Par Noé Rougier et Coline Playoust.
Collection Morozov : la culture comme arme géopolitique
Alors que l’exposition de la collection Morozov touchait à sa fin ce 3 avril, il n’en est malheureusement pas de même pour le conflit russo-ukrainien. Ainsi cet événement, ou plutôt sa fin, permet de révéler l’imposition de la culture comme arme géopolitique.
En effet, ce samedi 9 avril, le Ministère de la culture français a annoncé auprès de l’AFP que deux toiles issues de la collection resteraient en France contrairement aux 200 autres déjà rapatriées dans plusieurs musées russes. Néanmoins, ces deux exceptions ne sont pas dûes aux mêmes motivations.
Le premier tableau, un autoportrait de Piotr Kontchalovski appartenant à un oligarque russe, sera confisqué jusqu’à ce que ses avoirs soient dégelés. Cette action poursuit donc la route des sanctions empruntée par l’Union Européenne vis-à-vis du cercle proche de Vladimir Poutine.
En revanche, le second (un portrait de Margarita Morozova) est initialement domicilié au musée des Beaux-Arts de Dnipropetrovsk, en Ukraine. Le garder en France permet donc de le protéger d’éventuelles attaques russes, toujours aussi nombreuses malgré les jours passant.
Ainsi, c’est donc un avenir incertain qui saisit ces deux joyaux. Ce “mini embargo” sur l’art est une nouvelle arme au service de la lutte contre l’impérialisme et l’autoritarisme russe.
Élections présidentielles en France, un danger pour l’Europe ?
J-1 avant le premier tour de l’élection présidentielle française, et toujours autant de doutes parmi la population française. Votera, votera pas, votera blanc, votera vert, les indécis sont nombreux et avec eux leur lot de conséquences pour le système démocratique français et européen s’accroît.
En effet, on distingue aujourd’hui dans les sondages trois potentiels candidats au second tour. Selon la dernière enquête menée par l’institut de sondage Cluster17 entre le 6 et 8
avril 2022, Emmanuel Macron arriverait en tête avec 26% des voix, suivi de Marine Le Pen (21%) et Jean-Luc Mélenchon (18%).
Cette proximité entre les trois candidats, et surtout l’écart qui les séparent des autres protagonistes, s’explique en partie par l’utilisation de plus en plus massive du “vote utile” par le peuple français. Initialement davantage fragmenté, le spectre politique se referme au fur et à mesure que l’issue du premier tour approche.
En outre, les trois principaux prétendants se distinguent également de par leurs positions sur l’Union Européenne. De son remplacement par une “Alliance européenne des Nations plus libres et souveraines” à “l’assurance d’une puissance européenne” en passant par la réforme de ses traités pour les “adapter aux enjeux du futur”, l’élection française sera déterminante pour l’avenir de l’Europe.
Avec trois personnalités politiques de trois horizons différents pour trois futurs radicalement opposés, l’UE tremblera donc jusqu’au 24 avril et la clôture du second tour, au même titre que l’ensemble du peuple français…
Troisième et dernier volet du rapport du GIEC : trois ans pour agir ?
« L’humanité dispose de moins de trois ans pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique, si elle veut conserver un monde vivable » alerte le dernier rapport du GIEC.
En août 2021, le premier volet du sixième rapport sur le climat du GIEC ( Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat ) avait démontré« l’amplification sans précédent du réchauffement planétaire ». Le deuxième, paru en février, avait « détaillé ses impacts de plus en plus irréversibles. » Ce dernier volet, paru le 4 avril, explore les solutions afin de réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Le but est de maintenir le réchauffement climatique global à 1,5°C, seuil qui permettrait d’éviter des conséquences irréversibles pour le climat. Selon le rapport, il nous reste désormais trois ans pour agir, et prendre des mesures adaptées à l’urgence climatique.
Quel est le principal levier d’action ?
Les énergies fossiles sont aujourd’hui la plus grosse source d’émission de GES. Cependant, « les flux financiers publics et privés destinés aux énergies fossiles sont toujours plus importants que ceux destinés à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation de ses effets. » selon Mediapart. Les gouvernements ne sont pas prêts à changer.
Que pouvons-nous faire à notre échelle ?
=> Favoriser des modes de déplacement à faible émission comme les transports en commun, le vélo, la marche, le train. Tout cela doit être rendu possible et facilité par les infrastructures et l’aménagement du territoire.
=> Abandonner progressivement l’usage de la voiture.
=> Si l’on possède une épargne, contrôler son implication et ce qu’elle finance.
Comment financer ces solutions ?
Bonne nouvelle : il existe une large quantité d’épargne disponible dans le monde ; cette quantité est suffisante pour financer la réorientation vers la réduction des émissions. La question est désormais de savoir comment pousser ceux qui possèdent cette épargne à faire des placements « propres ».
Le rapport montre que le coût de l’action est inférieur à celui de l’inaction : l’investissement pour réduire les émissions est rentable à long terme : les effets les plus dangereux du réchauffement seront plus coûteux.
Sommes nous condamnés ?
Hoesung Lee, le président du Giec, a déclaré « Nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement climatique. ». En outre, des résultats encourageants ont été observés : le coût de l’énergie solaire a baissé de 85% depuis 2010, un nombre croissant de politiques ont amélioré l’efficacité énergétique, et une prise de conscience généralisée s’est opérée avec des mouvements comme Youth For Climate.
Pour la co-autrice du rapport Céline Guivarch « il n’est jamais trop tard pour agir : chaque émission de gaz à effet de serre évitée réduit le changement climatique et ses effets, réduit les risques, les pertes et les dommages. Il n’est jamais trop tôt non plus pour agir. »
Embargo de l’Union européenne sur le charbon russe
Dans la soirée de jeudi, les Vingt-Sept ont adopté à l’unanimité un cinquième paquet de sanctions contre la Russie.
Un embargo sur le charbon russe a été décidé. Il s’agit de la première sanction portant sur le secteur énergétique. Cependant, cela « ne va pas vraiment fragiliser l’économie russe », juge Simone Tagliapietra, du centre de réflexion belge Bruegel. « Les Européens payent 15 millions d’euros par jour pour acheter du charbon russe. Pour le gaz et le pétrole russes, c’est 850 millions », argue le chercheur.
“L’Union européenne importe en effet 45% de son charbon de Russie pour une valeur de 4 milliards d’euros par an. “ L’embargo devrait entrer en vigueur début août 2022.
Les Européens n’exporteront plus vers la Russie des biens stratégiques, comme des semi-conducteurs ou des ordinateurs quantiques. Cela représente 10 milliards d’euros de revenus annuels pour l’UE.
L’embargo sur le charbon russe ressemble donc davantage à une mesure symbolique. Un embargo total sur le gaz ou le pétrole semble pour l’instant inenvisageable ; cela ferait d’autant plus flamber des prix déjà historiquement hauts. De nombreuses manifestations ont éclaté dans l’UE pour protester contre la baisse du pouvoir d’achat.
La Commission rendra en juin un avis sur l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. Habituellement, cette procédure prend entre quinze et dix-huit mois. L’UE montre une nouvelle fois son soutien à l’Ukraine par ce traitement de faveur : il s’agit d’un signal politique fort. Si l’Ukraine venait à intégrer l’UE, elle devrait s’aligner sur les standards européens dans les prochaines années.