Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (du 6 au 12 février)

Articles par Garance TURPIN et Helena SARKIS

 

Ukraine : Volodymyr Zelensky en tournée européenne

C’est une nouvelle étape de la guerre en Ukraine qui s’est ouverte cette semaine : Volodymyr Zelensky est en visite éclair chez ses voisins occidentaux. Ce mercredi 8 février, le président ukrainien s’est rendu à Londres avant d’être convié à un dîner à Paris. En moins de douze heures, il aura rencontré le Premier ministre britannique Rishi Sunak, le roi Charles III, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz.

Le lendemain, jeudi 9 février, le chef de l’Etat ukrainien s’est finalement rendu à Bruxelles et plus précisément au Parlement européen où il a été accueilli, la main sur le cœur, en héros dans l’hémicycle (une première en présentiel). Ce dernier n’a pas caché son émotion face aux applaudissements et à l’hymne ukrainien qui s’est par ailleurs fait entendre, là où seul L’Ode à la joie a d’habitude droit de cité. Un peu plus tard, il a rejoint la réunion des chefs d’Etat et de gouvernements européens, qui l’ont applaudi une nouvelle fois au moment de poser tous ensemble devant les photographes. « L’Union européenne, c’est l’Ukraine. L’Ukraine, c’est l’Union européenne », a déclaré Charles Michel, président du Conseil européen.

Lors de cette tournée, Volodymyr Zelensky en a donc profité pour « remercier les alliés de Kiev pour leur soutien, et surtout les inciter à en faire davantage pour vaincre les forces de Moscou ». En effet, l’Ukraine souhaite recevoir le plus rapidement possible des avions de chasse et armements lourds afin de résister à l’armée russe. Durant ces deux jours, il n’a donc cessé de marteler à ses homologues européens, de Londres à Bruxelles : « Plus tôt l’Ukraine obtiendra de l’armement lourd de longue portée, plus tôt nos pilotes obtiendront des avions, plus vite se terminera cette agression russe, et nous pourrons revenir à la paix en Europe. »

C’est seulement la deuxième fois que le président ukrainien quitte son pays depuis le début de l’invasion russe, mais cette fois-ci, Volodymyr Zelensky a déclaré avec conviction : « Je ne peux tout simplement pas rentrer à la maison sans résultat ».

Côté britannique, le message a bien été reçu et la porte semble ouverte. Le Premier ministre Rishi Sunak a notamment promis de former des pilotes de chasse “aux normes de l’Otan” et a également demandé à l’armée britannique d’étudier de possibles livraisons d’avions. Une solution envisageable seulement “à long terme” a-t-il précisé. Néanmoins, côté français et allemand, les réticences sont plus grandes. Au cours d’une conférence de presse, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont temporisé sur la question des avions, le chancelier ayant simplement assuré que les alliés soutiendraient l’Ukraine militairement “aussi longtemps que nécessaire“. Emmanuel Macron a quant à lui promis de poursuivre “l’effort” de “livraisons de matériel de défense“, sans apporter plus de précisions.

Pour ces deux jours de tournée européenne, le résultat semble donc assez mince, puisque aucun engagement concret n’a été dévoilé, tant à Londres qu’à Paris ou à Bruxelles. Et ce alors que l’Ukraine et ses alliés redoutent une nouvelle offensive à l’approche de la date anniversaire de l’invasion par la Russie, le 24 février.

 

Guerre en Ukraine : survol de missiles russes en Moldavie

Serait-ce une erreur ? Deux missiles Kalibr russes auraient survolé la Roumanie, pays membre de l’Otan, et la Moldavie, ce vendredi 10 février, avant de pénétrer en Ukraine dans la matinée. C’est notamment ce qu’affirme Valery Zaloujny, commandant en chef des forces armées ukrainiennes, qui a notamment précisé dans un communiqué que des projectiles tirés « depuis la mer Noire » ont « traversé l’espace aérien roumain à approximativement 8 h 33 GMT (9 h 33 à Paris) ».

