Nouvelle tête en trompe-l’œil en Roumanie, négociations sur le Brexit, organisation d’un référendum sur l’avortement en Irlande, pollution de l’air et budget européen, l’actualité européenne de la semaine résumée en cinq infos.
ROUMANIE – Une nouvelle Première ministre (mais pour quoi faire ?)
Lundi, Viorica Dancila a prêté serment et obtenu la confiance du Parlement, devenant ainsi la première femme a exercer la fonction de Première ministre en Roumanie. Celle qui était jusque-là députée européenne depuis 2009 est la troisième personne a prendre la tête du gouvernement en à peine dix-huit mois. Ces deux prédécesseurs – Sorin Grindeanu puis Mihai Tudose – ont tous perdu leur poste après avoir tenté de s’éloigner de Liviu Dragnea, le tout-puissant chef du Parti social-démocrate (PSD), large vainqueur des législatives de la fin 2016. Ce dernier, désormais inéligible, continue de tirer toutes les ficelles depuis les coulisses et Viorica Dancila est considérée comme l’une de ses plus proches fidèles. Celle que l’on surnomme désormais « la porte-parole » devra tenter de rassurer la Commission européenne qui s’inquiète d’un projet de loi controversé, accusé de limiter le pouvoir et l’indépendance du Parquet anticorruption.
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BREXIT – Les 27 s’accordent sur une éventuelle période de transition
Lundi, lors d’une réunion du Conseil de l’Union européenne en formation « Affaires générales », les ministres responsables des affaires européennes dans chacun des 27 États membres « restants » se sont accordés sur le contenu des négociations du Brexit et notamment sur une éventuelle période de transition pour le Royaume-Uni. Celle-ci débuterait le 30 mars 2019, date officielle du Brexit, et durerait au maximum 21 mois, permettant au Royaume-Uni d’éviter un « saut dans le vide » et d’avoir davantage de temps pour se préparer. Jusqu’au 31 décembre 2020, le pays continuerait ainsi d’être membre du marché unique et bénéficierait des accords commerciaux signés par l’Union avec le reste du monde. Toutefois, Londres n’aurait plus voix au chapitre puisqu’elle devrait appliquer la totalité de la législation européenne sans avoir ni député européen, ni commissaire, ni droit de vote au Conseil, tout en continuant à contribuer au budget communautaire. Déjà dénoncée comme une forme de vassalisation du pays par les plus ardents brexiters, cette position dure – comparable à la situation de la Norvège – a été fermement négociée notamment par la France et l’Allemagne selon Le Monde.
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IRLANDE – Un référendum sur l’avortement en mai 2018
Lundi soir, le gouvernement irlandais a confirmé qu’un référendum serait bien organisé pour demander aux électeurs s’il faut abroger le huitième amendement de la constitution qui permet la quasi-interdiction de l’avortement dans le pays. Le Premier ministre Leo Varadkar (Fine Gael, centre-droit, rattaché au PPE) a ainsi déclaré : « L’avortement existe en Irlande, mais il est peu sûr, échappe à tout encadrement et il est illégal et, à mon avis, nous ne pouvons pas continuer d’exporter nos problèmes et d’importer nos solutions ». Depuis 2013, l’interruption volontaire de grossesse est autorisée uniquement en cas de danger prononcé pour la mère. Actuellement, dans un pays encore très catholique, des centaines de femmes avortent clandestinement ou se déplacent pour cela dans d’autres pays. Selon les premiers sondages, le oui à l’abrogation de cet amendement pourrait l’emporter.
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POLLUTION DE L’AIR – Dernière avertissement pour la France avant la case procès
Mardi, lors d’un sommet sur l’environnement à Bruxelles, Karmenu Vella, le commissaire européen à l’environnement sommait neuf États membres, dont la France, de détailler leurs mesures anti-pollution de l’air afin de respecter la législation européenne. Ces pays, régulièrement avertis par la Commission européenne, ont donc dix jours pour présenter leurs mesures sans quoi ils n’échapperont pas à un procès devant la Cour de justice de l’Union européenne. Alors qu’un rapport de l’Agence européenne de l’environnement estime à 400 000 le nombre de morts par an dans l’Union à cause de la mauvaise qualité de l’air, cet « ultime » avertissement permettra d’évaluer les ambitions en matière d’écologie du gouvernement français et les marges de manœuvres du ministre Nicolas Hulot. Salué par les ONG, cet avertissement sera aussi l’occasion de sonder la capacité de l’exécutif européen à passer des menaces aux actes.
BUDGET EUROPÉEN – L’Europe centrale et orientale veut contribuer davantage
Vendredi, Günther Oettinger, le Commissaire européen au budget, se réjouissait d’un engagement formulé par huit États membres d’Europe centrale et orientale d’augmenter leur contribution au budget de l’Union européenne. Alors que les négociations sur le prochain cadre financier pluriannuel pour la période 2021-2027 sont dans tous les esprits, cette annonce pourrait permettre de compenser le départ des Britanniques. En effet, avec le Brexit, le budget européen sera amputé de seize milliards d’euros par an. Principaux bénéficiaires de la politique de cohésion, ces Etats membres entrés dans l’Union à partir de 2004 souhaitent ainsi maintenir le budget européen à son niveau actuel (environ 160 milliards par an). Ils se sont engagés à augmenter leur contribution de 1,0 à 1,1 de leur revenu national brut. Toutefois, quelques heures après cette annonce, la Bulgarie a nié être en accord avec une telle proposition.