Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (du 7 au 13 février 2022)

Le programme Afrique-Europe : coup d’envoi de la stratégie Global Gate 

Ce jeudi 10 février, Ursula von der Leyen a déclaré que l’UE était prête à mobiliser la somme de 150 milliards d’euros afin de soutenir l’investissement en Afrique : “Aujourd’hui, je suis fière d’annoncer plus de 150 milliards d’euros par le programme Afrique-Europe”.

Ce financement s’inscrit  dans le cadre de la stratégie Global Gate, un plan annoncé en décembre 2021 par la Commission européenne visant à développer des liens durables avec le reste du monde afin de soutenir la reprise mondiale. Elle a pour but de répondre aux grands enjeux actuels tels que le changement climatique, la protection de l’environnement, l’amélioration de la sécurité sanitaire ou encore le renforcement des chaînes d’approvisionnement mondiales. Cette déclaration inaugure donc le tout premier plan régional de la stratégie Global Gate.

La présidente de la Commission européenne a tenu à rappeler que ce projet n’est réalisable qu’avec la coopération de différents acteurs : “Pour tout cela, nous avons bien sûr besoin du secteur privé, de son expertise et de son fort investissement. Nous avons aussi besoin de volontarisme politique au plus haut niveau”. Le sommet Union européenne-Union africaine des 17 et 18 février prochains sera ainsi l’occasion de fixer et d’organiser les investissements.

Afin de renforcer ce partenariat euro-africain, la Commission souhaite s’appuyer sur deux pays émergents : le Maroc ou le Sénégal, notamment en les accompagnant dans leur transition énergétique. De la lutte contre le réchauffement climatique à la mise en place d’une “économie verte”, durabilité et progrès semblent être les maîtres-mots.

D’un point de vue géopolitique, cette ambition a également pour finalité de concurrencer les “nouvelles routes de la soie” tracées par la Chine, imposant une mainmise économique et politique sur le continent. Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian avait à cet égard déclaré en novembre dernier : “ils ont pu bénéficier dans l’immédiat d’infrastructures, parfois spectaculaires, construites par des Chinois avec l’argent des Africains dans le but affiché du développement, mais, à la fin, ils mettent leur pays sous tutelle en raison de l’endettement majeur”.

 

Ukraine : Face à l’escalade des tensions, les rencontres diplomatiques se multiplient

La tension s’accroît à la frontière entre l’Ukraine et la Russie. En effet, les soldats russes multiplient leurs entraînements, et ils sont sans cesse ravitaillés en hommes et en fournitures. Selon Washington, une guerre pourrait éclater « à tout moment », et une invasion de l’Ukraine est possible, y compris les prochains jours. De son côté, le président russe Vladimir Poutine dément toute suspicion de possible invasion de l’Ukraine.

 

La réaction occidentale

Face à cette situation, 3000 soldats américains ont encore été envoyés en Pologne, et les entraînements se multiplient dans le camp occidental. Les États-Unis n’écartent pas des sanctions économiques  fortes, mais pas non plus la voie diplomatique. L’Allemagne et la France les rejoignent sur ce point.

De leur côté, le Canada, l’Australie et les États-Unis par exemple ont appelé leurs ressortissants présents à Kiev à rentrer. L’Italie et la Roumanie en ont fait de même ce samedi 12 février, rappelant également leurs conseillers diplomatiques « non-essentiels ». La société KLM a suspendu ses vols en direction de Kiev jusqu’à nouvel ordre.

 

Vers une solution diplomatique ?

Pour éviter le pire scénario, Vladimir Poutine a déjà rencontré les chefs d’État allemand, russe et français. Il s’est de nouveau entretenu au téléphone avec Emmanuel Macron, puis avec Joe Biden ce samedi 12 février, et reverra Monsieur Scholz en début de semaine prochaine à Moscou.

Si les menaces pesant sur Moscou sont encore fortes, cela ne suffit pas à faire changer d’avis Vladimir Poutine, qui demande comme exigence inconditionnelle la non-intégration de l’Ukraine dans l’OTAN, ce que les États-Unis et l’Union européenne refusent. 