La Moldavie, qui a également confirmé cette information, a pour sa part annoncé vendredi avoir convoqué l’ambassadeur de Russie, Oleg Vasnetsov, afin de protester « contre la violation inacceptable de notre espace aérien par un missile russe », selon un communiqué du ministère moldave des Affaires Étrangères. La présidente moldave, Maia Sandu, a quant à elle déclaré sur Twitter qu’elle condamnait « fermement la violation de l’espace aérien de la Moldavie par un missile russe plus tôt dans la journée. La Moldavie mérite la paix et la sécurité, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour y parvenir. » Elle a également souhaité ajouter que « notre neutralité ne signifie pas que nous ne devons pas renforcer nos défenses pour assurer la sécurité de notre peuple. »

Le ministère de la défense roumain a cependant démenti le survol de son territoire par un missile russe. Si cette information avait été confirmée, il se serait agi de la première violation de l’espace aérien de la Roumanie depuis le début de l’invasion russe en Ukraine.

Suite à cet événement, les États-Unis ont affirmé soutenir la Moldavie en tentant de faire baisser la tension. « Nous soutenons la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Moldavie ainsi que sa neutralité garantie dans sa Constitution », a affirmé à la presse le porte-parole adjoint du département d’Etat américain, Vedant Patel, en ajoutant qu’ « à ce stade, nous n’avons aucune indication d’une menace militaire directe venant de la Russie contre la Moldavie ou la Roumanie ».

 

 

Séisme en Turquie: la communauté internationale à la rescousse des zones dévastées 

Alors que la Turquie recense son tremblement de terre le plus meurtrier depuis 1999, l’aide internationale se presse dans la région d’Adiyamane, en quête de rescapés cachés dans les décombres. Le séisme de magnitude 7.5 sur l’échelle de Richter a touché le Sud de la Turquie et le Nord de la Syrie, et s’est fait ressentir sur l’ensemble de la région, du Nord de la Turquie jusqu’au Liban en passant par l’île de Chypre. Le nombre de morts s’élève à 24 150, dont 20 665 en Turquie et plus de 3000 en Syrie. Près de 80 000 personnes sont actuellement hospitalisées. 

Les organisations internationales envoient depuis le 6 février, lendemain du drame, des aides pour les recherches et les soins d’urgence. Dans le même temps, Recep Tayyip Erdogan, Président Turc a reconnu que les autorités auraient dû agir plus rapidement face à l’ampleur de la catastrophe. Les gouvernements redoutent à présent une vague de réfugiés sans-abris, qui pourrait s’élever au nombre d’1.05 million. Le Vice-président turc, Fuat Oktay, affirme que le principal objectif est “de faire en sorte que ces personnes retrouvent une vie normale en leur fournissant un logement permanent dans un délai d’un an, et qu’elles se remettent de leur blessure le plus rapidement possible”. 

En Syrie, le Président Bachar Al Assad a autorisé l’aide humanitaire à apporter l’aide nécessaire dans les “zones hors du contrôle de l’Etat”. Il demande que cette aide soit “supervisée par le Comité international de la Croix Rouge et du Croissant Rouge syrien” face aux tensions dans les zones de conflit rendant les opérations difficiles. 

Les organisations internationales soulignent la dangerosité de la situation. L’ONU estime que près de 5.3 millions de personnes risquent de se retrouver sans abris, tandis que l’OMS redoute une crise sanitaire majeure, notamment face au choléra ayant été détecté récemment dans la région de conflit syrienne. 

Tandis que le nombre de secouristes de la communauté internationale s’élève au nombre de 31 000, les opérations autrichiennes sont susceptibles de prendre fin en raison de “la situation sécuritaire”. Agence France Presse dénonce des “agressions entre des groupes”. Le personnel d’aide autrichien devrait rentrer au pays ce jeudi. 

