Les Pays-Bas face aux « bronzes du Bénin »: la restitution de trésors pillés
Article écrit par Hélène Schiavitti
Ce mercredi 19 février 2025, les Pays-Bas ont annoncé restituer au Nigeria plus de 100 « bronzes du Bénin », des trésors appartenant au peuple Edo mais ayant été pillés par les troupes britanniques en 1897, avant d’être vendus et exposés au Wereldmuseum de Leyde. Cette annonce du gouvernement néerlandais s’inscrit dans la continuité du combat engagé par le Nigeria, depuis les années 1960, en faveur de la restitution de son patrimoine culturel.
Bronzes du Bénin
De la spoliation des « bronzes du Bénin » à leur restitution par les Pays-Bas
Les « bronzes du Bénin » sont un groupe de milliers d’objets historiques originaires du palais royal du Bénin à Edo, dans l’actuel Nigeria, et ayant été fabriqués entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Trésor du patrimoine culturel du peuple Edo, ces œuvres ont été pillées lors d’une violente expédition punitive du Bénin, menée par les troupes britanniques, en 1897. Une fois saisies, les Britanniques ont conservé environ 200 d’entre-elles au British Museum à Londres, tandis que le reste a été réparti dans plusieurs musées dont le Wereldmuseum de Leyde aux Pays-Bas.
La spoliation des œuvres d’art étant une marque du colonialisme, les « bronzes du Bénin » sont devenus des symboles chargés d’injustice et la question de leur restitution s’est faite le porte-étendard de la lutte pour le retour des trésors culturels pillés pendant la colonisation. Des appels au rapatriement de ces œuvres d’art ont ainsi été lancés depuis les années 1960, en particulier après le FESTAC 77, le deuxième World Black and African Festival of Arts and Culture. Mais ce n’est que récemment que les premières restitutions se sont concrétisées dont celle majeure annoncée par les Pays-Bas ce mercredi 19 février. Le directeur général de la Commission nationale nigériane pour les musées et les monuments, Olugbile Holloway, déclare ainsi que la restitution de ces 113 pièces au Nigeria est la plus importante depuis le raid de 1897, tandis que le ministre de la culture néerlandais, Eppo Bruins, affirme qu’« avec cette restitution, nous (les Pays-Bas) contribuons à réparer une injustice historique qui est encore ressentie aujourd’hui ». Néanmoins, Olugbile Holloway précise dans un communiqué que « nous (le Nigéria) espérons que ce sera un bon exemple pour d’autres pays dans le monde ».
Au-delà de l’annonce néerlandaise, un mouvement de restitution plus large
L’impulsion a été donnée par la France. En effet, en novembre 2021, le musée du quai Branly a été l’un des premiers occidentaux à restituer 26 objets royaux du Bénin, du palais d’Abomey, réclamés officiellement depuis 2016.
Objets d’art exposé au Quai Branly et faisant partie des 26 œuvres d’art restituées au Bénin par la France
Par la suite, en 2022, l’Allemagne a commencé à restituer au Nigeria des pièces de ses propres collections de bronzes du Bénin. En effet, des représentants du gouvernement allemand ont publié une déclaration conjointe avec le Nigeria, stipulant que les droits de propriété des bronzes du Bénin conservés dans les musées outre-Rhin, soit plus de 1 000 objets, dont 500 à la SPK, devaient être transférés au pays africain.
De même, les musées de Glasgow, la Smithsonian Institution, le Rhode Island School of Design Museum et le Metropolitan Museum of Art ont soit rendu des œuvres béninoises dans leurs collections, soit entamé le processus de restitution des bronzes pillés.
Mais des limites demeurent…
Néanmoins, si l’on se réfère à la plateforme Digital Benin, 5285 éléments du patrimoine culturel du peuple d’Edo sont encore conservés dans 137 établissements situés dans 21 pays. Ainsi, même si les restitutions des « bronzes du Bénin » se multiplient, le Nigeria est encore loin de recouvrer l’ensemble de son patrimoine culturel.
D’autant que la question de la restitution des « bronzes du Bénin » ne fait pas l’unanimité. Ses détracteurs ont fait valoir que l’Afrique n’avait pas les ressources nécessaires pour s’occuper de ses trésors, mais aussi que les musées occidentaux n’avaient aucune obligation morale de réparer les dommages infligés pendant les décennies de colonisation. Ils craignent également que ces restitutions ne déclenchent un effet domino qui démantèlerait les musées « universels ».
