La 56ème édition de la Conférence de Munich sur la sécurité a eu lieu du 14 au 16 février derniers dans la capitale bavaroise. Le Grand Format européen vous propose de revenir cette semaine sur le thème de la sécurité et de la défense internationale et européenne.
Un article rédigé par Voix d’Europe.
Le « Forum de Davos » de la Défense
La Conférence de Munich est le forum annuel sur la défense et la sécurité. Elle a été créée en 1962 par Ewald-Heinrich von Kleist-Schmenzein, dernier survivant du groupe du coup d’État manqué contre Hitler en 1944, qui devenu éditeur par la suite.
Mis en place durant la Guerre froide, cette réunion visait à parler des moyens mis en œuvre par les pays les plus riches en matière de défense et sécurité internationale.
Très grand événement de prestige, la Conférence de Munich réunit chaque année ministres, députés, hauts responsables militaires, dignitaires politique et divers médias autour d’échanges sur les politiques étrangères et militaires des puissances mondiales.
Environ 300 personnalités de 70 pays participent chaque année à ce forum. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France sont toujours représentés à haut-niveau au vu de leur puissance militaire.
Cette année, Emmanuel Macron y a participé pour la première fois depuis son élection. Venu discuter de la position de la France dans le monde, il n’a pas pu éviter les questions sur la défense européenne, l’OTAN ou les opérations militaires françaises en Afrique subsaharienne. De même, Angela Merkel a pris la parole et a connu quelques difficultés. L’Allemagne, pays longtemps démilitarisé mais puissant grâce à l’Union européenne, connaît quelques difficultés au niveau de sa gouvernance. Angela Merkel est souvent décriée et sa position fragile ne l’a pas aidée à cette conférence.
Des sujets récurrents et historiques
Créée en pleine Guerre froide, la Conférence de Munich connaît de nombreux sujets qui reviennent sur la table chaque année : l’OTAN et la défense européenne.
Les relations UE/US ne sont pas au beau fixe depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. L’OTAN, organisation plutôt dissuasive, n’a plus de gros impact depuis quelques années. La question de la « mort cérébrale » de l’organisation, déclarée par Emmanuel Macron, a été largement commentée lors du forum.
Autre sujet : la défense européenne via l’Union européenne. Maintenant que les Britanniques, réticents à une création militaire au sein de l’UE, sont sortis, les 27 États membres ont la voie libre pour le développement d’une défense européenne commune, distincte de l’alliance atlantique et donc non-dépendante des États-Unis.
Ces sujets sont systématiques. Des échanges ont lieu mais aucune décision ou orientation concrète ne sont annoncées.
Déclin occidental et divergences
Cette année, et plus encore que les éditions précédentes, les divergences sont apparues au grand jour et l’Occident a semblé plus faible.
Tout d’abord, les différences entre l’Europe et l’Amérique. Les deux puissances ne sont plus sur la même longueur d’onde. La vision de l’Amérique trumpiste est radicalement différente de l’Europe macroniste.
D’autre part, les divergences entre Européens même n’ont pas mis longtemps à se voir. L’Allemagne et la France, pourtant couple moteur de l’UE, n’ont pas une vision raccord de la sécurité internationale et des efforts à fournir. Cela est-il vraiment une surprise ? Pas vraiment quand on connaît l’historique de défense opposé des deux nations.
La Conférence de Munich a montré le déclin occidental – « Westernessless » – ou l’affaiblissement de l’influence des grandes puissances militaires au profit de pays comme la Chine ou l’Inde.
Finalement, ce forum, événement toujours très important mais assez peu médiatisé en dehors des cercles et élites concernés, prouve que la Défense et la sécurité internationale restent des domaines très nationaux, en particulier pour l’Europe. L’UE perd énormément en influence et en puissance car les divergences en son sein sont beaucoup trop nombreuses, comme dans beaucoup d’autres domaines.
Voix d’Europe