Articles par Lila Salmi et Clarent Gerard
« Alliance des ports »: coopération des 27 face à l’ampleur du trafic de drogue en Europe
Ce mercredi 24 janvier l’Union européenne a lancé dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue une « Alliance des ports » visant à harmoniser les mesures prises. Une feuille de route concernant les mesures et les moyens à mettre en place avait déjà été annoncée par la Commission européenne en octobre dernier.
Cette mesure prise par la Commission en accord avec la présidence belge répond à un constat : les ports européens sont devenus des plaques tournantes du trafic de drogue. Un rapport paru en juin dernier avait fait état de l’importance majeure prise par ce trafic en Europe. L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies rapportait que les addictions entraînées par la prise de stupéfiants continuent de progresser sur le continent. « Les drogues sont partout. Il n’y a jamais eu autant de drogues passées en contrebande en Europe ou produites en Europe » , alertait le directeur de l’OEDT Alexis Goosdeel. En 2023, 116 tonnes de drogues ont été saisies seulement dans le port d’Anvers. Un record pour le deuxième port de Belgique.
Pour lutter contre ces réseaux criminels, la mise en place d’une coopération entre États membres, ainsi qu’entre instances privées et publiques est devenue nécessaire. Cette alliance fait état d’un véritable partenariat entre « les États membres, les autorités locales, les services de police, y compris les douanes, les agences de l’UE, les autorités portuaires et les entreprises privées, comme les compagnies maritimes » rapporte Euronews. Une telle coopération est déjà en vigueur dans les grands ports tels que Rotterdam, Anvers ou Hambourg. Cependant, soucieux d’échapper à ces contrôles, les trafiquants se tournent vers de plus petites plateformes où la sécurité est moins bien assurée. Cette coopération devrait avant tout permettre un meilleur partage de l’information entre les différents acteurs de cette lutte. « L’UE apportera 200 millions d’euros investis pour aider une vingtaine de ports européens à lutter, en se dotant notamment d’équipements modernes pour scanner les conteneurs » rapporte Franceinfo.
L’augmentation du trafic de drogue en Europe inquiète d’autant plus les autorités que la nature des drogues qui circulent évolue. Si le cannabis reste la drogue la plus consommée, d’autres se propagent sur le continent telle que la cocaïne. Le contexte international ne fait que donner raison à ces inquiétudes. L’exemple des dégâts causés par le fentanyl outre-atlantique renforce ces inquiétudes tant les États-Unis peine à contrer ce que certains qualifient de véritable « épidémie ». S’ajoute à cela l’instabilité politique que connaît l’Amérique du Sud, et notamment l’Équateur, d’où une grande partie des drogues qui arrivent sur le continent proviennent.
Solution à deux États: l’UE échoue à convaincre Israël
Israël rejette une « feuille de route vers la paix » au Proche-Orient proposée ce lundi par l’Union européenne. Les 27 ministres des Affaires étrangères réunis ce lundi à Bruxelles n’ont pas été en mesure de convaincre leur homologue israélien Israël Katz.
Les 27 États ont finalement réussi à s’accorder sur le mode de règlement du conflit à mettre en œuvre. Rédigé par Sven Koopmans, envoyé spécial de l’UE au Proche-Orient, ce plan tente d’esquisser une « approche globale ». L’étape clé serait la mise en place d’une solution à deux états, soutenue par l’Europe depuis 1980. Le Grand Continent cite également l’organisation d’une conférence internationale, une « conférence préparatoire de paix » réunissant les différents acteurs du processus ainsi que la « tenue, en parallèle, de réunions bilatérales avec toutes les parties ». Des « garanties de sécurité à Israël et au futur État palestinien » devraient également être établies dans le but de faire face à la crise humanitaire. Un délai d’un an est fixé pour atteindre ces différents objectifs.
L’Union européenne exprime par ce consensus une volonté commune de « mettre un terme aux souffrances à Gaza » selon euronews. La crise humanitaire provoquée par le conflit est unanimement reconnue et justifie la nécessité d’un effort de coopération. La solution à deux États semble d’autant plus souhaitable qu’elle est soutenue par les pays arabes. Joseph Borrel a notamment rappelé qu’« il est hors de question pour eux de payer une fois de plus pour reconstruire Gaza s’il n’y a pas la garantie que la solution à deux États sera effectivement mise en œuvre ».
Cette proposition n’a pas su séduire le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui avait rappelé samedi 20 janvier s’opposer fermement à une « souveraineté palestinienne » comme le rapporte Le Monde. Présent lundi à Bruxelles, le ministre israélien des Affaires étrangères ne s’est pas montré plus enclin à coopérer. N’évoquant ni une possibilité de négociation ni un éventuel après-guerre, il « s’est borné à remercier ses hôtes pour leur soutien continu depuis l’attaque du Hamas » et a rappelé qu’Israël possédait pour seul allié les États-Unis.
