La semaine dernière, un accord a été trouvé entre la Grèce et ses créanciers. Si un allègement de la dette a été concédé pour 2018, cet accord entend prolonger la politique d’austérité en place depuis 6 ans. Retour sur 6 années d’une austérité qui entretient un cercle vicieux.
En octobre 2009 ont eu lieu en Grèce des élections législatives. Celles-ci amènent au pouvoir la gauche et son chef de file, Giórgos Papandréou. Quelques jours après son investiture, le nouveau Premier ministre fait une révélation retentissante : la dette et le déficit du pays ont été sous-estimés. Leur niveau est si élevé qu’il faut agir rapidement pour éviter la banqueroute.
L’entêtement idéologique de la Troïka
Le gouvernement grec en appelle à l’aide du Fonds Monétaire International, de la Banque Centrale Européenne et de la Commission Européenne. Ensemble, ces entités forment la Troïka. La Grèce concède à faire d’importants sacrifices en contrepartie des prêts accordés par la Troïka qui lui permettront de continuer à se financer.
Un premier plan d’ajustement économique est conclu le 2 mai 2010 contre une aide de 110 milliards d’euros. Avec ce plan commence une longue période d’austérité. Rapidement, le pays s’enfonce dans la récession, le chômage augmente fortement et le niveau de vie de la population diminue. Malgré les réformes, le pays ne parvient pas à remonter la pente et est de nouveau contraint en 2012 à négocier un second plan d’aide internationale. D’un montant de 237 milliards d’euros, celui-ci intervient en contrepartie du prolongement des réformes d’austérité engagées jusque-là. Malgré le manque de résultats positifs des premières réformes, la Troïka semble s’enfermer dans un entêtement idéologique prônant l’austérité outrancière.
Les espoirs déchus de l’arrivée au pouvoir de SYRIZA
En janvier 2015 ont lieu de nouvelles élections législatives qui amènent au pouvoir le parti de gauche radicale anti-austérité, SYRIZA. Le programme du leader du parti, Alexis Tsipras, s’est fait sur la promesse de mettre fin à l’austérité dans le pays. Une fois Premier ministre, les négociations pour un troisième plan d’aide internationale commencent. Le temps passe, aucun accord n’est trouvé. C’est l’impasse, et la menace d’un Grexit, une sortie de la zone-euro, voire de l’Union européenne, grandit. Le pays se trouve dans l’incapacité de faire face à ses échéances et est placé en situation d’arriérés par le FMI début juin 2015. Les négociations sont rompues le 27 juin quand Alexis Tsipras annonce un referendum portant sur la volonté ou non des citoyens grecs de poursuivre les réformes d’austérité. Le 5 juillet, le camp du « όχι » (« non ») l’emporte avec 61,31% des voix. C’est un plébiscite pour Tsipras. À l’issue de ce scrutin, l’avenir du pays au sein de la zone euro est plus que jamais remis en question. Il faut attendre la nuit du 13 au 14 juillet pour qu’un accord entre la Grèce et ses interlocuteurs européens soit trouvé. Un nouveau plan d’aide est mis en place, permettant à la Grèce son maintien, pour l’instant, dans la zone-euro.
Ce nouvel accord marque la victoire sur la volonté du peuple grec des dogmes libéraux, fanatiques de l’austérité d’une partie des dirigeants européens. En effet, malgré la victoire du camp anti-austérité, c’est un nouveau train de mesures d’austérité qui est exigé en contrepartie du nouveau plan d’aide internationale. Face à l’échec, le gouvernement d’Alexis Tsipras démissionne le 20 août. Il est finalement réélu le 21 septembre avec 35,46% des voix, soit une très légère baisse par rapport à son score de janvier.
Rompre le cercle vicieux
Depuis 6 ans a été mis en place en Grèce un système absurde où l’austérité appelle à plus d’austérité. Pour pouvoir continuer à se financer, la Grèce fait appel à la Troïka qui lui accorde des prêts en contrepartie de réformes d’austérité. Ces réformes, porteuses de déclin économique créent un besoin de financement de l’État grec. Ce besoin est satisfait via de nouveaux prêts dont la contrepartie est toujours plus d’austérité. Finalement, pour pouvoir rembourser les prêts précédents, la Grèce doit contracter de nouveaux prêts. C’est un véritable cercle vicieux alimenté par le poids croissant de sa dette. Depuis 2010, celle-ci n’a cessé d’augmenter, atteignant aujourd’hui 180% de son PIB.
Pour rompre ce cercle vicieux, l’idée de l’effacement total, ou partiel, de la dette semble finalement émerger. Le FMI s’est positionné en faveur de cette option. Ce principe a été acté par l’accord du 25 mai 2016 entre l’Eurogroupe et le FMI instituant un allègement de la dette à partir de 2018. Par ailleurs, cet accord contient de nouvelles mesures d’austérité et témoignent de l’entêtement des créanciers de la Grèce.
Dans ce contexte, malgré la possibilité d’ici 2018 d’alléger la dette grecque, les lignes sont figées et un changement de paradigme semble peu envisageable. L’Allemagne fait bloc infailliblement contre l’effacement de la dette et prône depuis 6 ans la rigueur budgétaire. D’ici les élections de 2017 en Allemagne, mais aussi en France, aucun bouleversement dans la tragédie grecque n’est à attendre.