 

Une amende historique pour la Pologne 

Ce mardi 8 février, la Commission européenne a déclaré qu’elle allait mettre à l’amende la Pologne pour avoir refusé de fermer une de ses mines polluantes. Varsovie va ainsi soustraire 15 millions d’euros sur les fonds européens qu’elle devait normalement toucher.

En septembre 2021, la Cour de Justice de l’Union européenne avait déjà condamné la Pologne à payer 500 000 euros par jour tant que cette mine, l’une des plus polluantes d’Europe, ne serait pas fermée. Piotr Mueller, le porte-parole du gouvernement polonais avait déclaré à cette époque : “Nous ne fermerons pas la mine de Turow. Depuis le début de cette affaire nous sommes d’avis que la suspension de l’activité à Turow menacerait la stabilité de notre réseau électrique”. 

A l’origine, l’exploitation n’avait jamais été remise en cause jusqu’à ce que la République tchèque pointe du doigt les effets nocifs sur l’environnement et sur ses sources d’eau approvisionnant son territoire

Piotr Müller avait initialement annoncé : «La Pologne aura recours à tous les moyens légaux pour faire appel de ces projets de la Commission européenne». Mais ce jeudi, l’Union européenne et la Pologne ont conjointement décidé de mettre fin au litige en ratifiant un accord : “ En effectuant la compensation, la Commission remplit son obligation légale de recouvrer les sanctions financières imposées par la Cour, et que la Pologne a refusé de payer” (Balazs Ujvari).

Dès lors, cet incident s’inscrit dans la longue lignée des successives épreuves de force juridiques entre la Pologne et l’UE. On peut à cet égard rappeler la décision du tribunal constitutionnel polonais en octobre dernier, lorsque celui-ci avait jugé que certains traités européens contrevenaient à la constitution polonaise. Ce n’est donc pas la première fois que ce pays enfreint le droit européen.

 

Retour sur le 8e rapport sur la cohésion économique, sociale et territoriale de la Commission européenne

Ce mercredi 9 février, la Commissaire européenne en charge de la cohésion économique et sociale Elisa Ferreira a inauguré la sortie du 8e rapport triennal sur la cohésion, affirmant que la politique de cohésion de l’Union a profité aux collectivités. 

 

Quelles disparités en Europe ? 

Dans son rapport, la Commission européenne affirme que sans une politique de cohésion, les disparités continueront à apparaître entre les territoires en Europe, à toutes les échelles. Dernièrement, la crise de COVID-19 a mis en lumière ces disparités concernant l’accès aux structures hospitalières et économiques. L’espérance de vie a plus baissé dans les régions isolées que dans les métropoles. 

Ces vingt dernières années, les capitales d’Europe de l’Est ont connu une forte croissance du niveau de vie, ce qui est beaucoup moins le cas dans les autres régions de ces pays. Malgré les taux de croissance, les disparités sont toujours plus fortes en Europe qu’avant la crise de 2008, d’où l’importance d’investir dans les fonds structurels. 

 

Que faire pour y remédier ? 

La Commission européenne incite les collectivités à se tourner vers une économie plus durable, sur la base d’une transition verte et numérique. Cette double transition est financée à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros par les fonds européens, dont l’État et la région sont les principaux redistributeurs. 

La transition verte consiste à investir dans des secteurs durables en promouvant les circuits courts, le respect des sols et l’agriculture biologique, la gestion des déchets, l’économie d’énergie et la production d’énergies plus vertes. Cette transition permet des investissements à long terme sur des ressources non finies, revalorisant les territoires et leur biodiversité, promouvant également le tourisme. 

La transition numérique est ambitieuse, et a pour objectif d’équiper en infrastructures les régions les plus isolées en Europe, notamment en connexion très haut débit. La crise de COVID-19 a permis un exode des capitales vers des métropoles grâce au télétravail. L’accès au très haut débit est indispensable pour de nombreuses entreprises. Y donner accès dans les zones les moins connectées facilitera les investissements et la venue de populations plus jeunes. 

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