Articles par Luana Humbot et Marjorie Cioco
La COP15 Biodiversité, un espoir climatique?
Ce mercredi 7 décembre 2022, s’ouvre la 15e édition de la COP15 sur la biodiversité à Montréal qui se déroule pendant deux semaines jusqu’au 19 décembre. Cette convention a vu le jour lors du Sommet de la Terre à Rio en juin 1992 et réunit tous les deux ans, les Etats ayant ratifié la convention mais également d’autres participants comme l’Union Européenne par exemple. Au total, c’est plus de 190 pays et 20 000 participants qui se réunissent en ce moment afin de négocier et de tabler sur le sort de nos écosystèmes.
Bien qu’elle puisse se confondre avec la COP27; cette dernière ayant eu lieu en Egypte au mois de novembre, la COP15 biodiversité s’en distingue par ses objectifs. La première, à savoir la COP climat, visait à “réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter à ces changements” alors que la COP15 biodiversité, comme son nom l’indique, se concentre actuellement sur le monde vivant afin d’en assurer sa conservation et son utilisation durable.
Selon Courrier international, cette conférence des parties (COP) s’avère être “la plus grande cop mondiale sur la biodiversité jamais organisée”. Elle se couvre de cette qualité en raison de sa très grande importance dû à la situation climatique alarmante mais aussi car le “nouveau plan stratégique mondial” sur la biodiversité doit être adopté, nous informe les Nations Unies. En effet, tous les 10 ans, les 196 membres participants doivent établir 20 objectifs à suivre pour la prochaine décennie. Cette année, l’un des objectifs phares, nous rappelle le journal Le Monde, “vise à placer au moins 30 % des terres et des mers du globe sous une protection juridique minimale d’ici 2030”. Dans ce contexte plus qu’alarmant, le président de la COP15, Huang Runqiu, ministre chinois de l’Ecologie et de l’Environnement, s’est exprimé après l’ouverture du sommet ; “Cette réunion est notre chance de passer de la discorde à l’harmonie, d’arrêter cette orgie de destruction et de conclure un pacte de paix avec la nature”. C’est avec espoir que débutent ces négociations en matière de biodiversité.
Cependant, il est tout de même important de souligner quelques problématiques auxquelles doit faire face cette COP15 biodiversité. Le financement reste un point de blocage entre les pays en développement et les pays développés. Le manque de leadership politique peut également jouer un rôle en défaveur de l’application de ces mesures. Mais surtout, l’engagement des Etats pour atteindre ces futurs objectifs demeure complexe. En effet, les derniers “objectifs d’Aichi” mis en place dans le cadre du “Plan stratégique pour la biodiversité de 2011-2020″ n’ont que très partiellement été atteints.
La question des femmes dans l’Union Européenne
Le 22 juin 2021, le Haut Conseil à l’Egalité (HCE), a publié un avis intitulé “Diplomatie féministe et Union européenne : quelles priorités pour la présidence française de l’Union européenne ?”. En effet, en vue de la présidence française de l’Union Européenne, le HCE a appelé la France à placer l’égalité hommes-femmes au cœur de sa politique européenne, estimant ce pays comme étant un exemple en termes de parité, de financement pour l’égalité et de soutien aux organisations féministes. Cette recommandation illustre les efforts de l’UE à mettre en avant l’égalité hommes-femmes dans sa législation européenne. Effort partagé par les pays européens puisque cette semaine deux pays de l’Europe, dont un membre de l’UE, se sont démarqués en matière des droits des femmes.
Premièrement, l’Irlande du Nord autorise des “zones tampons” aux alentours des centres d’avortement. En effet, ce 7 décembre, la cour suprême du Royaume-Uni a autorisé les mesures d’éloignement des manifestants anti-IVG autour de ces cliniques. Le 1er avril 2020, l’Irlande du Nord a légalisé l’avortement qui jusqu’ici n’était autorisé que lorsque la vie de la mère était en danger. Cependant, en raison d’un conservatisme fort, de divergences politiques sur le sujet mais aussi d’un important manque de financement, malgré sa légalisation, l’IVG demeure difficile d’accès. De ce fait, de nombreuses femmes sont obligées de se rendre dans des pays voisins afin de bénéficier de ce droit. En 2021, encore 161 femmes ont dû se rendre en Angleterre ou au Pays de Galles pour avorter. En mars 2022, l’assemblée nord-irlandaise avait adopté un projet de loi interdisant les manifestants anti-IVG à se positionner à moins de 100 mètres des cliniques, qui selon les militants pour le droit à l’IVG infligeait une réelle humiliation aux femmes voulant avorter. Ainsi, le verdict rendu par le Royaume-Uni cette semaine en faveur de ce projet de loi, marque une grande avancée historique dans le pays. Le président de l’institution juridique, Lord Reed, a rappelé l’importance de ne pas priver les femmes d’Irlande du Nord de leur droit.
