de Donald Trump. Le retour au multilatéralisme de la première puissance mondiale était attendu impatiemment de l’autre côté de l’Atlantique. C’est donc avec enthousiasme que la présidente de la Commission, Ursula Von Der Leyen, a salué l’arrivée d’un “ami à la Maison Blanche après quatre longues années” et Charles Michel d’inviter le nouveau président à un sommet en Europe afin de “construire ensemble un pacte fondateur nouveau”. Joe Biden lui-même a appelé dans son discours d’investiture à “réparer les alliances, et à s’engager de nouveau avec le monde”. Des paroles immédiatement suivies d’actes puisqu’il a signé pas moins de dix-sept décrets dans les vingt-quatre heures suivant son investiture, dont un prévoyant le retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat.
Néanmoins, comme le souligne Le Monde, l’optimisme qui a investi la sphère bruxelloise ne doit pas tromper : un européen sur trois a perdu confiance en les Etats-Unis et considère le déclin américain irréversible. Aujourd’hui plus que jamais, les sondages le montrent, c’est une Europe autonome et souveraine que souhaitent les européens.