Par Laura Comte et Henri Fabbro.
Magdalena Andersson, première femme à devenir première ministre de Suède… qui n’est restée que 8 heures au pouvoir
L’économiste et femme politique suédoise Magdalena Andersson a seulement pu passer huit heures à la tête du gouvernement. En effet, après son élection par le Parlement, la première ministre a dû démissionner en raison d’un manque de soutien de ses alliés écologistes et à cause de la mise en minorité de son budget. Elle avait succédé à Stefan Löfven, qui avait lui-même annoncé sa démission pour novembre 2021, usé par sept longues années au pouvoir mais également par une crise politique qui avait eu lieu au début de l’été.
La dirigeante social-démocrate a affirmé qu’elle ne « voulait pas diriger un gouvernement dont la légitimité était remise en cause » lors d’une conférence de presse. De plus son arrivée au pouvoir a été très compliquée, Magdalena Andersson a été élue grâce à un vote de députés à 117 voix pour, 57 abstentions, 174 contre et une absence. Le Parlement Suédois fait face depuis les dernières élections de 2018 à des équilibres politiques serrés, ce qui allonge le temps de formation du gouvernement à chaque élection.
Mardi 24 novembre, dans la soirée, Magdalena Andersson avait reçu in extremis des soutiens qui lui étaient nécessaires pour accéder au titre de première ministre, notamment grâce à son accord avec le Parti de gauche. Or, le Parti du centre a retiré son soutien pour le budget en raison des accords qui ont été passés à la dernière minute, mais ce dernier n’a pas pour autant empêché l’arrivée de Magdalena Andersson au pouvoir. Mais ce choix de la part du Parti du centre a conduit le Parlement qui l’avait élue dans la matinée à mettre son budget en minorité, et à adopter le budget de l’opposition de droite qui avait été formé avec l’extrême droite des Démocrates de Suède (SD).
La première ministre avait pensé pouvoir tout de même gouverner, jusqu’à ce que son allié écologiste annonce son départ du gouvernement, car c’était inconcevable pour eux de gouverner avec une loi qui portait les marques de l’extrême droite. Ce départ l’a donc poussée à démissionner.
La première femme à détenir le titre de premier ministre en Suède n’aura donc été en fonction que quelques heures. Le président de la Chambre, Andreas Norlén, a fait savoir qu’il acceptait sa démission et allait contacter les chefs de partis avant de décider jeudi comment procéder.
Une relation bilatérale renforcée entre la France et l’Italie
Vendredi 26 novembre dernier, les deux pays ont signé un « traité pour une coopération bilatérale renforcée » afin de consolider une relation quelque peu éprouvée ces dernières années. Le chef de l’Etat français, ainsi que le premier ministre italien Mario Draghi et le président Sergio Mattarella ont entériné un projet annoncé depuis 2017.
Celui-ci avait été retardé et interrompu suite à l’instauration d’un gouvernement populiste en 2018, chapoté en partie par le Mouvement 5 étoiles. L’année suivante, c’était leur relation même qui avait été compromise lorsque le ministre de l’intérieur Matteo Salvani avait appelé à la démission d’Emmanuel Macron ; de même la rencontre du vice président du conseil avec le mouvement des “gilets jaunes” avait définitivement instauré une sorte de rupture diplomatique.
Ainsi, ce “Traité du Quirinal”, du nom du palais où celui-ci a été signé, constitue un événement singulier et historique dans la mesure où il est le second accord établi par la France depuis 1963. De manière similaire, ce premier traité avait pour objectif de sceller la réconciliation entre la France et la République fédérale d’Allemagne.
Le maître mot de cette entente semble être pour tous ses protagonistes : l’amitié. Amitié puisqu’effectivement les deux pays partagent tant sur le plan politique que de la culture des accointances et affinités particulières. L’ancien président de la banque centrale européenne a déclaré à ce sujet que les futures institutions nées de cet accord “s’appuient sur les mêmes valeurs républicaines, sur le respect des droits humains et civils, sur l’européisme”. En rappelant aussi les divers échanges féconds en matière d’art : «De Stendhal à Umberto Eco, de Mastroianni à Belmondo, à Claudia Cardinale, nous partageons de nombreux souvenirs et références commun”. D’une certaine manière, c’est peut-être la nostalgie d’une Europe à six et mieux intégrée qui pointe le bout de son nez.
Ce rapprochement est pour les deux pays, non pas un morcellement du territoire européen mais participe au contraire bel et bien à son renforcement, et ne saurait être en aucun cas l’alternative au terme d’une amitié allemande précipitée par le départ de la chancelière allemande.
Mais quels sont concrètement les tenants de cet accord ? Il prévoit une coopération renforcée quant à la diplomatie, la défense, la transition environnementale et numérique, la culture et l’éducation et bien sûr la coopération économique et industrielle. Il pourrait également inclure la présence d’un ministre français au conseil des ministres italiens tous les trois mois et inversement, de manière à avoir une meilleure coordination politique entre les deux Etats. Pour le moment le contenu exact n’a pas encore été dévoilé, à cet égard l’instauration d’un service civil commun devra être explicité.
Finalement, le traité du Quirinal signe le retour d’une certaine stabilité en Italie, assurée par la confiance placée en Mario Draghi de la part du peuple italien, ainsi que la naissance d’un nouveau pilier européen.
