L’ancien premier ministre, Boïko Borissov, a remporté les dernières élections législatives en Bulgarie, face à son adversaire pro-russe et tente désormais de trouver une coalition stable pour gouverner le pays pour la troisième fois.
Après avoir gouverné le pays par deux fois, le bulgare Boïko Borissov a réussi à convaincre à nouveau 33% des électeurs lors des dernières élections. Mais pour ce pro-européen et ancien premier ministre la tâche n’est pas simple. Ne disposant pas de majorité pour gouverner, il doit miser sur une coalition s’il souhaite redevenir premier-ministre. Les trois partis de l’opposition souhaitent tous accéder au pouvoir, mais les enjeux pour la Bulgarie sont cruciaux à l’heure du regain des tensions d’une Europe à plusieurs vitesses avec la Russie.
Premier-ministre pour la troisième fois en 8 ans
Boïko Borissov, chef de file du parti conservateur bulgare, le Gerb, est de nouveau appelé à former un gouvernement, après avoir remporté les élections législatives, qui se sont tenues le dimanche 26 mars dernier. Il les a remporté face aux socialistes du BSP, qui sont connus pour leurs liens avec Moscou.
Borissov a dirigé la Bulgarie entre 2009 et 2013, puis entre 2014 et 2016, et a démissionné à deux reprises, d’abord à la suite d’importantes manifestations dans les grandes villes du pays contre la pauvreté, puis après l’échec du candidat de son parti à l’élection présidentielle en novembre dernier.
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Des négociations tendues pour pouvoir gouverner
Le Gerb a réussi à obtenir 96 des 240 sièges au Parlement, ce qui l’empêche d’avoir une majorité claire pour gouverner. Il doit donc chercher à former une coalition et le plus probable est qu’il se tourne vers les Patriotes Unis, qui ont réussi à faire élire 27 députés, et s’affichent ouvertement hostiles aux migrants, musulmans, Roms et minorités sexuelles.
Un échec dans les négociations entre les deux partis forcerait Boïko Borissov à se tourner vers les socialistes, qui ont obtenu à leur tour 79 sièges. Or, au cours de la campagne, ils ont promis d’améliorer les relations entre la Bulgarie et la Russie, au grand dam de l’unité de l’Union européenne.
La troisième issue pour M. Borissov serait d’amener au pouvoir les populistes du parti Volya, qui ont fait élire 12 députés.
Tant les dirigeants de la Volya comme ceux des Patriotes voudront cette fois accéder au pouvoir, et n’hésiteront pas à faire du chantage avec Boïko Borissov. « Volya et les Patriotes essayeront de tordre le bras au Gerb et faire du chantage en menaçant de passer au BSP », dénonce le spécialiste de la politique bulgare, Dimitar Bechev, de l’université de Caroline du Nord dans un article intitulé « The status-quo wins in Bulgaria » pour le LSE’s European Institute.
Quel avenir politique pour le pays ?
Sans un accord concret entre les différents partis politiques de la droite et Boïko Borissov, les socialistes pourraient arriver au pouvoir. Les deux grands partis bulgares, le GERB et BSP continuent à dominer la scène politique de la Bulgarie, qui demeure le pays le plus pauvre de l’UE, avec un pouvoir d’achat en berne et le fantôme de la corruption qui persiste à hanter les Bulgares, empêchant toute mise en place de réformes, surtout en matière de justice et de santé. L’émigration économique des jeunes est quant à elle de plus en plus flagrante.
Malgré tout cela, les deux coalitions anti-corruption Oui, Bulgarie et Nouvelle république, soutenues essentiellement par les classes moyennes des villes, n’ont pas réussi à franchir la barre des 4% des votes comptabilisés.
L’incertitude politique actuelle plonge davantage la Bulgarie dans une situation complexe, alors que les Bulgares font déjà face à plusieurs défis qui conditionnent leur avenir. Il se sentent en effet impuissants en Europe et délaissés par un système corrompu, et sont aussi confrontés à une influence politique croissante de la Russie.