Par Laura Comte et Henri Fabbro.
Roberta Metsola : la conservatrice maltaise, anti-IVG, élue présidente du Parlement européen
Ce mardi 18 janvier, la conservatrice maltaise Roberta Metsola a été élue présidente du Parlement européen. Cette eurodéputée du Parti populaire européen est en fait la troisième femme à jouir de cette fonction, Simone Veil a d’ailleurs été la première femme à occuper ce poste en 1979.
En fait, la maltaise a été élue grâce au soutien des deux autres principaux groupes du Parlement européen, les sociaux-démocrates et Renew, lui assurant une majorité absolue. C’est donc sans surprise qu’elle a reçu l’approbation des membres du Parlement dès le premier tour de scrutin en obtenant 458 voix en sa faveur.
Cette nouvelle présidente de 43 ans est jugée assez engagée contre la corruption et en faveur des droits LGBT, elle est donc vue comme une femme avec des idées assez progressistes ce qui s’accorde avec les principes européens.
Toutefois, d’après le Soir, la date de son élection est aussi symbolique, “40 ans jour pour jour après la fin du mandat de la première présidente de l’histoire de l’institution, Simone Veil, le 18 janvier 1982”. Or, Roberta Metsola a affirmé être totalement contre l’avortement, une opinion sûrement renforcée par le fait que Malte est le seul pays européen qui interdit encore l’avortement même en cas de viol ou de mise en danger de la vie de la mère. Ceci s’oppose aux idées de Simone Veil qui a dépénalisé l’avortement, et pourra peut-être poser problème sur le long terme, car certaines idées de la nouvelle présidente sont en désaccord avec les convictions européennes. Néanmoins, cette dernière a affirmé qu’elle “agirait en présidente, c’est-à-dire qu’elle parlerait au nom de la maison et non de ses propres convictions”.
Emmanuel Macron et sa campagne présidentielle ou sa présidence au conseil de l’Union européenne ?
Emmanuel Macron a pris la parole devant le Parlement européen pour le début de la présidence française du Conseil de l’Union Européenne. Le président de la République française a présenté ses différentes idées, d’ailleurs, l’opposition lui reproche d’avoir utilisé sa présidence actuelle au conseil de l’UE pour favoriser sa réélection.
En effet, Emmanuel Macron s’est exprimé mercredi 19 janvier, à Strasbourg, pour exposer sa stratégie pour son mandat à la présidence française du conseil de l’Union européenne (PFUE). Il a d’ailleurs affirmé qu’il voulait ajouter la protection de l’environnement et le droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Il faut, d’après le président de la République Française, « actualiser cette charte pour être plus explicite » sur ces deux priorités, alors que les eurodéputés ont élu mardi une présidente pour le Parlement européen qui est fermement opposée à l’avortement, la maltaise Roberta Metsola. La priorité selon lui est donc de défendre l’Etat de droit, qui « est notre trésor » et « il s’agit partout de reconvaincre les peuples qui en sont éloignés », notamment à cause de la montée du populisme.
Toutefois, lors de son discours, certains opposants ont exprimé leur mécontentement car Emmanuel Macron aurait utilisé ce discours comme un marchepied électoral, « Quelle honte de transformer cet hémicycle en Assemblée nationale française », lui a répliqué le chef de file macroniste des eurodéputés du groupe Renew Europe, le Français Stéphane Séjourné. Roberta Metsola a ensuite remis à l’ordre le président, en déclarant qu’il ne s’agissait « pas d’un débat national ».
La Turquie face aux menaces du Conseil de l’Europe
Emprisonné depuis octobre 2017, le conseil de l’Europe a réclamé la libération immédiate du philanthrope et milliardaire Osman Kavala. Mais lundi 17 janvier, la justice turque a une nouvelle fois décidé de le maintenir en détention. Les diplomates de la délégation européenne ainsi que les ambassadeurs se sont heurtés au refus des magistrats malgré des sanctions promises.
Cette libération constitue un enjeu dans la mesure où Osman Kavala incarne une Turquie en opposition totale au modèle prescrit par le président Erdogan. Né à Paris et élevé en Angleterre, il milite pour l’intégration du pays à l’Europe ainsi que pour sa laïcité. Il a par la même occasion été l’un des premiers à dénoncer les agissements du Mouvement Gülen qui tentait de pénétrer l’Etat turque. Ce mécène s’est consacré à l’émancipation de la Turquie en plaidant pour le droit des minorités, la question kurde, la réconciliation avec les Arméniens. En témoigne, la création de la maison d’édition Iletisim consacrée aux ouvrages sur la démocratisation du pays ou encore la fondation Anadolu Kultur qui a pour but de libérer la parole sur des sujets difficiles comme le génocide arménien.
