Par Kristen Anger.
L’Europe et la communauté internationale silencieuses face aux affrontements entre Israël et la Palestine
Alors que depuis le lundi 10 mai, l’armée israélienne et le Hamas, mouvement islamiste palestinien actif dans la bande de Gaza, s’affrontent à coup de frappes aériennes et de roquettes, la Commission européenne, dont Ursula Von der Leyen avait assuré l’ambition «géopolitique» au début de son mandat, est jusque là restée bien silencieuse. Tout comme le reste de la communauté internationale.
La crise a déjà provoqué la mort d’au moins 139 Palestiniens, dont de nombreux enfants, et une dizaine d’Israéliens. Les chancelleries occidentales sont désordonnées, incapables de favoriser une désescalade. Au conseil de sécurité de l’ONU mercredi 12 mai, les États-Unis, dont la proximité d’Israël était manifeste sous Trump, ont bloqué toute déclaration commune. Mécontents de cette opposition, la Norvège, l’Estonie, la France et l’Irlande ont conjointement condamné «les tirs de roquettes depuis Gaza» et se sont inquiétés du nombre de victimes palestiniennes. Ils ont aussi appelé Israël «à cesser les activités de colonisation, les démolitions, et les expulsions, y compris à Jérusalem-Est». Le Conseil de sécurité a prévu de se réunir à nouveau dimanche 16 mai en fin d’après-midi.
De fait, les discours sont restés prudents, veillant à ne pas froisser Israël, avec qui, de nombreuses capitales, y compris arabes, ont normalisé leur relations ces dernières années. Malgré les «efforts intenses» du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui s’est entretenu avec Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, et avec le ministre des affaires étrangères israélien, Gabi Ashkenazi, pour désamorcer la situation de crise, les tensions et le nombre de victimes civiles n’ont cessé de s’accroître.
Relance des négociations commerciales entre l’Inde et l’UE
La reprise des négociations sur un accord de libre-échange entre l’Inde et l’UE a été annoncée par Charles Michel, le président du Conseil, à la suite du Sommet social européen, qui s’est tenu les 7 et 8 mai à Porto. Les Vingt-Sept avaient convié le premier ministre indien, Narendra Modi, à y assister par visioconférence.
L’UE est le principal partenaire commercial de l’Inde, 20% des échanges indiens se font avec l’Europe et cette dernière est le premier investisseur en Inde. Pour cette raison, en 2007, un accord de libre-échange avait déjà été envisagé, mais les négociations avaient échoué en 2013, les deux partis ne parvenant pas à s’accorder sur un certain nombre de dossiers épineux, comme l’accès au marché automobile indien ou la libéralisation des services. Aujourd’hui, l’Inde demeure un pays très protectionniste et son surnom de «plus grande démocratie du monde» est souvent remis en question au vu de certains aspects autoritaires de son gouvernement. Les Européens, qui ont convenu de «mener trois négociations en parallèle» comme l’a précisé Ursula Von der Leyen, ont d’ores et déjà assuré qu’ils ne transigeraient pas sur la question des droits de l’homme.
Cette relance commerciale arrive au moment où l’UE a annoncé la suspension de l’accord global d’investissement qu’elle avait signé avec la Chine en décembre 2020, après sept années de négociations. De fait, le partenariat avec l’Inde, si il ne remplace pas celui avec Pékin, s’inscrit dans un contexte de bouleversement des relations internationales. La crise sanitaire a largement fragilisé l’Inde, qui a passé cette semaine la barre des 250 000 morts du Covid, et favorisé la convergence de ses intérêts avec l’UE, notamment dans le domaine pharmaceutique. Sur ce point, Narendra Modi a enjoint ses homologues européens à lever les brevets sur les vaccins.
L’UE et Astra Zeneca, c’est fini
Le Commissaire au commerce intérieur de l’UE, Thierry Breton, a annoncé le 9 mai au micro de France Inter que le contrat avec le laboratoire suédo-britannique AstraZeneca ne serait pas renouvelé au-delà du mois de juin. Mais cette déclaration ne marque pas la fin des démêlés entre le laboratoire et l’UE.
À la fin avril, l’UE avait saisi le tribunal de première instance de Bruxelles pour attaquer le laboratoire en raison du non-respect de ses engagements de livraison, qui retardaient la vaccination dans certains pays européens. En effet, depuis janvier 2021, seules 30% des doses commandées et préfinancées ont été livrées. Le ressentiment de l’UE est d’autant plus fort qu’elle estime que le Royaume-Uni a été privilégié dans les livraisons.
En France, la méfiance à l’égard du vaccin AstraZeneca est grande, notamment à cause de sa suspension par précaution à la mi-mars, suite au signalement de cas de thromboses atypiques. Si l’Agence européenne des médicaments avait, peu de temps après, donné son feu vert pour reprendre la vaccination, la défiance s’est installée et les pharmacies peinent à écouler les stocks du vaccin. Selon Libération le taux d’utilisation d’AstraZeneca est de 54% en France contre 89% pour celui de Pfizer. De fait, le non-renouvellement de contrat avec le laboratoire ne devrait pas avoir une grande incidence sur la campagne de vaccination. C’est d’autant plus probable que l’UE a signé le 8 mai un contrat avec Pfizer-BioNTech qui doit permettre la livraison de 900 millions de doses, au minimum, jusqu’en 2023.