Que s’est-il passé en Europe cette semaine (du 24 au 30 avril)

Articles par Laura De Almeida, Luana Humblot et Marjorie Cioco.

 

Menaces russes : lancement d’une mission civile de l’UE en Moldavie

Ce lundi 24 avril, les États membres sont tombés d’accord afin de mettre en place une mission civile conjointe en Moldavie. Ce pays candidat qui partage ses frontières avec l’Ukraine fait face depuis plusieurs semaines à des attaques indirectes de la Russie afin de déstabiliser le pouvoir en place. Cela se manifeste principalement par des manifestations anti-gouvernementales face à un pouvoir pro-européen, des ingérences russes plusieurs fois dénoncées par la présidente Moldave, Maia Sandu.

Josep Borrell, le Haut-Représentant de l’Union pour les affaires étrangères, s’est prononcé sur cette situation : “La Moldavie étant l’un des pays les plus touchés par les retombées de l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, nous assistons à une recrudescence des tentatives russes de déstabilisation de la Moldavie par le biais d’actions hybrides”. De son côté, le Conseil dans sa décision a précisé les objectifs de cette mission : “la désinformation, afin de renforcer la cybersécurité et aux fins de la protection des informations classifiées”, mais également une liste des : “besoins en matière de renforcement des capacités dans le secteur de la sécurité en ce qui concerne l’alerte précoce, la détection; l’identification, l’attribution des menaces et la réaction auxdites menaces”.

Cette mission civile devrait se déployer au mois de mai et pour les deux prochaines années. Elle sera composée de quarante experts et conseillers civils des pays membres et subventionnée à hauteur de 40 millions d’euros par la Facilité européenne pour la paix. L’Union est déjà présente en Moldavie pour d’autres missions, notamment d’assistance à sa frontière avec l’Ukraine (EUBAM) et soutenue par Frontex. Cette stabilisation, objectif de la mission, est d’autant plus nécessaire que dans quelques semaines, la Moldavie sera l’hôte du second sommet de la Communauté politique européenne, réunissant une quarantaine de chefs d’État et de gouvernements du continent européen.

Guerre au Soudan : un conflit qui ravive des tensions passées

Depuis maintenant 2 semaines, le Soudan a basculé dans une guerre de pouvoir entre deux généraux pour le contrôle du pays. Le premier à la tête de l’armée, le second, ancien adjoint, dirige les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR). Au centre, la population souffre des combats et comptabilise déjà plus de 500 morts en moins de 15 jours.

Plus de 15 pays procèdent aux rapatriements de leurs diplomates et citoyens, signe que la situation se dégrade malgré trêve conclu entre les deux hommes qui n’a jamais été respectée. C’est plus 1 000 ressortissants de l’UE qui ont été évacués ces derniers jours, une opération que le chef de la diplomatie européenne déclare avoir été réalisée avec succès malgré sa complexité. Les civils tentent eux aussi de fuir le chaos.  “Privés d’eau et d’électricité, soumis aux pénuries de nourriture et aux coupures d’Internet et de téléphone, sans parler de la peur face aux combats incessants, ils sont très nombreux à vouloir fuir” mais très peu y parviennent principalement pour des raisons financières et familiales. De son côté, l’ONU annonce même que des “armes sont distribués” aux civils.

La vitesse à laquelle le conflit a éclaté et s’est propagée montre les tensions sous-jacentes qui résidaient déjà au Soudan. Cette crise a lieu quatre ans après la révolution de 2019 qui a réussi a chassé le président, Omar Al-Bachir, après trente ans de dictature. Mais cette révolution n’a apporté qu’un vide de pouvoir au Soudan, qui se traduit aujourd’hui par cette guerre. Elle fait également suite à des tensions passées, datant d’il y a au moins vingt ans. Le Haut-commissariat aux droits de l’homme a déclaré que le conflit ravivait des anciennes tensions ethniques au Darfour-Ouest. La révolte contre le gouvernement en dans les années 2000 a été violemment réprimée par une milice arabe, les “Janjawids” qui commettait des crimes contre les populations non arabes de la région. Le Président Bachir a préféré attiser les tensions ethniques, soutenus par les janjawids plutôt que d’envoyer son armée pour résoudre les différends. “Des centaines de milliers de gens ont été tués, les femmes systématiquement violées, et des millions de personnes ont été déplacées”. Bien que ce génocide ait été condamné par la cour pénale internationale, la situation au Soudan est restée similaire depuis puisque les janjawids ont obtenu une existence officielle en tant que force de soutien rapide.

Incident diplomatique en Europe du Nord: une fusée suédoise s’écrase en Norvège

Le lundi 24 avril, une fusée s’est écrasée au nord de la Norvège, causant des tensions inattendues avec la Suède. Celle-ci n’a pas alerté le pays voisin d’une possible chute de l’engin, ce dont la Norvège l’accuse.

La fusée est partie du centre spatial d’Esrange à Kiruna dans le nord de la Suède le lundi et à atterrit sur une montagne aux alentours de Malsev à l’extrême nord de la Norvège et à 10 kilomètres d’une ville de 6000 habitants. Il n’y a eu aucun dégâts et aucune victime. La fusée s’est écrasée à cause d’une erreur de trajectoire. En effet, elle devait permettre d’effectuer des expériences en apesanteur à une altitude de 250 kilomètres, mais sa trajectoire a été plus longue que prévue.

«Lorsqu’une telle violation des frontières se produit, il est crucial que les responsables informent immédiatement les autorités norvégiennes compétentes par les voies appropriées», a déclaré le ministère norvégien des Affaires étrangères. En effet, d’après la Norvège, les autorités suédoises ne les ont en aucun cas alertées, ce qu’ils n’acceptent pas car cela aurait pu causer de grands dégâts. L’autorité norvégienne de l’aviation civile a été au courant de l’accident par le communiqué de la Swedish Space Corporation lorsqu’il a été publié.

La Suède a d’ailleurs annoncé qu’ils allaient faire des travaux de récupération afin de reprendre la fusée, mais pour cela, il est nécessaire d’obtenir l’autorisation de la Norvège. Cependant, ils n’ont pas encore donné l’autorisation à ce sujet, ce qui là encore crée des tensions entre deux pays qui sont habituellement “amis”.

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