Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (du 19 au 25 septembre 2022)

Par Laura Comte, Marine Béguin et Laura De Almeida.

 

Inflation : la Banque Centrale Européenne vers une nouvelle hausse de ses taux directeurs

L’inflation au mois d’août 2022 a atteint une moyenne de 10,1% au niveau de l’Union européenne : un record depuis ces vingt dernières années. L’énergie et les denrées alimentaires sont les deux secteurs les plus touchés par cette augmentation. Les premiers ont augmenté de 350% en 2 ans, tandis que les seconds subissent l’impact du conflit russo-ukrainien, puisque 30% des exportations mondiales de blé sont originaires de ces pays.

Pour y faire face, Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, a annoncé mardi 20 septembre, que La Banque centrale européenne pourrait devoir remonter ses taux d’intérêt à un niveau tel qu’ils ralentiront l’activité économique dans la zone euro afin de parvenir à maîtriser une inflation trop élevée. Cette augmentation de 0,75% est prévue dès le mois d’octobre. 

L’objectif de cette mesure est d’augmenter le prix des emprunts et des entreprises des particuliers, ce qui devrait réduire la demande et donc l’inflation. Toutefois, certains économistes craignent des répercussions désastreuses sur de nombreuses entreprises et marchés, plus particulièrement sur l’immobilier. 

Élections législatives en Italie : qui va prendre la tête du gouvernement ?

Ce dimanche 25 septembre, les électeurs italiens sont appelés aux urnes pour les élections législatives, ​​après la démission, en juillet, du président du Conseil Mario Draghi. Le parti Fratelli d’Italia, d’extrême-droite, serait le gagnant de ce revirement de situation : “En tête des sondages, avec 24,4 % des voix, on retrouve [en effet] la candidate d’extrême droite – souvent considérée comme postfasciste – Giorgia Meloni et son parti Fratelli d’Italia”. 

Face à ces élections et les possibles changements drastiques qu’amènerait l’arrivée de l’extrême-droite à la tête du pays, Ursula Von der Leyen a indiqué jeudi dernier que : “Si les choses tournent mal en Italie, nous avons des outils, comme dans le cas de la Pologne et de la Hongrie”. Les “outils” mentionnés par la présidente de la commission ont été élaborés dans le cadre des versements de fonds européens vers ses États membres. Ce mécanisme permet à l’Union, depuis décembre 2020, de sanctionner financièrement les États membres violant des droits fondamentaux en leur coupant un ou plusieurs versements.

Giorgia Meloni est perçue à Bruxelles comme une eurosceptique, opposée à de nombreux projets de l’Union européenne, notamment sur les questions d’économie et de migration. De plus, elle n’hésite pas à exprimer son soutien à la Hongrie et la Pologne. En effet, son parti a voté contre un rapport sur la Hongrie qui qualifiait le régime de Viktor Orbán, de “régime hybride d’autocratie électorale”. En matière d’économie, Giorgia Meloni a l’intention de renégocier le plan de relance Européen, notamment les politiques énergétiques et industrielles. D’après Silvio Berlusconi : Ce serait illogique et dangereux, l’Italie pourrait perdre 191,5 milliards d’euros de prêts et subventions. 

 

La mort de Mahsa Amini : le réveil de tout un peuple

Âgée de 22 ans, Mahsa Amini a été arrêtée le 13 septembre par la police des moeurs en Iran, car le port de son voile ne correspondait pas à la juridiction du pays . Le 16 septembre, soit trois jours après, la jeune femme est décédée des suites de son arrestation, alors que la police des moeurs affirme qu’elle serait morte après avoir fait une crise cardiaque. Ce scénario semble pourtant peu probable selon de nombreux Iraniens, qui se sont mobilisés en masse à la suite du décès de Mahsa Amini. De nombreuses manifestations dans les grandes villes iraniennes ont eu lieu : au moins trente-cinq personnes ont été tuées, et des centaines de manifestants arrêtés selon une source officielle. 

Mais les autorités affirment n’avoir aucune implication dans ces violences et ces fortes répressions. Toutefois, c’est depuis le triomphe de la Révolution islamique en 1979 que la police des mœurs a été mise en place, dans l’objectif de faire appliquer des lois fortement répressives, qui concernent majoritairement les femmes. Mais cette brigade ne fait plus l’unanimité, même pour les dirigeants politiques. Le député Jalal Rashidi Koochi a d’ailleurs affirmé que cette police des mœurs “n’obtient aucun résultat, sauf causer des dommages au pays” (Agences de presse ISNA). 

La mort de Mahsa Mini a conduit à des manifestations à travers le monde, pour soutenir les iraniens, et principalement les femmes qui subissent de fortes privations de leurs libertés. A Paris, plusieurs centaines d’iraniens se sont d’ailleurs retrouvés ce samedi pour protester contre les hauts représentants de la République islamique d’Iran. D’autres manifestations de solidarité ont eu lieu ailleurs en Europe, comme à Stockholm et Athènes. Ces mouvements pourraient mener à des évolutions dans le pays, où certains réformateurs ont affirmé être pour la fin du port du voile obligatoire, une avancée majeure pour le pays.

Égalité femmes-hommes : un référendum en Suisse qui ne fait pas l’unanimité

En Suisse, ce dimanche 25 septembre, les citoyens et citoyennes sont appelés à voter pour une proposition de réforme des retraites afin d’aligner l’âge de départ à la retraite pour les femmes à celui des hommes. Pour rappel, l’âge de départ à la retraite des femmes en Suisse est fixé à 64 ans, soit un an de moins que les hommes. Une réforme par souci d’égalité ou souci d’économie ? On fait le point avec vous.

Après une hausse de l’âge de départ à la retraite pour les femmes de 62 ans à 64 ans en 1995, et deux échecs aux référendums de 2004 et 2017, il semblerait que le gouvernement lance une troisième tentative d’urgence qui divise le pays. D’après un sondage mené par l’entreprise Tamédia et le journal 20 minutes, seulement 42% des femmes seraient pour cette réforme des retraites contre 70% des hommes. Pour certaines, dont la conseillère nationale écologiste Léonore Porche, il s’agirait « d’égalité à l’envers » pour des femmes qui se voient obligées de quitter leur travail face à un manque de subventions des crèches et des cantines. Une obligation qui se ressent dans le montant des retraites. Cette discrimination dénoncée par la gauche s’oppose aux partisans du « oui » à la réforme pour qui travailler un an de plus ne semble pas déraisonnable. 

Adoptée en 2021 au Parlement, cette réforme suscite de nombreuses critiques et nourrit les débats. « Sur le dos des femmes » sont les mots d’ordre des partis et des syndicats de gauche qui sont à l’origine de ce référendum, ayant obtenu « trois fois plus de signatures que nécessaire » en un temps record. Pourtant, le gouvernement suisse espère recueillir assez de voix pour permettre la stabilisation du système de retraite, mis à mal par l’impact de la génération du « baby-boom » et l’augmentation de la durée de vie. 

 

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