On peut par exemple citer le cas du British Museum de Londres, qui a refusé de restituer une partie de sa célèbre collection, comptant pas moins de 944 pièces issues du patrimoine culturel bénin, en évoquant une loi adoptée en 1963 qui empêche le musée de restituer les trésors en vertu de son caractère national. Mais, il est important de préciser que le British Museum n’est que l’un des nombreux musées qui luttent pour justifier la légitimité de sa collection.
Bronzes du Bénin du British Museum
Quelle place pour l’Europe dans le processus de paix en Ukraine ?
Article écrit par Hélène Schiavitti
Moins d’une semaine après que Washington et Moscou aient convenu de lancer des négociations « immédiates » pour mettre fin au conflit russo-ukrainien, sans garantir que les Européens n’y prennent part, les réunions de crises s’enchaînent. L’impulsion émane alors de l’Élysée. En effet, afin de discuter de la sécurité en Europe et de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a convoqué ce lundi 17 février un Sommet informel suivi, deux jours plus tard, d’une visioconférence stratégique, tous deux réunissant des chefs d’État et de gouvernement de pays membres de l’UE et de l’OTAN. Entre-temps, ce mardi 18 février, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, ainsi que son homologue russe, Sergueï Lavrov, se sont rencontrés à Ryad pour amorcer la normalisation de leurs relations en vue d’un règlement bilatéral du conflit. Dans ce contexte, l’Europe parviendra-t-elle à éviter une mise hors-jeu ?
Sommet informel de Paris du 17 février
Au départ, une fracture transatlantique ?
Depuis le 12 février, date à laquelle Donald Trump et Vladimir Poutine ont convenu de lancer des négociations « immédiates » en vue d’un cessez-le-feu en Ukraine, un engrenage détériorant les relations transatlantiques semble s’être mis en place. En effet, cet appel s’est suivi de la Conférence de Munich sur la sécurité, tenue du 14 au 16 février 2025, que certains interprètent comme un point de fracture transatlantique. En effet, ces trois jours on fait dire au président Finlandais, Alexander Stubb, qu’« il y a des décennies où il ne se passe rien, et il y a des semaines où des décennies se produisent. ». La cause d’une telle analyse : la violente diatribe jugée « antieuropéenne » du vice-président américain J.D. Vance. D’autant que, plus que d’asséner de virulentes critiques à l’égard des démocraties européennes, le vice-président s’est gardé de tout commentaire relatif à la manière dont l’administration Trump avait prévu de faire la paix en Ukraine. Dès lors, les Européens sont menacés d’être mis hors-jeu. Une menace réactivée dès le lendemain quand l’envoyé de Donald Trump pour l’Ukraine et la Russie, Keith Kellogg, clarifie la place de l’Europe à la table des négociations en déclarant « Si vous pensez qu’il y aura trente-trois personnes assises à la même table pendant la discussion, selon toute probabilité, la réponse est non, pas du tout (…) si “à la table” signifie que vos points de vue sont entendus, compris, transmis, la réponse est absolument oui ». Plus encore, le risque semble confirmé au vu des pourparlers tenus ce mardi 18 février à Riyad, où seuls se sont rencontrés le ministre des affaires étrangères russes, Sergueï Lavrov, et son homologue américain, Marco Rubio, sans que le moindre représentant européen ni ukrainien ne soit convié. D’autant que, par la suite, lorsque Donald Trump a été interrogé sur les états d’âme ukrainiens, faute d’invitation à Riyad, ce dernier a rétorqué : « Vous auriez dû mettre fin [à la guerre] il y a trois ans – vous n’auriez jamais dû la commencer. Vous auriez dû conclure un accord. ».
J.D. Vance à la Conférence de Munich
La convocation de réunions d’urgence pour éviter une mise hors-jeu
Sentant la possibilité d’être mis au ban des négociations, un sursaut européen s’opère, notamment initié par la France qui se fait l’hôte de réunions de crises.
