Que s’est-il passé en Europe cette semaine? (Du 10 au 16 Avril)

(Articles par Garance TURPIN et Helena SARKIS)

Taïwan : le faux-pas d’Emmanuel Macron ?

À peine était-il de retour de Chine, suite à une visite d’État chez son homologue chinois Xi Jinping, qu’Emmanuel Macron provoque la polémique. Au cours du week-end de Pâques, le président français a appelé l’Union européenne à ne pas faire preuve de “suivisme” envers les États-Unis ou la Chine sur le dossier taïwanais, un message qui n’est pas bien passé côté européen.

Cette déclaration du chef de l’État intervient alors que Pékin mène des exercices d’encerclement autour de Taïwan, simulant des attaques et un blocus de l’île qu’elle considère comme faisant partie de son territoire. Une nouvelle démonstration de force, déclenchée après une rencontre, en Californie, entre la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, et le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy.

https://www.istockphoto.com/fr/photo/japon-cor%C3%A9e-du-sud-mer-de-chine-et-vicinities-gm181116196-25456705?phrase=ta%C3%AFwanDans ce contexte, l’idée d’une troisième voie européenne paraît très difficile car la sécurité de l’Union dépend des États-Unis. Cependant, Emmanuel Macron semble assumer pleinement ses propos rendus publics dimanche en ajoutant qu’« être allié (des États-Unis) ne signifie pas être vassal ». « C’est pas parce qu’on est allié (…) qu’on n’a plus le droit de penser tout seul », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Amsterdam.

De nombreuses personnalités politiques européennes se sont alors exprimées tour à tour cette semaine, faisant part de leur mécontentement. « J’ai trouvé cette déclaration malheureuse » a réagi, jeudi 13 avril, le ministre de la défense allemand, Boris Pistorius, en visite au Mali, lorsque le dirigeant polonais, Mateusz Morawiecki, qualifiait l’intervention d’Emmanuelle Macron d’une « erreur dramatique ».

Mais la charge présidentielle révèle au grand jour les divergences européennes sur trois questions essentielles : les liens avec les États-Unis, dont l’engagement en Ukraine est crucial, les relations avec la Chine, alliée bienveillante de la Russie, et « l’autonomie stratégique » de l’Union entre les deux grandes puissances, que le président français risque désormais d’avoir du mal à défendre, bien qu’il prétende avoir gagné la « bataille idéologique » dans ce domaine.

Face à la controverse et aux tensions suscitées outre-Atlantique, la Maison Blanche a tenté de rassurer sur sa bonne entente avec Paris. « Nous sommes à l’aise et nous avons toute confiance dans notre excellente relation bilatérale avec la France et dans la relation que le président [Joe Biden] a avec le président Macron », a ajouté John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, lors d’un point-presse.

La temporisation de la première puissance mondiale est remarquable alors que dernièrement, elle se trouve préoccupée par les manœuvres de la marine chinoise autour de Taïwan. “Le président français a mal choisi son moment“, a ainsi écrit le Wall Street Journal, en réponse à son positionnement.

 

Joe Biden en visite sur les terres irlandaises

https://www.istockphoto.com/fr/search/search-by-asset?affiliateredirect=true&assetid=1367464718&assettype=image&utm_campaign=SRP_image_sponsored&utm_content=https%3A%2F%2Fpixabay.com%2Ffr%2Fimages%2Fsearch%2Fjoe%2520biden%2F&utm_medium=affiliate&utm_source=pixabay&utm_term=joe+bidenAccueilli par le premier ministre britannique, Rishi Sunak, le président des États-Unis, d’ascendance irlandaise, est arrivé mardi soir en Irlande du Nord à l’occasion des commémorations des 25 ans de l’accord du Vendredi Saint, signé en avril 1998. 

Joe Biden, qui avait auparavant rencontré les dirigeants des principaux partis politiques d’Irlande du Nord, a soutenu que maintenir la paix durement acquise il y a 25 ans dans la province britannique était une “priorité” des États-Unis.

Cette visite intervient cependant dans un contexte politique délicat, le parti unioniste démocrate boycottant le gouvernement de coalition depuis plus d’un an, en raison d’un différend commercial post-Brexit.

Joe Biden a donc appelé les dirigeants locaux à surmonter leurs différences pour sortir de la crise politique qui paralyse les institutions. « Un gouvernement décentralisé efficace qui reflète le peuple d’Irlande du Nord et lui rend des comptes, un gouvernement qui s’efforce de trouver ensemble des solutions à des problèmes difficiles, va attirer encore plus d’opportunités dans cette région. J’espère donc que l’assemblée et l’exécutif seront bientôt rétablis », a appelé de ses vœux le président américain. « C’est à vous de juger, pas à moi, mais j’espère que cela se produira ».

Il n’est resté en réalité que quelques heures dans la province britannique, attendu ensuite, jusqu’à vendredi, sur les terres de ses ancêtres à Dublin puis dans le comté de Mayo en République d’Irlande.

