L’Espagne, un système politique paralysé par des rivalités de partis

Mariano Rajoy, espagne

Le roi d’Espagne, Felipe VI, a appelé les responsables politiques à dialoguer et à trouver un consensus. L’objectif est de mettre fin à l’instabilité gouvernementale qui règne dans le pays, afin de débloquer l’actuelle impasse politique.

Mariano Rajoy, leader du Partido Popular a échoué à se faire investir par le Congrès des Députés lors du deuxième vote, puisque 170 députés ont voté pour et 180 contre. Rajoy, actuel premier ministre, a obtenu le soutien de 137 députés du PP, 32 du parti Ciudadanos (centre-droite), et un du parti régional de la Coalicion Canarias. Le restant de l’Assemblée a voté contre son investiture, dont les 85 députés du PSOE et les 71 de la coalition de gauche Unidos Podemos.

Le résultat n’était pas inattendu, il ne vient que confirmer l’incertitude politique que vit l’Espagne. Dans le cas où les partis n’arriveraient pas à s’entendre, le Congrès devrait être dissout avant le 31 octobre, afin que des nouvelles élections soient convoquées, probablement autour du 25 décembre.

De nouvelles élections à l’horizon…

Ce seraient ainsi les troisièmes élections législatives qui ont lieu en l’espace d’un an, après la première consultation du peuple espagnol le 20 décembre 2015, suivie par une deuxième le 26 juin de cette année. Lors des deux élections précédentes, les quatre grandes forces politiques en Espagne – PP, PSOE, Unidos Podemos et Ciudadanos – n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour permettre au pays de s’assurer un gouvernement politiquement stable.

Lors des dernières élections en juin, le parti de Rajoy a remporté 33% des voix, contre 22,7% obtenus par le PSOE, 21,1% par Unidos Podemos et 13% par Ciudadanos. L’absence de majorité claire à la sortie des urnes empêche la formation d’un gouvernement, et ne permet donc pas de mettre fin à une crise politique sans précédent en 40 ans de démocratie.

Mariano Rajoy espère compter sur le soutien des partisans du PP pour se porter à nouveau candidat à l’investiture, tout comme le dirigeant socialiste Pedro Sanchez. L’actuel locataire du palais de la Moncloa a plaidé auprès des députés socialistes pour qu’ils lui permettent de gouverner, mais sans succès.

« Si vous persistez dans votre politique du non, non, non et non, permettez au moins qu’en Espagne se forme un gouvernement  (…) Le groupe socialiste, auquel j’ai formellement demandé la collaboration, se refuse à permettre la constitution de l’unique gouvernement viable et il le fait sans offrir aucune autre alternative. Je suppose que c’est parce qu’il ne l’a pas, cette alternative, et il ne l’a pas parce qu’elle n’existe pas », a affirmé Rajoy, vendredi 2 septembre, lors de la séance du Congrès, aux députés socialistes.

Quel gouvernement pour l’Espagne ?

En effet, Rajoy, bien que soutenu par les libéraux de Ciudadanos, ne pourra former de gouvernement si les députés socialistes ne s’abstiennent pas. De plus, il a tenu à insister sur les effets néfastes de la paralysie politique pour le pays, affirmant que les répercussions dans l’économie finiraient par être payés pas les Espagnols. Le dirigeant socialiste, en réponse à ces propos, a souligné les nombreuses affaires de corruption qui fragilisent la crédibilité du PP aux yeux des Espagnols.

Pedro Sanchez tente à nouveau de se rapprocher des deux partis dits « du changement », Ciudadanos et Podemos, après son échec en début d’année, leur proposant une alliance capable de mener l’Espagne vers la majorité gouvernementale. « Si nous agissons tous, nous trouverons une solution et (…) le groupe parlementaire socialiste en fera partie », a répondu Pedro Sanchez à son homologue Mariano Rajoy.

La question aujourd’hui n’est plus simplement celle de remporter les élections. C’est un vrai combat politique qui déchire le pays, puisqu’aucune formation politique ne veut céder face à son adversaire. Les deux grands partis gagnent du terrain face à Podemos et Ciudadanos, qui ont connu un net recul constaté lors des élections de juin dernier. Tout ceci contribue à un retour au traditionalisme bipartitique espagnol, mais avant tout, il reste aujourd’hui impossible de déterminer quand prendra fin cette spirale infernale pour les citoyens espagnols.

 

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