Emmanuel Macron a ainsi accueilli sept dirigeants européens ainsi que les chefs de l’OTAN et des instances communautaires, le lundi 17 février, pour un Sommet informel portant sur la contribution européenne aux négociations de paix en Ukraine et les enjeux de sécurité en Europe. Mark Rutte, secrétaire-général de l’OTAN, a déclaré retenir de cette réunion d’urgence à Paris que « l’Europe est prête et a la volonté de se renforcer, de prendre l’initiative de fournir des garanties de sécurité à l’Ukraine ». Néanmoins, les dirigeants européens ne sont pas parvenus à faire démonstration de leur unité concernant la question des garanties de sécurité. En effet, la diplomatie française a annoncé la possibilité de l’envoie de troupes européennes sur le territoire ukrainien pour assurer le respect d’un éventuel accord de paix. De leur côté, Britanniques et Néerlandais conditionnent cet envoi à un soutien américain : « Je suis prêt à envisager un engagement des forces britanniques au sol aux côtés d’autres si un accord de paix durable est conclu (…) Mais il doit y avoir un soutien des Etats-Unis, car une garantie de sécurité des Etats-Unis est le seul moyen de dissuader efficacement la Russie d’attaquer à nouveau l’Ukraine. » a déclaré Keir Starmer, premier ministre britannique. Mais, en face, le chancelier allemand Olaf Scholz, le premier ministre espagnol Pedro Sanchez et la première ministre danoise estiment qu’une telle proposition est prématurée. Plus sévère encore sur cette proposition, Giorgia Meloni estime que cette hypothèse est « la plus complexe et peut-être la moins efficace », tandis que le ministre hongrois des affaires étrangères, non convié au Sommet, a déclaré qu’ « aujourd’hui, à Paris, des dirigeants européens frustrés, pro-guerre et anti-Trump se réunissent pour empêcher un accord de paix en Ukraine ».
Néanmoins, malgré l’absence de consensus, les Européens poursuivent leur entreprise pour reprendre la main sur la question russo-ukrainienne et ce tout en maintenant leurs relations transatlantiques. Cela s’est ainsi manifesté lors de la visioconférence organisée par l’Élysée ce mercredi 19 février. Celle-ci a réuni 19 chefs d’État et de gouvernement de pays membres de l’UE et de l’OTAN. Cette nouvelle réunion serait pour certains l’occasion d’aplanir les divergences mises en lumière deux jours plus tôt en vue du Sommet de Bruxelles prévu au 20 mars prochain.
Visioconférence du 19 février
Le Danemark, chef de file du réarmement des pays européens
Article écrit par Léane Madet
La première ministre scandinave a déploré, mardi 18 février, dans son discours au Parlement, que le Danemark traversait « la situation la plus dangereuse de son existence […], pire encore que durant la guerre froide. De cette situation découle la nécessité d’un réarmement massif et rapide, auquel la première ministre a vigoureusement enjoint le chef des armées du royaume, Michael Hyldgaard, le lendemain, dans une conférence de presse, à Copenhague : « Achetez, achetez, achetez ! Achetez ce qui peut contribuer à une défense, et donc à une dissuasion plus forte, ici et maintenant. » Lors de cette même conférence, mercredi 19 février, un « fonds d’accélération » pour le réarmement, à hauteur de 120 milliards de couronnes (soit environ 16 milliards d’euros) a été annoncé par la coalition gouvernementale. S’élève ainsi à 3.2% du PIB le budget qui sera consacré à la défense d’ici la fin de l’année, contre 1,37% en 2022 et 2,37% en 2024. La création de ce fonds fait suite à la réunion des chefs de gouvernements européens ayant eu lieu en début de semaine à Paris.
Une nouvelle rallonge budgétaire
Si 35 milliards de couronnes étaient déjà prévus pour la défense dans le budget de l’année en cours, 25 milliards supplémentaires vont être alloués à l’objectif de réarmement du pays. Idem pour l’année 2026. Les fonds supplémentaires dégagés seront ensuite utilisés 10 milliards par 10 milliards jusqu’en 2033. Cette somme s’ajoute aux 190 milliards de couronnes supplémentaires, déjà allouées aux armées pour dix ans, dans le cadre d’un accord multipartite (signé en 2023 et élargi en 2024), les dépenses militaires du royaume atteignant ainsi leur « plus haut niveau depuis plus d’un demi-siècle ». Le Danemark est plus à même d’envisager une telle rallonge budgétaire que d’autres pays européens, au vu de sa faible dette, qui représente seulement 33% du PIB.
