En 2021, la capitale européenne de la culture sera hors de l’Union Européenne, à Novi Sad en Serbie, marquant ainsi un tournant dans l’histoire culturelle européenne.
Longtemps négligée par une Europe focalisée sur l’économie et la politique, la culture tend à prendre une place de plus en plus importante au sein de l’espace social européen. C’est en 1985 que la ministre grecque de la culture Melinda Mercouri, encouragée par son homologue français Jack Lang, ouvre la voie à une Europe de la culture. Deux ans plus tard, Athènes devient la première « ville européenne de la culture », fonction qui deviendra à partir de 1999 « capitale européenne de la culture ».
Les villes doivent déposer leur candidature six ans à l’avance par l’intermédiaire du ministère de la culture de leur pays. Un jury d’experts examine ensuite les demandes et dresse une première liste de villes retenues. Celles-ci sont alors priées de préciser leurs projets et les évènements qu’elles comptent mettre en place. Le jury se réunit enfin une dernière fois pour examiner à nouveau les projets des villes candidates et ainsi nommer la capitale européenne de la culture.
Un rôle ambitieux
Derrière l’appellation « capitale européenne de la culture » se cache avant tout une ambition unificatrice. Son rôle est de renforcer le rayonnement culturel des villes européennes et de favoriser le lien et les interactions entre les citoyens européens. La culture devient alors un vecteur décisif dans le développement du tourisme et offre un souffle nouveau à la ville désignée comme capitale pour un an. Celle-ci permet dans une perspective plus large de développer un sentiment identitaire européen grâce au renforcement des liens culturels.
Ainsi, en 2002, Salamanque a bénéficié, grâce à ce statut, d’un rayonnement qui a dépassé les frontières de l’Espagne. La ville a accueilli plus de trois millions de personnes attirées par le programme culturel alléchant mis en place. De nombreux évènements ont en effet été organisés. On retiendra notamment le cycle destiné à l’opéra baroque ou celui dédié aux dramaturges européens emblématiques du XXe siècle. Salamanque a pour cette occasion bénéficié de la création de nombreux théâtres et centres dramatiques qui lui ont offert un rayonnement culturel nouveau à l’échelle non plus seulement nationale mais européenne.
>> Pour aller plus loin : un document présentant les anciennes capitales de la culture, les évènements marquants mis en place dans ces villes, ainsi que les retombées occasionnées.
Novi Sad : la promesse d’une nouvelle Europe
En 2021, Novi Sad sera l’une des rares Capitale Européenne de la Culture située hors de l’Union européenne. Toute ville candidate ou potentiellement candidate à une entrée dans l’UE peut prétendre à ce statut. Surnommée « l’Athènes serbe » pour son important rayonnement culturel, Novi Sad permettra d’inscrire la Serbie dans une dynamique européenne avec la culture comme mouvement d’impulsion principal.
L’ouverture du statut de « capitale européenne de la culture » à des pays hors UE témoigne donc d’une Europe en perpétuelle évolution qui, sans pour autant laisser de côté la dimension économique et politique, met davantage l’accent sur la culture. Cela permet à l’Union européenne de renforcer les liens entre les citoyens européens en instaurant un sentiment d’appartenance identitaire fort qui transcende les frontières entre les Etats, à l’heure où la voix des nationalismes se fait de plus en plus entendre en Europe.