Articles par Garance Turpin et Helena Sarkis
Climat : L’Europe se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète selon l’ONU
C’est le constat alarmant publié ce mercredi 2 novembre par l’ONU. Dans un nouveau rapport, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le programme européen Copernicus ont annoncé que les températures en Europe ont subi une élévation considérable au cours de la période 1991-2021, avec un réchauffement d’environ +0,5 °C par décennie. Le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taals, a notamment fait remarquer qu’ “Il s’agit : “du réchauffement le plus rapide des six régions définies par l’OMM”. Il faut néanmoins retenir que l’Arctique, qui dans son ensemble se réchauffe plus rapidement que l’Europe, n’est pas considérée comme une région à part entière par l’organisation, selon Clare Nullis, porte-parole de l’OMM.
En conséquence, cette hausse des températures, plus de deux fois supérieure à la moyenne planétaire, entraîne une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes comme des inondations, des tempêtes, des sécheresses… Autant de catastrophes naturelles qui ont ainsi provoqué des centaines de décès sur le continent et qui ont touché directement plus d’un demi-million de personnes, causant des dommages économiques dépassant 50 milliards de dollars.
Mais une inquiétude se fait également sentir quant aux glaciers alpins qui auraient perdu 30 mètres d’épaisseur entre 1997 et 2021. La France, cette année, a notamment battu tous les records. Une situation critique qui pourrait à terme provoquer la disparition des glaciers dans les Pyrénées d’ici 2050. De l’autre côté de l’Atlantique, la calotte glaciaire du Groenland (territoire danois) fond progressivement et contribue à accélérer l’élévation du niveau de la mer, 2021 restant l’année la plus bouillante dans cette région du monde.
Cependant, toutes les nouvelles ne sont pas mauvaises assure l’organisation qui souligne que plusieurs pays européens parviennent très bien à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Dans l’Union européenne, ces émissions ont déjà diminué de 31% entre 1990 et 2020, l’objectif étant une réduction nette de 55% à l’horizon 2030. D’autre part, l’Europe est également l’une des régions les plus avancées en matière de coopération transfrontalière et d’adaptation au changement climatique, environ 75% de sa population est protégée des catastrophes naturelles et météorologiques par des systèmes d’alerte précoce efficaces. «Enfin, ses plans d’action contre les canicules ont permis de sauver de nombreuses vies», fait valoir l’OMM.
Grèce : au moins 21 morts en mer Égée après le naufrage de deux embarcations transportant des migrants
Deux naufrages survenus ce lundi 31 octobre et mardi 1er novembre en mer Égée, en Grèce, ont fait jusqu’ici 21 morts tandis que des dizaines de personnes sont présumées portées disparues, a appris l’AFP ce mercredi 2 novembre 2022 auprès des garde-côtes grecs.
Lundi soir, un premier naufrage au large de l’île de Samos en mer Égée a causé la mort d’une personne et sept autres seraient portées disparues, selon les déclarations des cinq rescapés. Une seconde opération de sauvetage aurait alors été lancée mardi à l’aube après la réception d’un signal de détresse d’un voilier en difficulté au large de l’île d’Eubée, près d’Athènes. Après avoir découvert treize corps jeudi en fin de matinée au large d’Eubée, les patrouilleurs des garde-côtes ont annoncé quelques heures plus tard avoir retrouvé sept nouveaux corps là où un voilier transportant 68 personnes s’était retourné, pris par de forts vents de 50 km/heure. Seulement dix migrants ont été retrouvés sains et saufs de ce transit.
Ces nouveaux drames interviennent moins d’un mois après le naufrage meurtrier en mer Egée qui avait causé la mort, lundi 11 octobre dernier, d’au moins 30 personnes au large des îles de Lesbos et de Cythère.
La Grèce, l’Italie et l’Espagne comptent parmi les principaux pays d’arrivée pour les migrants venus d’Afrique et du Proche-Orient désireux de gagner l’Union européenne. Selon des données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 299 personnes ont péri ou sont portées disparues en Méditerranée orientale depuis début 2022, contre 111 au total l’année dernière. En effet, la Grèce en particulier connaît depuis le début de l’année une augmentation de 80% du nombre d’arrivée de migrants venant de la Turquie voisine par rapport à 2021, selon les données officielles.
Le ministre grec des Migrations et de l’Asile, Notis Mitarakis, a de nouveau renvoyé mardi la responsabilité de ces naufrages sur la Turquie qui laisse « les passeurs turcs profiter des eaux internationales en mer Egée pour envoyer les migrants et réfugiés en Italie ».
L’escapade Pékinoise d’Olaf Scholz
Élu chancelier allemand en 2021, Olaf Scholz prend la succession d’Angela Merkel à la tête de l’Allemagne dans un contexte plus que jamais tendu : guerre en Ukraine, inflation, imigration ou encore crise sanitaire, tous les enjeux sont conséquents. Déjà accusé par Thierry Breton, commissaire Européen d’entreprendre “une politique de cavalier seul” face à l’Europe, le chancelier Allemand continue pourtant dans sa lancée.