« Nous ne sommes pas en guerre, mais nous ne sommes pas en paix non plus »
La première ministre, inquiète de l’avenir du Royaume, et plus largement, de celui du continent européen, a évoqué à propos de la guerre en Ukraine, les « rêves impériaux de la Russie, de la construction d’une Russie plus forte et plus grande ». Avant d’ajouter : « Je ne pense pas qu’ils vont s’arrêter là ». Mme Frederiksen a confié son inquiétude quant à la possibilité d’un cessez-le-feu rapide, pouvant « donner au président Poutine et à la Russie une meilleure possibilité […] de mobiliser à nouveau et d’attaquer l’Ukraine ou un autre pays en Europe. » Toute l’Europe apparaît désormais concernée par la menace russe, et le Danemark, un des principaux soutiens militaires à l’Ukraine, entend bien se mobiliser en conséquence et réarmer massivement pour montrer la voie. L’objectif est d’éviter que la guerre ne se propage au reste de l’Europe. Le réarmement du pays doit constituer une dissuasion suffisante pour le chef du Kremlin.
Une succession d’événements inquiétants
« Nous ne savons pas ce que [Poutine] prépare, mais nous savons que la Russie se réarme à toute vitesse, bien qu’elle fasse la guerre à l’Ukraine. C’est ce signal d’alarme, combiné à d’autres évènements qui nous invite à agir maintenant. » Par « autres évènements », la première ministre danoise fait référence au possible désengagement des Etats-Unis en Europe. Le retrait des troupes états-uniennes du territoire européen encouragerait le risque d’une offensive russe dans la région. Aussi, les déclarations du vice-président américain J. D. Vance, qualifiant le royaume de « mauvais allié », ont provoqué une onde de choc dans le pays. La coopération militaire accrue entre le Danemark et les Etats-Unis, entérinée depuis la création de l’OTAN, bat de l’aile. Sans oublier les menaces perpétrées par l’administration Trump en décembre dernier, visant le Groenland, province autonome du royaume du Danemark depuis maintenant trois siècles.
Les scénarios envisagés
Un rapport du 11 février des services de renseignement de la défense danoise a effectivement alerté sur le risque d’une propagation de la guerre au reste de l’Europe, qui pourrait survenir après un cessez-le-feu avec l’Ukraine. Le temps où seul les européens de l’est avaient une peur panique de la Russie est révolu […] le chef du Kremlin pourrait, dans un avenir pas si lointain, attaquer les Pays baltes ou la Pologne. Désormais, il apparaît clair que Poutine suit méthodiquement son plan de restauration de l’empire russe, débuté en 2008, avec la Géorgie, poursuivi en 2014 avec le vol de la Crimée à l’Ukraine et en 2022, avec la grande guerre d’invasion sur le reste du territoire ukrainien. Le renseignement militaire danois estime que trois à cinq ans sont nécessaires à Poutine pour reconstituer son armée après la guerre en Ukraine, et qu’une « guerre régionale » pourrait survenir contre les pays baltes, voire une « guerre à grande échelle » au terme de ces cinq années. Les scénarios envisagés se déroulent tous à l’est de la mer baltique, là où les tensions avec la Russie sont les plus fortes et en particulier autour de Kaliningrad, cette enclave russe en territoire européen, reliée à la Biélorussie par le corridor de Suwalki, à la frontière entre la Pologne et la Lituanie. Si ce corridor venait à être pris par la Russie, alors les Etats baltes seraient coupés des autres pays de l’OTAN, c’est là une faille stratégique pour notre défense.
Les relations UE-Rwanda, sur fond du conflit dans l’est de la RDC
Article écrit par Léane Madet
Alors que les affrontements se poursuivent dans les deux provinces Kivu de l’est de la RDC, le Parlement européen a voté samedi 15 février la suspension du partenariat sur les matières premières avec le Rwanda. Ce mardi 18 mardi, c’est au tour du Rwanda d’adresser un message à l’un des Etats membres, ayant enjoint l’UE à le sanctionner pour « violation de l’intégrité territoriale de la RDC et de la Charte des Nations Unies ». Le ministre des Affaires étrangères rwandais a annoncé la suspension de l’aide au développement octroyée par la Belgique, lui reprochant de prendre position pour Kinshasa, ce qu’il dénonce comme une « politisation du développement » et une « ingérence extérieure injustifiée ». L’héritage colonial complique la résolution du conflit, la position de la Belgique et par extension celle de l’UE. Le même jour, le groupe armée du M23, soutenu par les troupes rwandaises, prenait la ville de Kamanyola (Sud-Kivu), après la prise de Bukavu (chef-lieu Sud-Kivu), au début du mois.