Une avancée dans la lutte contre les violences faites aux femmes doit également être soulignée du côté de l’Autriche. Depuis 1999, chaque 25 novembre marque la journée internationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes. C’est en ce jour symbolique que s’ouvre la campagne annuelle dirigée par la société civile et soutenue par l’ONU : “16 jours d’actions contre les violences faites aux femmes” avant de s’achever 10 jours plus tard. En 2013, l’UE a même rejoint l’initiative, annonçant des mesures spécifiques en vue d’empêcher la violence à l’égard des femmes et des filles. Cependant, tous ses pays membres ne sont pas exemplaires en matière de lutte contre les violences sexistes. En effet, selon une étude commandée par le gouvernement autrichien, de 2010 à 2020, l’Autriche comptait 319 féminicides positionnant ainsi le pays parmi les États européens comptant le plus de meurtres contre les femmes. Face aux indignations croissantes dans le pays, l’Autriche a annoncé, ce 7 décembre, la mise en place d’un dispositif d’aide aux victimes leur assurant une meilleure prise en charge. Les ministres autrichiens ont proposaient le développement “d’urgence des violences” disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour les victimes de viol et d’agressions sexuelles. Ce système permettrait non seulement d’aider directement les victimes mais également de recueillir davantage de preuves et ainsi d’augmenter les condamnations de ces crimes.
Espace Schengen: la Croatie admise, la Bulgarie et la Roumanie rejetées
Le jeudi 8 décembre 2022 à la suite du Conseil européen à Bruxelles, la demande de la Croatie pour intégrer l’espace Schengen a été admise, tandis que celles de la Bulgarie et de la Roumanie ont été rejetées. C’est une nouvelle qui était attendue depuis longtemps en Croatie.
L’espace Schengen est un espace de libre circulation sans contrôle aux frontières intérieures mais avec une frontière extérieure commune avec les Etats n’étant pas membres de l’espace. Il est créé en 1995 après la mise en œuvre des accords de Schengen et de sa convention.
Pour rappel, le 6 novembre 2022, la Commission européenne réaffirmait sa volonté d’intégrer la Bulgarie, la Croatie et la Roumanie dans l’espace Schengen. Mais la Roumanie et la Bulgarie, pourtant intégrées à l’Union Européenne en 2007, ont été confrontées aux réticences de plusieurs Etats comme l’Autriche et les Pays-Bas, compliquant de facto leur entrée à l’espace puisque la prise de décision doit se réaliser à l’unanimité des pays membres. Les Pays-Bas remettent en cause la corruption en Bulgarie, tandis que l’Autriche pense que son entrée augmenterait l’afflux de migrants, son pays faisant déjà face à une hausse de demandeurs d’asile. Elle met donc son véto pour refuser cet élargissement. Ylva Johansson, commissaire européenne chargée des affaires intérieures et Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, font part de leur déception mais sont satisfaites de l’adhésion de la Croatie. Y. Johansson se dit confiante par rapport à une adhésion des deux autres pays d’ici 2024. Celle-ci devient donc le 27ème membre de l’espace Schengen après son adhésion dans l’Union européenne en 2013. Elle intègre également la zone euro le 1er janvier 2023, lui accordant un programme chargé.
L’adhésion nouvelle de la Croatie permet de supprimer l’attente des véhicules à ses frontières avec la Hongrie et la Slovénie ainsi qu’encourager le tourisme. En contrepartie, elle doit s’assurer d’un contrôle rigoureux aux frontières extérieures à l’espace et s’engager dans une coopération policière pour lutter contre la criminalité organisée.
“European Skyshield”: le projet de défense aérienne du chancelier allemand Olaf Scholz
Dans un entretien accordé au groupe de média Funke Mediengruppe, le chancelier allemand a expliqué qu’il voulait développer un système de défense aérienne pour l’Europe dans les 5 ans à venir. Ce bouclier anti-missile appelé “European Skyshield” serait en coopération avec 14 pays de l’OTAN ainsi que la Finlande, mais pas la France. Ce projet est donc mal reçu par la France qui est mise de côté dans cette décision car elle n’a pas été avertie de celle-ci.
Arrivé au pouvoir en décembre 2021, Olaf Scholz est bien décidé à prouver qu’il peut lui aussi être un grand chancelier européen. Trois jours après le début de la guerre en Ukraine, il annonce qu’il souhaite créer un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour sa défense, sans en avertir personne, prenant de court la France. Il a pour ambition d’avoir la première armée conventionnelle d’Europe et qualifie sa décision de “tournant historique”. Son objectif est d’augmenter son budget de défense pour atteindre les 2% du PIB fixés par les alliés de l’OTAN. European Skyshield peut permettre aux pays d’améliorer leurs compétences en matière de défense. D’après les premières ébauches de plan, le projet est censé intégrer trois systèmes de défense (allemand et américains) contre les attaques aériennes de courte, moyenne et longue portée. Les pays signataires font le choix de privilégier les armements américains, sans adopter un système européen alors que l’UE est en train de développer l’EDIPRA (European Defence Industry Reinforcement through common Procurement Act) qui aurait pour but de faciliter l’accès des Etats membres aux ressources de défense.
Cependant, le projet creuse de nouveau un fossé entre la France et l’Allemagne sur ces questions de défense. En témoigne l’entretien du chancelier diffusé ce jeudi par les médias, qui montre que le projet est en devenir et que l’Allemagne est décidée à le réaliser le plus rapidement possible. Olaf Scholz souhaite s’affirmer sur la scène européenne en affichant des ambitions fortes en matière de défense, quitte à mettre à mal ses relations avec la France.