Mais Joe Biden n’est pas le premier à revendiquer des origines irlandaises. De nombreux présidents américains l’ont fait avant lui. La raison est toujours la même : cette “potatoe famine” du milieu du XIXe siècle qui a fait fuir un quart de l’Irlande dont une bonne partie aux États-Unis. John Fitzgerald Kennedy est venu en 1963, en Irlande, pour rendre hommage à ses ancêtres, Ronald Reagan à son arrière-arrière-grand-père catholique.

« Tes pieds t’emmèneront là où se trouve ton cœur. » Par cette phrase, inscrite jeudi sur le livre d’or du palais présidentiel irlandais, le président américain, Joe Biden, a résumé sa visite sur l’île d’Irlande.

 

Réforme des retraites: vers une accalmie? 

Vendredi 14 avril, le Conseil Constitutionnel a pris la décision de valider le recul progressif de l’âge à la retraite. L’institution chargée de se prononcer sur la conformité à la Constitution des lois a cependant reconnu le “caractère inhabituel de l’utilisation combinée des articles 47-1 et 49-3 de la Constitution”. Pour autant le texte de loi demeure constitutionnel. En effet, l’impossibilité, dénoncée par la majorité, de débattre à l’Assemblée Nationale, a pour effet de rendre leur recours acceptable. Le Conseil Constitutionnel a invalidé six dispositions, notamment “l’index sénior” et le “CDI senior”, jugés inadéquat au texte de loi à caractère financier. 

La validation de la réforme des retraites divise : alors que le Gouvernement espère voir arriver la fin des tensions, l’opposition fustige. “La lutte continue” pour la NUPES et Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen déclare de son côté que “le sort politique de la réforme des retraites n’est pas scellé”. Soutenue par les manifestants, l’opposition fait référence à la seconde demande de référendum qui fera l’objet d’une nouvelle décision le 3 mai. L’espoir n’est pas perdu pour une grande majorité des opposants à la réforme. https://www.istockphoto.com/fr/photo/banni%C3%A8res-sur-la-place-de-la-republique-gm526727954-92647063?phrase=manifestation%20paris

Cependant la majorité du groupe Renaissance tente d’apaiser les tensions. La Première Ministre Elisabeth Borne est consciente que la réforme divise et assure “[qu’] il n’y a ni vainqueur ni vaincu” et que “le texte arrive à la fin de son processus démocratique”. Dans l’espoir d’apaiser la situation, la cheffe du gouvernement à annoncé l’augmentation de près de 2% du smic dès le 1er mai. Pourtant, les rassemblements de manifestants continuent de fleurir partout en France depuis l’annonce du Conseil Constitutionnel vendredi après-midi. La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet demande d’ailleurs au Président de “ne pas promulguer la réforme”. Les débats ne sont pas encore finis du côté de l’opposition qui compte sur la seconde décision du Conseil Constitutionnel afin de mettre un terme aux manifestations. 

 

Fonds Marianne, où est allé l’argent des subventions contre le séparatisme? 

Suite à l’assassinat du professeur Samuel Paty, l’ancienne ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa, a créé un fond de subvention dédié à la luttre contre le séparatisme et la radicalisation.  Les Fonds Mariannefinanc[ent] des personnes et associations qui vont porter des discours pour promouvoir les valeurs de la République et pour lutter contre les discours séparatistes, notamment sur les réseaux sociaux et plateformes en ligne”. 

Cependant l’œuvre de l’actuelle secrétaire d’État chargée de l’EÉconomie sociale et solidaire et de la Vie associative est sujette à une controverse. Suite à des révélations du journal Médiapart, Anne Hidalgo et La France Insoumise, ont pris la décision de saisir la justice. En effet, l’opposition et le journal indépendant mettent en lumière la gestion opaque du fonds. Médiapart relève notamment le financement de l’association “Reconstruire le commun” ainsi que de celle de Mohammed Sifaoui, toutes deux à hauteur de près de 330 000 euros. Ces deux associations sont accusées d’avoir diffusé des contenus à caractère politique, allant à l’encontre d’opposants du Président Emmanuel Macron lors des campagnes présidentielles et législatives

https://www.istockphoto.com/fr/vectoriel/marianne-france-gm1388112577-445845438?phrase=marianne En somme près de deux millions d’euros de subventions originellement allouées à la lutte contre la séparatisme et le radicalisme auraient été utilisés à des fins politiques. L’avocate de la famille Paty, Virginie Le Roy, demande l’ouverture d’enquêtes judiciaire et parlementaire en dénonçant le “fléau” de “bafouer la mémoire de Samuel Paty” : “C’est une insulte à sa mémoire mais aussi à celle des victimes de terrorisme et leurs familles”. 

L’avocate estime que les révélations de Médiapart décrivent des faits “qui peuvent être qualifiés de détournements de fonds publics”. Accompagnée des plaintes des oppositions de gauche et de la Mairie de Paris, la justice rendra son verdict sur la situation à la suite de ses enquêtes.

Articles recommandés