Aux origines du conflit : la RDC a feu et à sang
Les rebelles du M23 avaient pris le contrôle de Goma, chef-lieu et nœud économique du Nord-Kivu depuis fin janvier dernier et avaient progressé vers le Sud-Kivu jusqu’à atteindre Bukavu, le 5 février. Il s’agit d’un mouvement créé par des dissidents de l’armée congolaise, menant des offensives dans le Nord-Kivu depuis 2022. Le cœur du conflit : les richesses minières de la région, convoitées notamment par le Rwanda voisin, raison pour laquelle il soutient militairement le M23, selon des rapports d’agences onusiennes.
Fin de la coopération au développement
Le ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a justifié cette décision en accusant l’ex puissance coloniale (du Rwanda comme de la RDC – ex Zaïre) de mener une « campagne agressive » contre Kigali « visant à saboter l’accès du Rwanda au financement du développement, y compris auprès des institutions multilatérales ». En effet, suite à la prise de Bukavu, Bruxelles avait enjoint l’Union européenne de prendre des sanctions contre le Rwanda. Pour le MAE rwandais, la situation est claire : Bruxelles, en envisageant de telles sanctions, a pris position pour la RDC. « La Belgique a pris une décision politique en choisissant un camp dans ce conflit, ce qui est son droit ». C’est ainsi que, sur sa page officielle, le MAE rwandais a conclu : « Ces actions démontrent qu’il n’existe plus de base solide pour une coopération au développement avec la Belgique. En conséquence, le Rwanda suspend le reste du programme d’aide bilatérale 2024-2029 avec la Belgique », aide qui s’élevait à 120 millions d’euros selon Enabel, l’agence belge de développement.
Les programmes d’aide bilatéraux
La coopération au développement entre la Belgique et le Rwanda a été scellée en 1962, année de l’indépendance du pays africain. On peut lire sur le site officiel de l’ambassade de Belgique au Rwanda que la coopération directe avec le gouvernement rwandais [s’est concentrée] sur la santé, l’agriculture, le développement urbain et la protection sociale. La Belgique soutient la société civile rwandaise via la coopération entre ONG belges et rwandaises, via la coopération interuniversitaire ainsi que par des financements spécifiques. Elle participe également à l’aide humanitaire et au développement en finançant des projets multilatéraux spécifiques au Rwanda et développés par des institutions multilatérales, comme l’ONU et l’OIT. Au total, la Belgique a contribué à hauteur d’environ 44 millions d’euros à l’aide publique au développement au Rwanda en 2022, ce qui place le pays parmi les principaux partenaires bilatéraux du Rwanda en matière de coopération au développement.
Une suspension déjà envisagée par Bruxelles
Le ministre des Affaires étrangères belge, Maxime Prévot, prenant acte de cette décision, a déclaré que le pays « était en train de faire la revue de l’ensemble de son programme bilatéral, [ce qui] aurait débouché sur des mesures relatives à [leur] coopération que le Rwanda anticipe à présent ». Toutefois le ministre a exprimé le souhait de préserver les acquis de la coopération avec son ancienne colonie, qui avait profité jusqu’alors à la population rwandaise, et afin que celle-ci ne pâtisse pas de la suspension de l’aide. Plus largement, les relations diplomatiques entre les deux pays ne semblent pas en danger pour le moment, le ministère des Affaires étrangères rwandais ayant affirmé « Nous avons suspendu la coopération au développement. Rien d’autre. » Jeudi 20 février 2025, le ministère allemand des affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur rwandais à Berlin, condamnant « fermement la violation du droit international » que constitue selon lui la présence des troupes rwandaises en RDC. L’Allemagne réclame « un processus politique », seul moyen selon elle de trouver une « solution au conflit » et d’« empêcher une escalade régionale ».