 La France a, de son côté, renforcé sa mobilisation à la demande du Président de la République avec près de 87 personnels mobilisés (sapeurs-sauveteurs et marins-pompiers, chirurgiens, médecins, infirmiers, sages-femmes, biologistes etc). L’aide internationale française a notamment déployé un hôpital de campagne de type EMT2 dans la région touchée ainsi que le programme ESCRIM (élément de sécurité rapide d’intervention médicale) avec deux blocs opératoires ainsi qu’une capacité d’accueil de 100 patients par jour. Ces interventions, ayant lieu dans le cadre du Mécanisme de Protection civile de l’Union Européenne, est “coordonnée par le Centre de crise et de soutien du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères et par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises du Ministère de l’Intérieur et des outre-mer, vient compléter l’aide d’envergure de la France déployée dès lundi soir comprenant deux détachements de recherche et secours sous décombres de la sécurité civile comprenant 136 secouristes et 10 chiens”. 

L’aide internationale tente, autant qu’elle le peut, de coordonner ses actions avec les autorités locales afin d’éviter une catastrophe à l’ampleur du séisme de 2003 en Iran, ayant fait près de 27 000 morts et 30 000 blessés. 

 

 

Europe: l’Union-européenne revoit sa politique migratoire 

La crise migratoire européenne, si elle a connu une accalmie lors de la pandémie, a repris de plus belle en 2022, avec près de 330 000 arrivées clandestines sur le territoire de l’union. Ces chiffres alarment les autorités, qui s’accaparent à nouveau du sujet, soulignant les différents dans la politique des nations de l’Union européenne. En effet, alors que les pays de l’Est de l’Europe désirent entreprendre des politiques de renforcement des frontières, notamment entre la Bulgarie et la Turquie, et en Hongrie, d’autres nations de l’Ouest, optent pour des politiques d’investissement pour améliorer les conditions de vie dans les régions les plus défavorisées.  

L’immigration est devenue, au fil des années, un sujet de discussion central dans les débats alors que l’Union compte d’ores et déjà près de 2 000 kilomètres de frontières physiques. Pour autant les membres semblent avoir pris de façon conjointe la décision de renforcer les moyens d’action pour lutter contre l’immigration illégale, avec comme objectif de réguler les flux en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient. 

Les membres d’Europe occidentale affirment qu’une solution à la crise migratoire se trouve dans le dialogue et la coopération avec les pays d’origine des migrants. La France souhaite notamment la mise en place d’une diplomatie spéciale d’aide au développement, d’accords commerciaux et de mesures d’aide pour favoriser l’immigration légale. Dans ce cadre, l’Union européenne pourrait restreindre l’octroi de visa pour les ressortissants des pays qui ne coopèrent pas. Le Conseil défend l’idée de “prévenir les départs illégaux et les pertes de vie” avec cette politique, tandis qu’Emmanuel Macron, lui, entend “responsabiliser ces pays”. 

Il est important que nous, Européens, décidons de qui entre dans nos pays et non pas les trafiquants d’être humains (…). Ceux qui obtiennent le statut de réfugié ont le droit de rester mais les autres, non, ils doivent partir” affirme le Premier ministre Irlandais Leo Varadkar. Face à la diversité d’opinion au sein de l’Union, les membres ont fait consensus sur la nécessité de renforcer certaines frontières, bien qu’aucune mesure concrète n’ait pour le moment été adoptée. Bien qu’il n’y ait “pas de changement de ligne radical, les Vingt-Sept insistent sur la rapidité de mise en oeuvre des outils existants et sur leur application plus contraignante” affirme Jérôme Vignon. 

Les membres de l’Union européenne ont encore bien du  chemin à faire pour obtenir un réel consensus en matière de politique migratoire, même si l’idée d’une Europe de plus en plus protectrice de ses frontières se dessine peu à peu. 

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