Le Royaume-Uni contraint de multiplier les concessions, un référendum serré aux Pays-Bas, le rachat bien parti de Monsanto par Bayer, une guerre commerciale en suspens entre l’Union européenne et les États-Unis et un premier accord post-législatives en Italie : le résumé de l’actualité européenne de la semaine en cinq actus.
BREXIT – Le Royaume-Uni multiplie les concessions
Lundi, Michel Barnier, le négociateur en chef de l’Union européenne, et David Davis, secrétaire d’État britannique chargé du Brexit, dévoilait lors d’une conférence de presse l’état d’avancée des négociations sur l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le document présenté comportait trois couleurs dont majoritairement du vert, signe d’un accord déjà conclu, mais aussi du jaune, lorsque changements et clarifications sont encore requis, et du blanc, en cas de désaccords persistants. Ces derniers concernent tout particulièrement la question nord-irlandaise et les données personnelles. L’UE et le Royaume-Uni se sont en tous cas accordés sur le maintien des droits des citoyens européens résidant outre-Manche pendant une période de transition (jusqu’au 31 décembre 2020) durant laquelle les Britanniques auront accès au marché unique mais devront appliquer l’ensemble du droit européen, sans conserver la qualité d’État membre, deux concessions majeures finalement acceptées par Londres.
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PAYS-BAS – Résultat très serré sur la surveillance de masse
Mercredi – jour électoral habituel aux Pays-Bas – les électeurs néerlandais étaient doublement appelés aux urnes. Outre des municipales marquées notamment par de bons résultats pour le parti écologiste GroenLinks à Amsterdam et Utrecht, un référendum était également organisé dans l’ensemble du pays. Objet de cette consultation non-contraignante, mais que le Premier ministre libéral Mark Rutte s’est engagé à prendre en compte : une loi polémique ouvrant la voie à une plus large surveillance des individus, notamment sur internet, afin de lutter contre le terrorisme. Ce vote, initié par un groupe d’étudiants d’Amsterdam et rendu possible après la collecte de 300 000 signatures en six semaines, a accouché d’un résultat serré. Le “non” a récolté près de 49,5%, le “oui” 46,5%, avec près de 4% de bulletins blancs et nuls. Si l’incertitude demeure sur le devenir de cette loi, ce référendum d’initiative populaire sera en tous cas le dernier, la coalition de centre-droit au pouvoir ayant abrogé fin février cette possibilité.
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BAYER-MONSANTO – La Commission européenne dit “oui, mais…”
Mercredi, la Commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager a donné son feu vert, sous plusieurs conditions, au projet de rachat de Monsanto, le géant américain des semences agricoles et des biotechnologies, par Bayer, poids lourd allemand spécialisé dans les activités chimiques et pharmaceutiques. Aux manettes sur cette question (la concurrence est une compétence exclusive de l’UE), la Commission ouvre ainsi la voie à l’émergence d’un mastodonte mondial, sous le feu des critiques de nombreuses associations et élus écologistes. L’exécutif européen émet cependant un certain nombre de conditions visant à garantir concurrence et innovation sur les marchés concernés. Bayer devra notamment céder à d’autres acteurs l’ensemble de ses activités se chevauchant avec celles de Monsanto. Ce n’est qu’à l’issue d’une enquête finale sur les entreprises qui récupéreront ces parts que la Commission autorisera définitivement – ou non – ce rachat.
UNION EUROPÉENNE/ÉTATS-UNIS – La guerre commerciale n’aura pas lieu (tout de suite)
Jeudi soir, les 28 chefs d’État et de gouvernement – réunis pour la première journée d’un nouveau Conseil européen – étaient suspendus à une allocution que devait prononcer Donald Trump et Robert Lighthizer, le représentant au commerce. Alors que le Président américain avait annoncé une potentiel taxe sur l’acier et l’aluminium européen, l’Union – tout comme d’autres pays, (Canada, Mexique, etc) – est pour l’instant exemptée de toutes augmentations tarifaires, ce qui n’est pas le cas de la Chine. Tandis que la Commission européenne avait ouvert la voie à une ferme réponse européenne ciblée sur certains produits américains, cette annonce a convaincu les 28 de reporter leurs décisions. Car il s’agit bien d’une menace différée, Washington suspend seulement ces menaces jusqu’au 1er mai pour négocier avec l’Union européenne, ce que plusieurs dirigeants européens ont immédiatement dénoncé comme “un révolver sur la tempe”.
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ITALIE – Un premier accord droites-M5S au Parlement
Samedi, les deux chambres du Parlement italien – renouvelées le 4 mars dernier – ont élu leur président respectif. Alors que depuis les élections, le pays vit dans l’incertitude quant à son futur gouvernement, cette double désignation donne peut-être quelques indices sur sa composition. En effet, l’inclassable Mouvement Cinq Étoiles (M5S) et la coalition “de centre-droit” se sont entendus pour se partager la tête des deux assemblées. Roberto Fico (M5S), un très-proche de Beppe Grillo – le fondateur historique du mouvement – a été désigné Président de la Chambre des députés tandis qu’Elisabetta Alberti Casellati, membre du parti Forza Italia de Silvio Berlusconi, devient la première femme à la tête du Sénat. Il revient désormais au Président de la République Sergio Mattarella de désigner celui qui lui apparaît le mieux placé pour rassembler une majorité dans ces deux chambres. Il ouvrira officiellement les consultations le 3 avril.