Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (25.02 – 03.03)

Une “nouvelle ère de coopération” entre l’Union européenne et la Ligue des États Arabes, une première considération par le parti populaire européen (PPE) de l’exclusion de Viktor Orban, conflits au sein du groupe Air France – KLM, le retrait de la participation à l’Eurovision par l’Ukraine et un conflit autour du parrainage de la présidence roumaine du Conseil de l’Union européenne par Coca-Cola : les actualités européennes de la semaine.

Premier sommet Union européenne – Ligue des États Arabes (LEA)

Dimanche 24 février, les dirigeants de l’Union européenne et de la Ligue des États arabes se sont réunis pour la première fois à Charm el-Cheikh (Egypte) dans le but de convenir de stratégies protégeant leurs intérêts diplomatiques, économiques et de sécurité. Le sommet de deux jours – qui s’est déroulé en présence de dirigeants de près de quarante pays – semblait nécessaire de par les nombreux problèmes de divisions internes et régionaux parmi lesquels le meurtre récent du journaliste Jamal Khashoggi, la crise du Golfe, le Brexit et les guerres régionales. Donald Tusk, président du Conseil, a appelé à une collaboration étroite sur le sujet des migrations, actuellement au cœur des relations entre les deux blocs. L’accent a également été mis – lors du deuxième jour – sur les dossiers régionaux du Yémen, de la Libye, la Syrie et le processus de paix israélo-palestinien. A l’issue de ce sommet, les États membres de l’UE et les États de la Ligue arabe ont annoncé une “nouvelle ère de coopération”.

La droite européenne envisage pour la première fois l’exclusion du premier ministre hongrois Viktor Orban

Le premier ministre hongrois Viktor Orban amplifie les attaques contre Bruxelles sur le thème de l’immigration. Ce mardi 26 février, les dirigeants du parti populaire européen (PPE) – la droite européenne – ont reçu un courriel officiel du gouvernement hongrois, accompagné d’un argumentaire intitulé “Vous avez le droit de savoir ce que prépare Bruxelles”. Ces derniers dénoncent un encouragement de la migration mis en place par “Bruxelles”, par le biais de “visas migratoires”, “programmes de migration expérimentaux” et la mise en œuvre de “quotas de relocalisation obligatoires”. Il s’agit d’une nouvelle campagne anti-Bruxelles, anti-Juncker et anti-George Soros. Par ailleurs, cette campagne contre l’Europe s’adresse en premier lieu à l’électorat hongrois et non aux dirigeants du PPE.

La demande de l’exclusion de Fidesz, le parti de Viktor Orban, par des partis démocrates chrétiens belges et luxembourgeois a amené le premier ministre a les qualifier “d’idiots utiles”, dans une interview accordée au journal allemand Welt am Sonntag, paru ce dimanche.

Passe d’armes entre la France et les Pays-Bas au sujet d’Air France – KLM

L’annonce ce mardi du gouvernement néerlandais de l’achat sur le marche de quasiment 13 % du capital d’Air France – KLM, avec la volonté de porter cette participation au niveau de celle de la France (14,3 %) pour peser davantage sur les décisions du groupe, a porté un coup aux relations entre la France et les Pays-Bas et plongé le groupe dans le désordre. L’entrée des Pays-Bas au capital d’Air France – KLM va rendre la situation ingouvernable : l’entrée en catamini au sein du groupe privé français constitue un acte agressif selon Paris, et les expériences précédentes de compagnies cogérées par des états comme la SAS (Suède et Danemark) ou encore Air Afrique témoignent des difficultés de gérance d’une société par deux États.

La France soutient la vision du directeur général canadien d’Air France – KLM, Ben Smith, d’un plus grande coopération entre compagnies, tandis que les Pays-Bas soutiennent la position défendue jusqu’à la semaine dernière par Pieter Elbers, président du directoire de KLM : celle d’un statu quo visant le maintien de l’autonomie de KLM.

Ce mercredi 27 février, à 9h25, le cours de Bourse d’Air France-KLM chutait de plus de 12%.

L’Ukraine renonce à sa participation à l’Eurovision, sur fond de tensions avec Moscou

En espace de trois jours cette semaine, les quatre finalistes ukrainiens, pour le concours de l’Eurovision se tenant cette année à Tel Aviv, ont fait part de leur refus de représenter l’Ukraine. Le cas le plus marquant a été celui, lundi, de la chanteuse Maruv. Cette dernière avait remporté le vote du public mais a dénoncé par la suite une instrumentalisation politique de la part des autorités. Le contrat stipulait en effet une interdiction de faire des concerts en Russie et la chanteuse a refusé d’adopter cette attitude propagandiste pour le gouvernement ukrainien. Les tensions politiques russo-ukrainiennes sur ces cinq années passées autour de l’annexion de la Crimée ont provoqué un problème systématique dans l’industrie musicale ukrainienne, tout lien avec la Russie pouvant provoquer intolérance et indignation.

Lors de la 62e édition du concours en 2017 à Kiev, la candidate russe s’était vu refuser l’autorisation de pénétrer en Ukraine, empêchant par conséquent toute participation de la Russie au concours de l’Eurovision.

L’ONG foodwatch s’insurge du parrainage de la présidence roumaine de l’UE par Coca-Cola

A quelques mois d’une révision de la législation alimentaire au sein de l’Union européenne, qui se penchera notamment sur l’idée de taxes sur le sucre et l’étiquetage nutritionnel sur les emballages des denrées alimentaires, la parrainage de la présidence roumaine du Conseil de l’Union européenne par la multinationale Coca-Cola est largement contesté. L’ONG foodwatch a publié une lettre ouverte, accompagnée par le lancement d’une pétition en Allemagne, en France et aux Pays-Bas, pour réclamer la mise en place de règles empêchant tout possible conflit d’intérêt à l’avenir au président du Conseil, Donald Tusk, ce dernier n’a pas souhaité réagir. La première ministre roumaine Viorica Dancila – sollicité également par l’ONG – qualifie de son côté la réaction d”’excessive”, explicitant par ailleurs que la démarche de parrainage par Coca-Cola ne constitue en rien un fait illégal.

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