En revanche, aucun consensus ne s’est dégagé autour d’une demande de cessez-le-feu immédiat. Les propositions faites par des pays comme l’Espagne ou l’Irlande ont été rejetées par des pays proches de l’État hébreu comme l’Allemagne. Reçu séparément par les 27, le chef de l’Autorité palestinienne, Riyad al-Maliki, perçoit cette mésentente comme une liberté laissée à Israël d’agir en toute impunité car « il n’y a pas de système de responsabilité contre eux » ce qui leur laisse la possibilité de « librement violé toutes les lois ».
Loi « immigration » : de larges censures par le conseil constitutionnel
Initialement défendu par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin en 2022, le projet de loi dite « immigration » était présenté par le gouvernement comme un équilibre entre intégration et contrôle avancé de l’immigration. Les ajouts par la droite et l’extrême-droite ont par la suite fortement durci le texte.
Ce jeudi 25 janvier 2024, le Conseil constitutionnel a rendu sa décision, en censurant largement la loi immigration. 32 articles sur les 86 adoptés par le Parlement ont été considérés comme n’ayant pas de lien suffisant avec le texte, ou inconstitutionnels. Sont principalement concernées les modifications de durcissement du texte de loi : la question de quota migratoire, l’accès aux prestations sociales, les conditions du regroupement familial, le statut des étudiants étrangers…
Gérald Darmanin s’est félicité sur X du travail du gouvernement, ainsi que de la décision rendue par le Conseil. Les opposants à la loi immigration (groupes politiques de gauche, syndicats et associations) se réjouissent à moitié de cette décision, tandis que la droite s’insurge. Le groupe LR et leurs alliés ont fait connaître leur mécontentement et comptent au plus vite déposer une nouvelle proposition de loi comprenant les dispositions invalidées par le Conseil.
Le Conseil constitutionnel a donc fait l’objet de critiques importantes, faisant ressurgir le débat sur la remise en cause de la démocratie et la souveraineté. Le Conseil est considéré par certains politiques, politologues ou constitutionnalistes comme un organe trop fortement politisé, sortant de son rôle de « juge suprême » et de sa neutralité. Laurent Fabius, actuel président du Conseil constitutionnel, a jugé « très préoccupante » cette remise en cause du Conseil, cherchant à rappeler le rôle des « sages ».
La colère des agriculteurs prend de l’ampleur en Europe
La colère des agriculteurs continue de grandir en France et en Europe. A l’origine du mouvement, Le Figaro établit une liste de 10 revendications majeures par les agriculteurs français. Parmi celles-ci, on retrouve notamment :
– De trop faibles rémunérations, les revenus ayant baissé de 40% en 30 ans selon l’INSEE, laissant ainsi 1/5 des agriculteurs sous le seuil de pauvreté (1158 euros par mois pour une personne seule) ;
– Un problème de simplification environnementale dû au respect des règles communautaires imposées par la Politique agricole commune (PAC) ;
– Une trop faible considération par la société qui les verrait majoritairement comme des pollueurs et ne prendraient pas en compte les services rendus en dehors de leurs activités agricoles, comme le déneigeage par exemple ;
– Un manque d’accès à l’eau, conditionné par de trop grandes restrictions, principalement problématique lors des phases de canicule et sécheresse en été.
Ce mercredi 24 janvier 2024, des milliers d’agriculteurs continuent ainsi de se mobiliser en France, mais aussi partout en Europe : en Allemagne, aux Pays-Bas, en Roumanie, en Pologne, ou encore en Espagne.
Routes bloquées par des tracteurs, fumiers et déchets agricoles déposés devant des bâtiments publics, les actions des agriculteurs se poursuivent. Les principaux syndicats ont annoncé que le mouvement continuerait de tenir « aussi longtemps que nécessaire » (FNSEA, syndicat agricole français) tant que leurs revendications ne seraient pas entendues.
Quelles réponses au niveau national et communautaire ?
En France, le Premier ministre Gabriel Attal a fait une série d’annonces ce 26 janvier en réponse à cette colère des agriculteurs. Il évoque un « sursaut agricole », et annonce d’ores et déjà l’annulation de la hausse du gazole non routier, une annonce parmi « dix mesures de simplification immédiates ». Gérald Darmanin a quant à lui affirmé avoir de la compassion pour les agriculteurs, considérant comme légitime la colère exprimée, justifiant ainsi l’absence d’interpellations.
En réponse, la FNSEA appelle à la poursuite du mouvement, considérant n’avoir pas suffisamment été entendue.
En Europe, la Commission européenne a lancé ce jeudi 25 janvier une « vaste consultation stratégique sur l’avenir de l’agriculture dans l’UE ». Certains eurodéputés semblent évoquer une refonte du Pacte Vert (Green Deal) pour repenser la question agricole européenne, qui pourrait être un des enjeux majeurs des élections européennes en juin prochain.