La Finlande a longtemps été présentée comme l’un des bons élèves de l’Union européenne, connue et reconnue notamment pour son respect des grandes valeurs sociales européennes : la démocratie, l’égalité, le progressisme, la justice sont chères au gouvernement finlandais. Pourtant, l’adhésion populaire du pays à l’Union est remise en cause ces derniers mois par une tentation populiste qui s’affirme de plus en plus, notamment face aux difficultés économiques que rencontre le pays.
Depuis le 19 avril 2015, lors des élections législatives, les Finlandais ont décidé d’ouvrir la voie à un gouvernement plus eurosceptique, écartant l’europhile et conservateur premier ministre sortant Alexander Stubb et offrant la deuxième position aux Vrais Finlandais, parti populiste mené par Timo Soini, connu pour sa critique de la construction européenne, notamment vis-à-vis de l’immigration.
Les « Vrais Finlandais »
Face à la crise de l’euro, les doutes des Finlandais quant aux bénéfices de la construction européenne se sont accentués et M. Soini a su présenter cela à son avantage, refusant par exemple de financer la crise de la dette grecque et allant même jusqu’à argumenter pour un Grexit. Dans son programme, l’objectif est le suivant : « renégocier son adhésion à l’Union européenne, récupérer des pouvoirs de Bruxelles et réduire les pouvoirs de la Commission européenne ».
Comme en Norvège où la même méthode est utilisée, ce parti populiste de droite s’attache, pour attirer toujours plus d’adhérents, à répondre aux revendications du peuple, à privilégier les intérêts nationaux et à régler les “vrais problèmes des Finlandais”, misant sur la résolution des problèmes sociaux. Les « Vrais Finlandais » sont nés des cendres du Parti rural finlandais. Ils aiment à se présenter comme le parti des patriotes, des vrais nationalistes, s’opposant ainsi à « des partis prêts à « vendre » la Finlande à l’Union européenne ou au capitalisme international » comme l’explique Göran Djupsund, politologue à l’université de Turku.
En ce sens, les « Vrais Finlandais » ont contribué à durcir la politique d’accueil de leur pays face à la crainte globale inspirée par la crise migratoire.
Un recul récent de l’euroscepticisme ?
Cependant, les partis du pays semblent avoir perdu en popularité dernièrement, notamment à cause de la récession finlandaise de ces dernières années, faisant du pays l’une des économies les plus faibles de la zone euro avec un taux de chômage avoisinant les 10%, mais aussi simplement sans doute face à l’exercice du pouvoir. Ainsi, aux élections municipales organisées le 9 avril dernier en Finlande, les « Vrais Finlandais » n’ont recueilli que 8,2% des voix, derrière les conservateurs, les sociaux-démocrates et les centristes, affichant donc une perte de presque plus de la moitié de leur électorat.
L’euroscepticisme semble donc encore loin d’être bien ancré dans le pays, le soutien populaire aux « Vrais Finlandais » manque encore de constance.
L’élan populiste en Finlande paraît plutôt répondre à une crise identitaire générale du continent européen. Mais pour Sixten Korkman, professeur d’économie à Helsinski, la Finlande est tout de même destinée à garder une position favorable à l’Union européenne. Il affirme en ce sens que Timo Soini n’est pas véritablement contre l’Union européenne, mais cherche plutôt dans cette idée un argumentaire pour son parti. La monnaie unique notamment, reste très populaire dans le pays.
Cependant, la peur de l’immigration demeure au sein de la population et reste pour les Finlandais la principale raison de voter pour les partis populistes. Timo Soini a annoncé qu’il démissionnerait du parti cet été, un congrès du parti devra alors élire le nouveau leader au cours du mois de juin. Plusieurs prétendent au poste : Jussi Niinistö, actuellement ministre de la Défense, le député européen Jussi Halla-aho, qui a été reconnu coupable d’incitation ethnique et violant la paix religieuse en 2012 ou encore Sampo Terho, un législateur ayant déclaré récemment que la Finlande devrait sortir de l’euro à l’avenir et favorable à la tenu d’un référendum sur l’adhésion du pays à l’UE aux élections législatives de 2019.
Mais pour Sixten Korkman, le risque que les Finlandais s’accordent un jour sur une sortie de l’Union européenne est selon lui loin d’être à craindre.
>>> Pour aller plus loin : Elections en Europe : enjeux et échéances de l’année 2017.