Ce dimanche 12 novembre, les citoyens slovènes étaient appelés à se rendre aux urnes pour le second tour de l’élection présidentielle, qui opposait le président sortant Borut Pahor (SD – centre gauche) et Marjan Sarec. Avec près de 53% des suffrages, Borut Pahor est sans surprise réélu à la tête du pays.
Lui qui avait créé la surprise lors des élections présidentielles de 2012, en confortant son avance sur son adversaire, Danilo Türk (indépendant), alors président sortant, avec plus de 67% des suffrages au second tour, a failli remporter les élections dès le premier tour. Il avait en effet obtenu 47% des suffrages, dimanche 22 octobre, contre 25% pour son rival, Marjan Sarec, ancien acteur et maire de la ville de Kamnik, sans appartenance politique. Borut Pahor a affirmé, peu après sa victoire, qu’il « interviendrait pour aider la classe politique à résoudre les problèmes, et non pas à créer de nouvelles divisions ».
Borut Pahor, surnommé le « Président Instagram » est un accro au réseau social. Fort de plus de 40 000 abonnés, dont il n’hésite pas à se vanter, il poste fréquemment des photos personnelles ou en plein exercice présidentiel. Pour expliquer cela, il a souligné qu’il voulait être au plus proche des jeunes, population souvent la moins investie en politique. Il souhaite avant tout être en contact direct avec les Slovènes. Cela ne plaît pas à tout le monde, puisque son prédécesseur Milan Kucan l’a accusé d’avoir « banalisé » la fonction présidentielle, fonction seulement protocolaire.
Des défis de taille
Le président aura de nombreux défis à relever. Le premier sera sans doute celui de convaincre les Slovènes de renouer avec le processus démocratique, puisque le taux de participation à cette élection a atteint 43% seulement au second tour. A ce sujet, il a déclaré qu’il « travaillerait d’arrache-pied pour rétablir la confiance du peuple en la démocratie et ses institutions, et particulièrement celle des personnes qui ne sont pas allées voter ».
L’effondrement du système de santé, le chômage des jeunes et la reprise économique seront également des difficultés auxquelles le président devra se confronter. Si les Slovènes ne s’attendent pas à ce que le président règle ces problèmes, ils espèrent qu’il poussera le gouvernement à adopter une conduite exemplaire, faisant écho à la loi de moralisation adoptée en France.
Il devra également composer avec une opposition forte, incarnée par le SDS (centre droit), dirigé par l’ancien premier ministre Janez Jansa, un parti nationaliste et populiste, qui détient 21 sièges sur 90 à l’Assemblée nationale, et 3 sur 8 au Parlement européen. Les prochaines élections législatives de 2018 vont donc opposer le SDS et le SD, qui a connu des élections européennes catastrophiques en 2014, puisqu’il a remporté un seul siège sur les 8 disponibles.
Quelle place en Europe ?
Entrée dans l’Union européenne en 2004, la Slovénie est le pays le plus riche et progressiste des nouveaux États qui ont émergé suite à la chute de la Yougoslavie. Cependant, comme la Pologne et la Hongrie, elle peine à trouver sa place dans une Union où les dirigeants hésitent à s’associer avec les pays d’Europe centrale, qui veulent aussi participer à la prise de décision.
Borut Pahor a cependant insisté sur le fait que la Slovénie faisait partie « du groupe des pays puissants et solides ». Il ne se cache pas de dire qu’il est « l’ami » de la chancelière allemande Angela Merkel et du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Il a notamment réagi à la situation catalane et a exprimé son soutien au peuple catalan, en comparant la Catalogne avec la Slovénie de 1991 et en rappelant qu’elle avait « acquis l’indépendance par l’autodétermination ». Il n’est pas donc pas surprenant que les dirigeants catalans évoquent de bon cœur le modèle slovène.