Ancienne Présidente du Parlement européen et ancienne ministre, Nicole Fontaine est morte jeudi 18 mai à l’âge de 76 ans. Elle fut une avocate passionnée de l’Union européenne qu’elle défendit toute sa vie.
Toute la famille centriste et pro-européenne a rendu hommage d’une seule voix jeudi soir à Nicole Fontaine, ancienne Présidente du Parlement européen et ancienne ministre de Jacques Chirac. Tandis qu’Emmanuel Macron saluait dans un communiqué « une engagée qui pendant trente-cinq ans de sa vie aura mené le combat de la construction européenne », l’actuel Président du Parlement européen, Antonio Tajani, affirmait que « son engagement pour l’Europe et ses valeurs continueront à nous guider durablement ».
L’école privée, sa première bataille
Figure de la démocratie chrétienne, Nicole Fontaine commença sa carrière d’avocate en tant que responsable nationale des relations entre l’Etat et l’enseignement privé au Secrétariat général de l’Enseignement catholique. Elle batailla notamment contre le projet de loi Savary qui prévoyait la titularisation de maîtres du privé dans la fonction publique, avant d’être retiré par François Mitterrand suite aux grandes manifestations pour l’enseignement libre de 1984.
Une carrière politique sous le signe de l’Europe
Forte de ce succès, elle fut élue députée au Parlement européen la même année sur la liste de Simone Veil, l’une de ses grandes inspirations en politique. Elle marcha à nouveau dans ses pas en devenant la 24ème Présidente du Parlement européen en 1999 et la 2ème femme à occuper ce siège après Simone Veil.
A ce poste, elle participa à la construction du programme d’échanges universitaires Erasmus et contribua à renforcer le couple franco-allemand. Elle faisait aussi partie de la direction du mouvement fédéraliste « La Fédération » dans les années 90.
Il lui fut reproché par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, d’avoir embauché sa fille comme assistante parlementaire pour six mois au début de l’année 1999 durant son mandat de vice-présidente du Parlement, à une époque où les députés européens en avaient toujours le droit.
Nommée Ministre déléguée à l’Industrie en 2002 par Jean-Pierre Raffarin, Nicole Fontaine avait défendu la loi pour la confiance dans l’économie numérique, qui régulait un e-commerce alors en plein essor. Après avoir retrouvé son siège de députée européenne de 2004 à 2009, elle s’investit au sein du centre de recherches universitaires Jean Monnet, spécialisé sur l’Union européenne, où elle obtint une chaire de 2010 à 2015.
Un engagement européen resté intact
Nicole Fontaine continua de participer régulièrement au débat européen par ses publications, conférences et interventions. Elle manifesta notamment son soutien au Brexit en 2016, avant même le référendum : « Je le dis naturellement, sans hostilité à l’égard des Britanniques, mais je pense que ce serait un choc salutaire, la chance d’une clarification, la chance d’avancer dans des domaines où les sociétés attendaient l’Europe ».
Même après la fin de sa carrière politique, Nicole Fontaine poursuivit son engagement européen en ouvrant un cabinet d’avocats spécialisé en droit de l’Union européenne pour les entreprises françaises. « Qu’on l’aime ou pas, le droit de l’Union européenne prévaut sur les législations nationales. Cette réalité, il vaut mieux la prendre comme une opportunité » expliquait-elle. Déjà en 1998, son livre de vulgarisation du traité d’Amsterdam s’intitulait : Le traité d’Amsterdam, à l’intention de ceux qui aimeraient s’intéresser à l’Europe si elle était moins obscure.
Crédits photos : Parlement européen