« Les futurs emblèmes du Parlement européen » invités chez Europanova : retour sur le premier débat public avec Jordan Bardella 

Article par Mélissa Herot

Dans une période très dense, Jordan Bardella a été le premier invité ce jeudi 28 mars des débats publics d’Europanova en vue des européennes. Avec son slogan « La France revient, l’Europe revit », la tête de liste du Rassemblement national pour les élections européennes donne déjà le ton de ses idées.

Ukraine, OTAN, et relations internationales 

« Oui au soutien à l’Ukraine et non à la guerre frontale avec la Russie » résume la position de Jordan Bardella sur la question ukrainienne. Appelant à faire preuve de sang-froid et de rigueur face aux positions d’Emmanuel Macron qu’il juge anxiogènes, celui-ci souligne la nécessité d’être « ferme face à la Russie, mais pas en faisant n’importe quoi ». La Russie en tant que puissance nucléaire menace les intérêts européens et conteste les intérêts français. Face à « la naïveté de la classe politique », le chef de file d’extrême droite entend régler la question ukrainienne par la voie diplomatique entre les deux pays belligérants. Dans un monde qu’il juge  « dangereux », il prône la liberté des nations et une forme de distance avec des conflits qui ne concernent pas la France. La France doit selon lui consolider son architecture sécuritaire à l’Est par un soutien à la Moldavie et par la consolidation des éléments militaires en Roumanie, tout en assurant la défense aérienne dans les pays baltes. Si la question ukrainienne semble tranchée avec fermeté pour Jordan Bardella, elle l’est moins pour son parti européen Identité et Démocratie où de nombreux membres se disent pro-russes. Quant à la question de l’OTAN, Jordan Bardella estime que  Vladimir Poutine a sous-estimé le soutien occidental et a par conséquent redonné une légitimité à l’OTAN. Si le programme présidentiel de 2022 du Rassemblement National (RN) appelait à une sortie du commandement transatlantique, la continuité de la guerre a mis en suspens ce projet. Les élections américaines de novembre 2024 auront un rôle décisif dans l’avenir de l’OTAN, Jordan Bardella espère une victoire de Donald Trump, celui à qui « son cœur appartient » de l’autre côté de l’Atlantique. 

La construction européenne 

L’Union européenne, qualifiée d’entité bureaucratique et technocratique, paralyse selon le président du RN le progrès économique et social en Europe : « Que ce soit la révolution industrielle, la révolution technologique, ou encore la révolution environnementale, il s’agit de progrès auxquels nous passons à côté ». Partisan d’une réforme profonde de l’Union européenne en faveur des droits nationaux, face à une Europe fédérale qu’entend porter la Commission, le candidat critique fermement le rapport Verhofstadt sur la modification des traités de l’UE . « Quand l’Union européenne fonctionne moins bien, on fait plus d’Union »mais « plus l’Union européenne s’approfondit, plus les nations sont affaiblies » selon lui. En prenant l’exemple de la Turquie, il entend souligner les limites géographiques que l’Union européenne doit avoir, ne souhaitant pas « que la frontière de l’Europe soit en Irak ». 

Politiques économiques et sociales 

Selon le candidat, les institutions européennes sont au cœur d’un clivage entre les partisans de la croissance dont il s’identifie et les partisans de la décroissance auxquels appartiendrait le président français. Contre toutes les formes de décroissance actuelles, il fait de la relance de la croissance la clé de sa politique économique. Il défend « une fiscalité de justice pour les familles françaises, et une fiscalité de croissance pour nos entreprises ». D’une part, il entend lever toutes les contraintes sur la croissance comme celles sur la question de l’énergie afin de refaire de la France un paradis énergétique. D’autre part, il aborde un sujet qu’il juge «  trop tabou alors qu’il n’a pas lieu d’être » : la fraude sociale et économique. À cet égard, il entend faire une « chasse au gaspillage », en particulier « de l’immigration du guichet social ». La fin de cette dépense représenterait selon ses chiffres une économie de 10 à 15 milliards d’euros.

Souveraineté énergétique et politique agricole 

Si la question de la sortie du marché européen de l’électricité paraît simple, les réponses du Rassemblement national sont contradictoires. Alors que la sortie simple et pure du marché européen de l’électricité figurait sur le programme présidentiel de Marine Le Pen en 2022, ce projet semble absent du programme de Jordan Bardella pour les élections européennes. À la place, le député européen préfère modifier les règles de fixation des prix sans donner plus de précision. Un tel changement qu’il  justifie par le fait que l’ « on ne peut plus accepter que la France paye pour les choix stratégiques que n’ont pas faits nos voisins ». Selon lui, la France a déjà fait sa transition énergétique avec un taux d’émission de CO2 qui s’élève à 0,2%. D’un point de vue de l’écologie, il se place du côté de l’écologie du bon sens contre une écologie punitive. La politique agricole en ce sens doit sortir du libre-échange, en faveur d’un juste-échange avec la mise en place de clauses miroirs. Pour lui, « on accepte de jouer si on a les mêmes règles ». Dénonçant l’usage fait par la Commission de l’agriculture et du développement rural (AGRI) comme barrière d’ajustement, il base son programme se base sur trois P : « produire, protéger, permettre ». Ces trois P permettront un patriotisme économique, une fiscalité de croissance et une simplification. 

Les alliances au Parlement européen 

Rejetant la qualification d’extrême droite, l’ambition de Jordan Bardella à l’issue des élections européennes serait de constituer une minorité de blocage en devenant le troisième groupe au Parlement européen. Il espère que ces élections permettront l’émergence d’un groupe patriote puissant. Ne pouvant se prononcer plus sur les possibles alliances européennes, il parvient toutefois à prédire l’éclatement du groupe ECR (Conservateurs et réformistes européens). 

Question : Dans quel domaine politique Jordan Bardella est-il le moins à l’aise ? 

Faute de temps, deux questions ont pu être posées au candidat du Rassemblement National. Selon lui, « quand on fait de la politique, il ne faut pas être spécialiste de quelque chose mais être curieux de tous les sujets ». Comme tout individu, Jordan Bardella a un talon d’Achille : la protection animalière. Preuve en est, lorsque la journaliste pose la question « que pensez-vous de la Corrida ? ».  N’aimant pas les personnes qui interdisent tout, « c’est pour ça que je ne suis pas de gauche d’ailleurs », il affirme dans un léger moment d’hésitation que la corrida fait vivre.

Question : Que pensez-vous d’Aya Nakamura ? 

À cette question courte, Jordan Bardella donne une réponse courte. Pour lui, Aya Nakamura n’incarne pas « la classe et l’élégance à la française ». Le président du Rassemblement National s’oppose à voir chanter Aya Nakamura lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, suite à sa condamnation en février 2023 pour violences réciproques sur son ex-conjoint. 




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