L’Europe face au naufrage des migrants
Le mercredi 24 novembre, 27 migrants ont trouvé la mort au large de Calais alors qu’ils tentaient de rejoindre le Royaume-Uni en traversant la Manche. Annoncé en fin de soirée par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin a déclaré que “quatre passeurs” avaient d’ores et déjà été arrêtés, en précisant que deux d’entre eux étaient « en décision de défèrement devant le tribunal ».
Ce tragique évènement s’inscrit dans l’escalade de la hausse des tentatives de traversée de la Manche, comme en témoigne le secours de 243 migrants samedi dernier dans la même zone. Face à cela, le chef de l’Etat a aussitôt réclamé « une réunion d’urgence des ministres européens concernés par le défi migratoire » en ajoutant que cette crise portait atteinte aux valeurs les plus profondes de l’Europe.
Parmi les mesures concrètes et envisagées, le président de la République demande le « renforcement immédiat des moyens de l’agence Frontex aux frontières extérieures » de l’Union Européenne. Frontex désigne l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, créée en 2004 afin d’aider les Etats membres de l’UE et de l’espace Schengen à assurer la sécurité des frontières extérieures de l’espace de libre circulation. En 2016, l’Agence se voit confier la lutte contre la criminalité transfrontalière.
Ladite réunion se déroulera dimanche à Calais, à laquelle « les ministres en charge de l’immigration belge, allemand, néerlandais et britannique, ainsi que la Commission européenne” sont conviés. Celle-ci a pour objectif d’améliorer et d’accentuer “ la coopération policière, judiciaire et humanitaire” entre les différents Etats. Selon l’association de mobilisation pour l’aide des migrants Utopia 56 : “L’Angleterre reste un objectif parce qu’on leur refuse leur titre de séjour en Europe et on les laisse errer sans droit. Ils tentent donc de passer en Angleterre, parce qu’il y a moins de contrôles d’identité et du travail au noir”. En ce sens, une harmonisation juridique et légale permettrait de tarir ces flux illégaux.
Dès lors, on comprend que c’est la politique même de l’europe en matière de flux migratoires qui est ici interrogée, une problématique qui n’est pas sans rappeler la récente affaire polonaise. La question des migrations est en effet appelée à devenir un des chevaux de bataille de l’Union Européenne.
Ce drame implique également la responsabilité du Royaume-Unis avec lequel un accord venait d’être convenu le 11 novembre dernier après plusieurs semaines de débats houleux. Comme le rappelle le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage, le CROSS : « il s’agit désormais d’un phénomène structurel, amené à durer », à cet égard on estime que le nombre d’arrivées en bateau de fortunes ou small boat a triplé entre 2020 et 2021. Cette très nette augmentation vient en partie de l’intensification des divers contrôles sanitaires et douaniers, auxquels les migrants préfèrent dorénavant faire le choix de l’embarcation; la lutte contre les réseaux de passeurs doit à ce titre devenir une priorité absolue.
Réforme de la politique agricole commune : à quoi s’attendre ?
Le Parlement européen a adopté mardi une réforme de la politique agricole commune (PAC), prévue pour entrer en vigueur en 2023. Renégociée tous les sept ans, la PAC est le premier poste de dépenses de l’UE et la France en est le premier bénéficiaire. La nouvelle PAC vise à mieux prendre en compte la lutte contre le réchauffement climatique. Près de 30 % des députés européens, dont les écologistes, ont voté contre, l’estimant insuffisamment ambitieuse.
Cette politique est fondée principalement sur des mesures de contrôle de prix et de subventions qui visent à moderniser et développer l’agriculture. Elle est réformée tous les sept ans en moyenne pour rester en adéquation avec les actuels enjeux tant socio-économiques qu’environnementaux et climatiques, tout en continuant de poursuivre ses objectifs initiaux. Ainsi, la PAC va être réformée en 2023, avec 3 points principaux d’après la Commission Européenne qui sont :
La mise en place de plans stratégiques nationaux, appelés PSN, afin de mieux prendre conscience des différents types d’agricultures et des particularités des territoires européens.
Une agriculture plus verte avec la mise en place d’éco-régimes qui visent à récompenser des pratiques vertueuses en matière environnementale. Selon les accords conclus, entre 20 % et 30 % du premier pilier devraient servir à financer ces pratiques, et éviteraient que ceux qui, comme les agriculteurs français suivent des règles environnementales plus strictes que leurs voisins, se retrouvent pénalisés.
Une rémunération jugée plus juste pour les agriculteurs avec un système d’aides directes facilité, actuellement déterminées en fonction de la surface exploitée. On peut également observer une volonté de renforcement de la position des agriculteurs dans la participation de la politique agricole commune.
La nouvelle PAC s’articulera autour de nombreux autres objectifs économiques comme l’amélioration des adaptations aux besoins du marché et l’accroissement de la compétitivité, notamment en mettant davantage l’accent sur la recherche, la technologie et la numérisation. La PAC devra également contribuer à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation de ses effets négatifs sur l’environnement, en développant par exemple des énergies durables et en préservant les habitats et les paysages. Sur le plan social, la Politique Agricole Commune devra promouvoir l’inclusion sociale et le développement local dans les zones rurales, y compris la bio-économie et la sylviculture durable. Pour atteindre ces objectifs, les États membres assurent une simplification et une efficacité des aides de la PAC. Les États membres devront accorder une attention particulière aux objectifs spécifiques concernant l’environnement et l’action pour le climat.