Pour cette nouvelle revue de presse, nous partons en Espagne où un gouvernement de coalition inédit a été formé, avant de nous intéresser à la décision controversée de la Cour européenne concernant les produits issus des colonies israéliennes. Nous terminons cette semaine avec la nomination du prochain commissaire européen, Thierry Breton.
Elections législatives en Espagne : vers un gouvernement de coalition
Les élections législatives espagnoles du 10 novembre dernier n’ont pas permis de sortir de l’impasse politique. Le chef du gouvernement socialiste, Pedro Sanchez (PSOE), essuie un revers électoral en remportant seulement 120 sièges sur 350. Contraint de former une coalition, un accord de principe inédit a été trouvé entre le chef de file de la gauche radicale, Podemos et Pedro Sanchez. Une coalition qui ne permet pourtant pas de dégager une majorité au Parlement.
Vox, la troisième force politique
Ces élections législatives sont un nouvel échec et augurent la poursuite de l’instabilité politique. Pour la quatrième fois depuis 2015, aucune majorité ne se dégage à la Chambre des députés. Pourtant, le grand vainqueur de cette élection est le parti d’extrême droite, Vox. Il réussit à doubler son nombre de députés (24 à 52) et s’impose comme la troisième force politique du pays, du jamais vu depuis la mort de Franco en 1975. La poussée électorale de ce parti ultranationaliste et anti-migration reflète la crise identitaire et économique que connait le pays depuis quelques années.
PSOE et Podemos : un gouvernement de coalition inédit
Face à la montée de l’extreme droite, les deux chefs des partis de gauche, Pedro Sanchez et Pablo Iglesias, décident d’unir leur force. Au surlendemain des élections législatives, les deux chefs de file se mettent d’accord sur les modalités d’un gouvernement de coalition. Une décision qui étonne, en effet six mois plus tôt les deux leaders avaient échoué à s’entendre sur un gouvernement commun. Le contexte politique a évolué et Pablo Iglesias considère que cette coalition sera “le meilleur vaccin contre l’extrême droite“ de Vox. Pourtant, à eux deux ils n’obtiennent que 155 sièges. Le PSOE et Podemos devront s’appuyer sur d’autres forces politiques pour espérer être prochainement investis par le Parlement.
UE-Israel : la décision controversée de la Cour de justice européenne
Depuis mardi 12 novembre, les produits en provenance des territoires occupés par Israel devront désormais en porter la mention. Cette décision rendue par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) fait suite à un règlement de 2011 qui oblige l’indication du territoire de provenance. Un jugement controversé rendu au nom de l’information des consommateurs.
Une décision française à l’origine
En application du règlement de 2011, le Ministère de l’économie français demande, en 2016, aux distributeurs d’indiquer « colonies israéliennes » lorsqu’un produit provient du Golan ou de la Cisjordanie. Cet étiquetage différencié engendre la colère d’Israel qui crie au boycott de ses produits. Pourtant, au regard du droit international, les terres prises par Israel en juin 1967 ne font pas partie de l’Etat hébreu et sont ainsi considérées comme des « colonies ». Une décision française qui a été vivement critiquée, notamment par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) qui juge cet étiquetage discriminatoire.
L’étiquetage approuvé par la Cour
Pourtant, la Cour a donné raison à la France en validant l’étiquetage différencié ce mardi 12 novembre. Le critère « éthique » a été avancé comme un argument susceptible d’ « influencer le choix des consommateurs ». Selon la CJUE, les informations fournies par les distributeurs doivent permettre aux consommateurs de « se décider en toute connaissance de cause et dans le respect non seulement de considérations sanitaires, économiques, écologiques ou sociales mais également d’ordre éthique ou ayant trait au respect du droit international ». Un étiquetage qui est désormais obligatoire pour les cosmétiques, les produits biologiques, le vin, le miel, les fruits et légumes, l’huile d’olive, les oeufs et la volaille.
Un jugement controversé
Les réactions à cette décision ont été vives. Le ministre des Affaires étrangères israélien a fermement condamné le jugement rendu en déclarant dans un communiqué que « le seul but de la décision est de cibler Israël et d’appliquer deux poids deux mesures contre lui ». Il estime également que cette décision est « discriminatoire et politique ». Une critique partagée par le Crif. Par ailleurs, l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) a félicité cette décision européenne et encourage les États membres à l’appliquer rapidement.
Thierry Breton confirmé à la Commission européenne
Après le rejet de la candidature de Sylvie Goulard, les eurodéputés ont enfin adoubé le prochain commissaire européen français, Thierry Breton. Il a été désigné pour gérer un large portefeuille, celui du Marché intérieur et de l’Industrie. La candidature de cet ex Ministre et PDG, proposé en plan B par le Président Macron, a été soutenue par la droite (PPE), le groupe centriste ReNew, les souverainistes de l’ECR et les socialistes. Une nouvelle qui soulage l’Élysée !
Un patron du CAC 40 à la Commission
Thierry Breton est le premier grand patron a intégré la Commission européenne. Actuel PDG du groupe Atos et ancien redresseur d’entreprises, il a fait ses armes dans les plus grandes sociétés (Bull, Thomson, France Télécom,) avant d’être nommé Ministre à Bercy sous la présidence Chirac. Un CV qui a de quoi impressionné !
Le risque du conflit d’intérêt soulevé
Mais cette proximité avec le monde de l’entreprise gêne. Lors de l’audition du jeudi 14 novembre, le groupe écologiste, la gauche radicale et l’extreme droite ont épinglé Thierry Breton sur le risque de conflit d’intérêt.
Effectivement, son ancien poste de PDG chez Atos, un groupe français spécialisé dans le numérique, pose problème. En 2018, le groupe a reçu 16 millions d’euros de subventions européennes et a remporté plusieurs appels d’offre. Afin de lever tout soupçon, Thierry Breton a quitté Atos et a revendu ses parts, il déclare aux eurodéputés qu’ « il n’y a qu’une seule solution, être radical. Je dis bien radical ». Il a également affirmé qu’il récuserait tout sujet concernant directement Atos. Soutenu par les libéraux, il a ainsi bénéficié des deux tiers de voix requises afin d’être investi Commissaire.
Le feu vert donné par les eurodéputés permet d’envisager l’entrée en fonction de la Présidente von der Leyen au 1er décembre.