Par Coline Playoust, Zöe Vailler et Alexis Plantard.
Union européenne et Nations Unies : des liens solides et une coopération toujours plus fructueuse
Instituées à la fin de la seconde Guerre Mondiale, l’ONU et l’Union Européenne ont en commun, dès les années 50, la volonté d’instaurer et de promouvoir la paix et la sécurité dans l’Europe, et dans le monde, gravement menacé par la Guerre Froide. Les deux entités vont parallèlement se construire et se développer pour devenir des représentantes du multilatéralisme.
1974 : entrée de L’Union européenne à l’ONU
La 29e session Assemblée Générale des Nations Unies marque le début de la coopération entre l’ONU et l’Union Européenne. Le 11 octobre 1974, l’ONU reconnaît le statut d’observateur à la Communauté Économique Européenne (CEE), qui deviendra plus tard l’Union européenne. En 1991, elle devient le premier organe non étatique à acquérir un droit de vote dans l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture.
Étendre son influence
En intégrant les institutions de l’ONU, l’Union Européenne espère faire croître sa place et son influence. La communauté européenne propose à l’ONU d’étendre certains de ses droits de représentation. L’Assemblée Générale s’oppose d’abord à cette proposition ; selon l’Australie et la Communauté caribéenne, l’UE ne devrait pas bénéficier d’un traitement de faveur vis-à-vis des autres blocs régionaux.
Une résolution est finalement adoptée en mai 2011 à la suite de nombreuses négociations. Ainsi, les blocs régionaux pourront obtenir les mêmes droits que ceux qu’obtient l’UE. Cette résolution permet à l’UE de parler en son nom, (par l’intermédiaire du président du Conseil Européen), et de débattre lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Comment se démarquer à l’ONU ?
Désormais, l’UE est un acteur non étatique largement implanté dans les institutions onusiennes. Au-delà de son statut d’observateur à l’Assemblée Générale, l’UE est aussi impliquée dans une cinquantaine d’accords à l’initiative de l’ONU.
Une Union européenne solidaire
L’UE veut constituer une coordination solide entre ses États membres pour porter ses intérêts et sceller une solidarité durable. Pour remplir cet objectif, l’article 34 du traité sur l’Union Européenne stipule que les Etats présents au Conseil de Sécurité sont tenus d’informer l’UE sur les questions d’intérêt commun et de défendre ses intérêts communs.
Au-delà de cette obligation au sein de cet organe consacré à la sécurité internationale, l’UE prévoit également le développement d’une
position européenne commune. Des sessions de coordination interne ont alors lieu afin que les États membres garantissent leur même alignement au sein de six comités de l’Assemblée Générale ainsi que des autres organes et agences onusiens.
L’UE reste une partie non étatique car elle ne possède pas le droit de vote dans les différentes assemblées générales menées par l’ONU. Sa force réside donc dans sa capacité à créer des positions partagées par les Etats européens afin que ses intérêts soient représentés.
Une contribution économique remarquable
L’ONU et l’UE entretiennent un lien privilégié grâce aux financements européens, qui représentent en moyenne près de 24% du budget annuel de l’ONU. L’UE se place comme le premier contributeur de l’ONU, devant les Etats Unis. Le budget de l’ONU est destiné à assurer le fonctionnement interne ainsi qu’à financer des opérations de maintien de la paix.
Le maintien de la paix au coeur des convictions mutuelles
Les liens entre les deux institutions se jouent également par l’importance du partage de valeurs communes aux deux institutions. Javier Solana, le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune de 1999 à 2009, avait rappelé l’importance et la croissante force de l’ONU pour un multilatéralisme efficace au maintien de la paix internationale.
Néanmoins, ce lien si singulier ne rend pas l’ONU impuissante face à l’UE.
En 2021, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a condamné la politique migratoire européenne, en appelant à améliorer les conditions d’accueil et la prise en charge des situations des réfugiés.
Partenariat UE – ONU : quels objectifs et quels moyens ?
Ainsi, L’UE peut s’exprimer à l’ONU et tient une large place de collaborateur. Les deux institutions travaillent désormais main dans la main. L’UE contribue financièrement à de nombreuses missions lancées par l’ONU. On parle de partenariat UE – ONU.
Ce partenariat se développe à plusieurs niveaux. Tout d’abord, l’UE s’est engagée à promouvoir la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Ces objectifs, définis par l’ONU en 2000, visent « à améliorer le bien-être de l’Homme en réduisant la pauvreté, la faim dans monde, et la mortalité infantile et maternelle, en garantissant l’accès à l’enseignement pour tous ». Cette coopération se fait aussi sur des missions éducatives, sociales, culturelles. Il est possible qu’un partenariat soit mis en place pour gérer une situation ou un problème particulier. Voyons plus en détail à quels niveaux ces organisations coopèrent.
Quels enjeux militaires ?
Sur le plan militaire, l’UE s’engage dans la promotion de la paix à travers le monde. Face à la guerre civile au Soudan en 2003, l’UE a débloqué près de 400 millions d’euros pour la Mission de l’Union africaine au Darfour. Lorsque l’Allemagne a été à la présidence de l’UE en 2006, près de 3000 casques bleus allemands ont été envoyés au Liban. L’UE soutient régulièrement l’ONU militairement.
Concernant la dissuasion nucléaire
Le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), traité international conclu en 1968 a été signé par l’immense majorité des pays de l’ONU. Il vise à « empêcher les États ne détenant pas d’armes de destruction massive (ADM) – nucléaires, chimiques ou bactériologiques – de s’en doter. ». En février 2021, l’Iran s’est retiré du TNP, alors qu’il lui est reproché depuis de nombreuses années de développer le nucléaire à des fins non énergétiques. L’UE a suivi l’ONU et a fermement appelé l’Iran à se conformer aux règles internationales;
L’environnement comme nouvelle priorité
Sur les questions environnementales, dès 2007 l’UE s’est engagée auprès de l’ONU à prendre de plus en plus de décisions écologiques. De nombreux pays de l’UE ont accueilli des COP. Chaque année depuis quinze ans, les Journées européennes pour le développement (JED) ont lieu. L’édition de 2021 portait sur le « pacte vert pour un avenir durable ». L’UE montre aussi la voie en termes de politique environnementale avec le Green Deal lancé en 2019 ; un ensemble d’initiatives politiques proposées par la Commission européenne dans le but de « rendre l’Europe climatiquement neutre en 2050. »
La coopération face à la crise sanitaire
Pendant la crise du Covid-19, l’ONU et ses partenaires ont lancé l’organisme COVAX, initiative ayant pour but d’assurer un accès équitable à la vaccination a été créé. L’UE a alloué plus d’un milliard de dollars de dons à COVAX, permettant ainsi de distribuer près de 240 millions de doses à travers le monde. L’UE est le premier donateur et exportateur de vaccins dans le monde.
Ces organisations travaillent sur les mêmes lignes de conduite, et accordent énormément d’importance aux liens qui les unissent. En juin 2021, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a qualifié l’UE de « partenaire vital servant d’inspiration au monde. »
En bref, des liens solides, et une coopération qui a fait ses preuves et reste prometteuse!
Sources
https://www.eeas.europa.eu/delegations/un-new-york_en
https://www.coe.int/fr/web/der/united-nations
https://www.un.org/fr/land-natural-resources-conflict/offer/eu-un-partnership-offer.shtml
https://www.un.org/fr/chronicle/article/un-partenariat-special-avec-lonu-un-point-de-vue-europee