Le président Erdogan a fait de lui l’instigateur et le bouc émissaire de tous les maux de cette démocratie turque : il est accusé d’avoir déclenché les manifestations de Gezi en 2013 puis d’avoir voulu déstabiliser l’État en participant au coup d’État de 2016.
Dès lors, le Conseil de l’Europe a mis en demeure la Turquie en lui posant un ultimatum. Si Erdogan continue d’ignorer la réclamation de cette libération, le conseil devra passer à l’acte et imposer des sanctions, une première depuis sa création. En réalité, l’enjeu autour de cette affaire constitue bien plus qu’une simple manœuvre politique mais bien un enjeu pour le futur démocratique du pays.
La Turquie étant membre du conseil de l’Europe depuis 1950, elle avait donc accepté de se soumettre aux arrêts de la cour européenne des droits de l’homme. Pourtant, cette détention arbitraire ou encore la détention provisoire de 427 magistrats en juillet 2016 ainsi que la violation globale de l’Etat de droit indiquent que le système démocratique turque n’est probablement plus qu’une coquille vide.
Pour une institution européenne ayant comme finalité de défendre les droits de l’homme et de développer la stabilité démocratique en Europe, la Turquie constitue bel et bien un intrus. Dès lors, le point de rupture paraît très proche entre les deux parties et le conseil de l’Europe semble bien décidé à ne pas faiblir. Le ministre des Affaires étrangères turque a déclaré que toute action contre le pays serait considérée comme une forme d’ingérence dans les affaires intérieures.
D’une certaine manière, cet emprisonnement illustre l’omnipotence du président Erdogan et la dérive de la démocratie turque qui se meut de plus en plus en une “démocrature” faisant fi des exigences politiques et juridiques auxquelles elle a pourtant adhéré par le passé.
Ukraine : le spectre d’une guerre froide ?
Le 19 janvier dernier, au cours d’une conférence de presse donnée à la Maison Blanche, le président Américain Joe Biden a tenu des propos insinuant qu’une imminente incursion russe était à envisager en Ukraine. Voulant ainsi faire volte-face, l’administration Biden s’est efforcée de corriger et de préciser cette déclaration tenue la veille.
Mais bis repetita, le président a une nouvelle fois semé la confusion en affirmant : « Cela dépend de ce qu’il fait. C’est une chose s’il s’agit d’une incursion mineure… ». Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a alors rappelé “ qu’il n’existe pas d’incursions mineures et de petites nations ”. Nouvelle rectification du gouvernement américain qui a dû exposer sa volonté de défendre l’Ukraine, peu importe le type d’attaque.
Tandis que les forces armées russes se maintiennent à la frontière et que des exercices militaires communs avec la Biélorussie sont organisés, cet évènement est aussi une démonstration de force qui témoigne de la détermination de la Russie à gagner en considération sur la scène internationale, surement en essayant de recréer une atmosphère aux allures de guerre froide.
A cet égard, le ministre des affaires étrangères russes, Sergueï Lavrov, et le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, se sont entretenus vendredi afin d’exposer leurs mutuelles intentions et attentes quant à la dite situation. Ce dernier s’est exprimé sur cette brève rencontre : « Nous ne nous attendions pas à une percée majeure aujourd’hui, mais je pense que nous sommes engagés à présent sur une voie plus claire, permettant de comprendre nos positions mutuelles. ». Les Américains ont tout de même annoncé qu’ils répondraient prochainement aux propositions de la Russie, énoncées notamment dans deux projets de traité destinés à l’OTAN et aux EU datant du 17 décembre 2021.
Ces revendications portent par exemple sur l’interdiction de tout nouvel élargissement de l’Alliance atlantique et un repli immédiat de ses forces dans la périphérie de la Russie. Le Kremlin réclame en ce sens le retrait des troupes positionnées en Bulgarie et en Roumanie : “Il s’agit du retrait des forces étrangères, des équipements et des armements ainsi que d’autres mesures dans le but de revenir à la situation de 1997 dans les pays qui n’étaient pas alors membres de l’Otan. C’est le cas de la Roumanie et la Bulgarie.” (le ministère russe des Affaires étrangères).
Moscou exige de l’OTAN qu’elle s’engage à refuser par écrit l’intégration de l’Ukraine, une demande qui est jugée inacceptable par ses protagonistes et qui contrevient également à la souveraineté du pays. Si ces revendications étaient acceptées, la crédibilité et la légitimité de l’OTAN s’effondreraient. On pourrait alors imaginer la renaissance de zones d’influences.
Finalement des pays comme l’Estonie, la Lettonie ou la Lituanie ont annoncé qu’ils allaient contribuer manu militari à la défense de l’Ukraine en lui fournissant des missiles antichars et antiaériens “en cas d’agression russe”.