L’ouverture d’un terminal de conteneurs du port de Hambourg, ville dont Olaf Scholz était le premier bourgmestre entre 2011 et 2018, au groupe public Chinois Cosco il y a deux semaines aurait alors marqué le début d’un dialogue entre le gouvernement Allemand et son partenaire commercial Chinois. Céder une partie du port de Hambourg au géant commercial et industriel chinois s’était déjà avéré mal perçu par le reste de l’Union européenne qui semble appeler à rester sur ses gardes et freiner les relations avec la Chine.
Cependant la tension provoquée par la politique du chancelier allemand vis-à-vis de sa relation avec l’Asie de l’Est s’est à nouveau accentuée à la suite de la visite impromptue d’Olaf Scholz à Pékin ce vendredi 04 novembre. Première visite de dirigeant européen et membre du G7 depuis le début de la crise covid, le court voyage du chef du gouvernement subit de fortes critiques. Seulement deux semaines après que le 20ème congrès du parti communiste chinois accorde plus de pouvoirs présidentiels de Xi Jinping et renforce les tensions pourtant déjà présentes avec l’île de Taïwan, le déplacement et le rapprochement d’Olaf Scholz avec ses homologues Chinois est perçu comme un aveu de faiblesse par les Européens.
En effet, le chancelier n’a pas eu pour intention de rencontrer des militants de droits de l’Homme, ni d’aborder le sujet de la place de la minorité ouïghour dans le pays. Au contraire, le voyage semble avoir des fins purement commerciales puisque c’est accompagné d’une dizaine de patrons d’entreprises, réalisant près de 40% de leurs chiffres d’affaires en Chine, que s’est rendu Olaf Scholz dans la capitale chinoise.
Quant aux questions politiques qu’il décide d’aborder, les sujets de la souveraineté ukrainienne et des dangers de la rhétorique nucléaire ont été mis sur la table. Dialogue indispensable à entretenir avec la Chine puisque comme l’affirme un diplomate Allemand : “Nous voyons la Chine comme un membre du Conseil de sécurité de l’ONU et un partenaire étroit de la Russie, qui a une responsabilité particulière pour éviter l’escalade“.
La visite fera suite par un compte-rendu de la part de l’Allemagne aux pays membres de l’Union européenne, mais si la décision unilatérale qu’a pris le chancelier en effectuant son voyage fait débat en Europe, elle est aussi sujette de discussions au sein de l’assemblée allemande.
Quand les opposés s’attirent : première visite de Giorgia Meloni à Bruxelles
Jeudi s’est tenue la première rencontre entre la première ministre italienne élue fin septembre et les dirigeants européens à Bruxelles. Appréhendée par l’union européenne, la victoire de l’extrême droite aux législatives et l’élaboration du gouvernement de Giorgia Meloni, n’a finalement pas encore suscité de nouvelles tensions. La première ministre aurait plutôt été, en ce jeudi 04 novembre, en quête d’apaisement et d’échanges positifs, évitant les sujets susceptibles d’engager la confrontation.
La cheffe de l’exécutif déclare d’ailleurs être “contente du climat [qu’elle a] trouvé à Bruxelles” suite à sa rencontre avec la présidente du parlement européen, Roberta Metsola.
Le dialogue s’est alors centré sur les dossiers centraux de l’actualité : envolée des prix de l’énergie et inflation, Ukraine ou encore crise migratoire. Giorgia Meloni a d’ailleurs affirmé sa volonté de chercher une solution à vingt-sept tout en reprochant l’approche individualiste adoptée par Berlin. Pourtant jugée comme anti-europe dans son passé, la Première ministre aurait-elle retourné sa veste ou cherche-t-elle à brosser l’Union européenne dans le sens du poil pour apparaître comme une politicienne modérée?
Si la question reste en demeure, Giorgia Meloni redore son blason en affirmant que “parler directement avec les personnes peut contribuer à démonter un récit qui a été construit à propos du gouvernement Italien”. Cette affirmation rentre dans le procédé de crédibilisation du gouvernement aux yeux de l’Europe alors même que les premières actions du gouvernement sont sujettes à des débats chez les voisins de l’Italie.
Les premières prises de décisions faisant parler sont vastes, de la réintégration de 4000 médecins non vaccinés contre le covid dans leurs services hospitaliers, à la loi passée pour interdire les rave parties dont l’organisation devient punissable de six ans de prison, “la fête est finie” se réjouit Matteo Salvini. En somme, une politique en discontinuité de celle menée par le reste de l’Union européenne.
Cependant, la critique du gouvernement Meloni ne semble pas pouvoir être atténuée par le voyage de la première ministre à Bruxelles alors même que refait surface la polémique autour de la nomination de Galeazzo Bignami, élu vice-ministre des infrastructures durables et de la mobilité. Ce dernier s’était fait photographié en 2005 portant un brassard orné d’une croix gammée, symbole nazi.
Si la rencontre entre Giorgia Meloni et les membres de l’Union européenne s’est apparemment bien déroulée, la situation interne au pays n’échappe pas pour autant aux oreilles des politiciens et médias étrangers qui avaient auparavant exprimés leurs inquiétudes face à la montée de l’extrême droite en Italie.