Dimanche 4 décembre dernier, l’écologiste Alexander Van der Bellen a devancé de plus de six points son adversaire, le candidat du FPÖ, Norbert Hofer, au bout du « troisième tour » des élections présidentielles en Autriche.
Après sept mois de campagne acharnée, Alexander Van der Bellen remporte les élections présidentielles face au candidat de l’extrême-droite, Norbert Hofer. Un premier scrutin avait été organisé le 22 mai dernier, et les résultats avaient donné une victoire serrée à Van der Bellen. Il a été annulé par la Cour constitutionnelle, après que de nombreuses négligences ont été constatées au moment du dépouillement des votes par correspondance. Les Autrichiens ont donc de nouveau été appelés aux urnes et la campagne présidentielle s’est étendue de plusieurs mois. Van der Bellen et Hofer ont fait de ces élections un enjeu crucial pour l’avenir de l’Autriche.
Une victoire symbolique des pro-européens face à l’extrême droite
Trente minutes de dépouillement auront suffit cette fois pour donner la victoire à l’économiste de 72 ans. Dans la soirée de dimanche, il s’est montré satisfait des résultats et a tenu à montrer aux dirigeants européens et mondiaux que c’est possible de battre l’extrême-droite, après la victoire du Brexit au Royaume-Uni, l’élection de Donald Trump et un possible succès du Front National en France en 2017.
La victoire du candidat écologiste a été accueillie avec grand enthousiasme par les gouvernements européens, elle représente en effet un soulagement pour le projet européen. François Hollande a tenu lui-même à féliciter le choix autrichien de « l’Europe et de l’ouverture » dans un communiqué adressé au vainqueur le lendemain des élections.
Alexander Van der Bellen a défendu tout au long de sa campagne le rôle de l’Autriche au sein de l’Union européenne, et a insisté ces derniers mois sur le danger que représenterait pour l’Autriche et pour l’Europe l’élection de Norbert Hofer. Ce dernier ne prônait pas une sortie de l’UE mais a expliqué qu’il comptait convoquer un référendum sur l’appartenance à l’UE dans le cas d’un nouvel approfondissement de la construction européenne ou d’un élargissement à la Turquie.
Un soulagement de courte durée pour l’Europe
Même si l’extrême-droite autrichienne a échoué à élire un de ses représentants dimanche soir, elle se dit prête à miser sur les élections législatives pour accéder à la Chancellerie, et prendre ainsi de fait le pouvoir. Le nouveau président a promis de prendre en compte les inquiétudes des électeurs du FPÖ pour tenter de les résoudre, mais la situation semble bien plus complexe. L’Autriche demeure un des pays les plus riches de l’Union mais le taux de chômage est en hausse et la peur du déclassement se répand. Ceci se traduit dans les sondages par la prévision d’une possible arrivée en tête du FPÖ aux prochaines législatives.
Cette éventualité pourrait aboutir à un blocage institutionnel en Autriche en 2018. Van der Bellen a défendu pendant sa campagne qu’il refuserait de nommer un responsable du FPÖ à la tête de la chancellerie autrichienne, et ferait tout son possible pour que le gouvernement autrichien reste conscient de ses responsabilités envers l’Union européenne.
Le combat pro-européen contre l’extrême-droite n’est toutefois pas achevé. Les élections présidentielles françaises mettront à nouveau l’Europe à défi et donneront un nouvel élan à la tentative d’empêcher les partis d’extrême-droite d’accéder au pouvoir. Néanmoins, la présence des partis extrémistes est de plus en plus fulgurante au sein des échiquiers politiques nationaux. 2017 sera donc une année décisive pour la pérennité du projet européen.